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Quand je contemple les étoiles,
Au loin, au profond, dans l'ailleurs,
Il me semble parfois
Qu'un très vieux vent
Ancestral et lent
Verse et répand le sable d'un désert,
Un nuage sur la campagne et sur les villes.
Pistes, chemins vivants et joyeux - enterrés,
Et les esprits clairs - refermés.
Pères âgés, maintenant apaisés,
Que leurs enfants n'écoutent plus.
Vieilles mères désaccordées
Papotant avec elles-mêmes.
Les malheurs deviennent néant comme les mouches,
Les bonheurs aussi agaçants que des moustiques.
De vertes tiges poussent
On les dirait élevées par des mains,
Les vallées soulevées à l'égal des montagnes,
Et la terre carrée, la brume rouge du désert.
Dans la brume rouge se traînent
De longues chiennes grises,
Etonnamment longues et grises,
Escortées d'une puanteur,
Poursuivies par des chiots,
Une horde blanche et hirsute,
Chiots plus nombreux que les pis de leurs mères,
Dépourvus d'yeux,
Petits naseau noirs et muets,
Haletants et voraces.
Et dans la brume rouge du désert,
Une petite troupe épouvantée
Avec ses tentes lacérées,
Une angoisse, une peur brutale
Qui peut tomber du ciel,
De chaque tout et détour de ce monde
Sur nous.
Pourtant, nous tous, possesseurs de divinités,
Nous les avons, pris de panique, ensevelies,
Cachées dans des pots,
Nous avons honte,
Nous avons peur de les prier, de les servir,
Nul d'entre nous ne pourrait dire clairement
Si nous sommes issus, si nous sommes issus vraiment,
D'une ancienne et fière légende,
Nous comprenons seulement avec crainte
Que Moïse est mort,
Qu'Aaron est mort,
Et que c'est pourquoi il est si dur
Si dur et périlleux de faire un pas.
Leib KVITKO - Quand je contemple les étoiles
J'ai traversé jadis sur un cheval de bois
Un pays sans frontières,
Plus froid qu'un cimetière,
Plus vide qu'un désert avec partout des croix,
Des croix sans fleur sans nom qui ne tendaient les bras
Des croix comme à la guerre
Quand la chair est poussière
Et l'âme un bruit sans voix que le Ciel n'entend pas !
Paysage lunaire aux fossiles humains
Lorsque le temps n'était qu'un jour sans lendemain
Et les cieux un glacier bien plus froid que banquise !
Ô ce pays d'ailleurs qui hante mon regard
Comme un vieux cauchemar que fouette le blizzard,
L'Apocalypse au seuil de la Terre Promise !
Barde Taldirig Emmanuel Le Peillet - La Vision
(Extrait de L'Aube crépusculaire)
la poésie de la parenthèse, des guillemets, et de la ponctuation en général.
C'est un sujet d'examen.
je vous laisse apprécier:
http://www.bbc.co.uk/news/blogs-magazine-monitor-27680904
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l’on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l’âme, enfin, toute la chair.
Sauvage horreur de soi si mornement sentie !
Quand notre corps nous boude et que nos nerfs, la nuit,
Jettent sur nos vouloirs leur cagoule d’ennui,
Ou brusquement nous arrachent à l’inertie.
Dites, ces pleurs, ces cris et cette peur du soir !
Dites, ces plombs de maladie en tous les membres,
Et la lourde torpeur des morbides novembres,
Et le dégoût de se toucher et de se voir ?
Dites, ces mains qui regrettent l’ancien vice
Et qui cherchent encor aux rondeurs des coussins
Et des toisons de ventre et des grappes de seins
Et de moites chaleurs pour le songe complice ?
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l’on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l’âme, enfin, toute la chair.
Et s’imposer le gel des sens quand le corps brûle ;
Et se tyranniser et se tordre le coeur,
- Hélas ! ce qui en reste - et tordre, avec rancoeur,
Jusqu’au regret d’un autrefois doux et crédule.
Se cravacher dans sa pensée et dans son sang,
Dans son effort, dans son espoir, dans son blasphème ;
Et s’exalter de ce mépris, pauvre lui-même,
Mais qui rachète un peu l’orgueil d’où l’on descend.
Et se mesquiniser en pratiques futiles
Et se faire petit et n’avoir qu’âpreté
Pour tout ce qui n’est point d’une âcre nullité
Dans le jardin fané des floraisons hostiles.
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l’on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l’âme, enfin, toute la chair.
Oh ! la constante rage à s’écraser, la hargne
A se tant torturer, à se tant amoindrir,
Que tout l’être n’est plus vivant que pour souffrir
Et se fait de son mal sa joie et son épargne.
N’entendre plus ses cris, ne sentir plus ses pleurs,
Mater son instinct noir, tuer sa raison traître,
Oh ! le pouvoir et le savoir ! Etre son maître !
Et les casser enfin, les crocs de ses douleurs !
Et peut-être qu’alors, par un soir salutaire,
Une paix de néant s’installerait en moi,
Et que sans m’émouvoir j’écouterais l’aboi,
L’aboi tumultueux de la mort volontaire.
Je rêve une existence en un cloître de fer.
Emile VERHAEREN - Vers le cloître
If Michael, leader of God's host
When Heaven and Hell are met,
Looked down on you from Heaven's door-post
He would his deeds forget.
Brooding no more upon God's wars
In his Divine homestead,
He would go weave out of the stars
A chaplet for your head.
And all folk seeing him bow down,
And white stars tell your praise,
Would come at last to God's great town,
Led on by gentle ways;
And God would bid His warfare cease.
Saying all things were well;
And softly make a rosy peace,
A peace of Heaven with Hell.
W.B YEATS - The Rose of Peace
Je n'ai pas trouvé la version traduite par Léopold Sédar SENGHOR, si quelqu'un tombe dessus ça peut être intéressant.
J'ai enfin trouvé la version de SENGHOR. Je vous la mets, même si je suis très déçue de sa traduction, et que je trouve malhonnête d'avoir publié les traductions sous son nom sans mentionner les poètes originaux à part en table des matières...
Si Michel, chef des phalanges de DIeu,
Quand ciel et Enfer sont confrontés,
Jetait sur vous un regard de la porte céleste
Il oubliait ses exploits.
Ne remâchant plus les batailles de Dieu
Dans son foyer divin,
Il tisserait avec les étoiles
Une couronne pour votre tête ;
Et tous les gens le voyant se courber,
Et les blanches étoiles dire vos louanges,
Viendraient enfin à la grande cité de Dieu,
Encouragés par les gentillesses ;
Et Dieu ordonnerait que se guerre cessât,
Disant que toutes choses étaient bien ;
Et doucement ferait une paix de rose,
Une paix du Ciel avec l'Enfer.
La Rose de la Paix
Mon rêve familier - Verlaine
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Suis pas fan du tout de monsieur Verlaine moi
Sinon ça fait quinze ans que je veux poster un poème qui plaira (je pense) à certains d'entre vous mais il est introuvable sur le net et comme il est long j'ai la flemme de le dactylographier. Je le prendrai en photo (dans la journée si j'en trouve la motivation)
celui lá il est pas mal quand même
et c'est surtout une piste pour comprendre mon trollage ailleurs ;)
Moi j'ai jamais accroché à Verlaine
Je trouve que ça manque de "transcendance"
Et j'ai trouvé le poème dont je parlais en fait
Bonne lecture (si certains arrivent jusqu'au bout...)
Sorti de l'empyrée des océans supérieurs
Sorti du zénith des cieux souterrains
Le petit bout d'os
Le fils de l'os mon beau poisson
Miroir transfigurant os à jus
Face pâle incendie des miroirs colorés déteints mais déformants
Pleure ricane
Car le jour qui se lève est le jour de l'affront
Du blanc
Le grand jour blanc qui passe à travers les murailles
De boue
Mais parle au moins dis quelque chose
Et surtout tais-toi ne fais pas peur
Dis quand même que
Ce jour ne passera pas sans poches
À explosions inimaginables
Et qu'il pleuvra
Du beurre et du sang agglutinés
Alors le fils de l'os s'endort en s'éveillant et dit
Renoncule somnambule
Que le chapeau haut de forme qui recouvre les maisons ne doit pas décevoir
Je souffre
Et j'aime
Un œuf de pou particulier et ta sœur
C'est pourquoi j'imagine un immense délire
Où se noie l'ivre-mort qui croit apercevoir
L'aurore horrifiée dont on ne peut que dire
Qu'elle porte en son sein l'immense amour du noir
Que les hommes explosion à faces d'étincelles
On n'en fait plus
Ou si peu
Que les queues
Des serpents à sonnettes et des dieux
Sonnent amphigouriques à mort
La mort en dentelles des morts
Miroir en plâtre
En dansant avec des danseuses si belles
Qu'elles échauffent
Des danseuses si belles
Que leur beauté fait penser à l'œuf
À la houle à la mort
Le fils de l'os s'éveille en s'endormant et dit
Bonjour
Vous ne pouvez y croire mais cela arrive
Pourtant
Il fait bleu il fait soif il fait boire
Il fait feu il fait noir il faut boire
Et manger
L'hostie le beefsteack le sandwich le calice
La Palisse et ta sœur
Si belle
Qu'elle en crie
Comme aux jours trépassés où sa beauté naquit
Parmi les pleurs les schistes les glaives et les rois
Qui ne pouvaient survivre à leurs désastres rocailleux
Et moins encore à eux
Le fils de l'os tout écailleux s'endort en s'endormant et
bien éveillé dit
Bonsoir
Et ajoute poire sans savoir pourquoi
C'en est trop
On l'agrippe par chèvre-feuille qui chèvre-pied
Mais juste
À ce moment béni des oiseaux de leurs plumes
Le fils de l'os marche sur la tête
De ses pieds
C'en est trop l'entrepôt est bondé
Jusqu'à la garde
Barrière républicaine et myope
Alors le fils de l'os s'endort en s'éveillant
Et crie
À cause de la journée de huit heures
On ferme
Aussitôt les fermes répondent à son appel
Bondissent en mugissant de toutes leurs vaches à cornes
Alors le fils de l'os disparaît en disant
Adieu
Dieu paraît c'est la fin de tout donc il faut rire
Mais le fils de l'os pleure
Et son délire empire
Nul ne sait calmer
Sa colère collant l'air où nul ne sait aimer
Sa sœur
Qui devient tricolore et sournoise
Et pleure
Sa sœur laitière où
Dieu par les cornes veut boire
Sans soif
Alors le fils de l'os se corne en mugissant les vaches
Le chapeau des maisons devient mansuétude
Pour faire rire tout le monde et les dieux
Qui pleurent leurs cornes
Dévorées à jamais par le fils de l'os qui crie c'est
Assez
Les cétacés arrivent c'est une baleine
De corset
Qui crie à boire le jus
Du fils de l'os de dieu de la vache
Dont les cornes empestent
Ma joie délirante
Malheureusement se suicide
Par mégarde républicaine et vache
Dont les cornes et les dieux
Ont soif également
Et chapeau haut de forme
Qui pleure
Sur le fils de l'os de dieu dont les cornes sont vaches
Pour le toréador plein de mansuétude
Qui pleure
Sur le sort de la vache qui chante
Chante chante chante
Sans savoir au juste pourquoi
Roger Gilbert-Lecomte - Le fils de l'os
Merci spleen; partage genial.
Je peux comprendre que verlaine paraisse fade à côté.. Je tâcherai de le défendre à l'occasion. Il n'a jamais pu arriver au soleil, ou il avait rendez vous. Pauvre verlaine.
Bonne nuit!
Son recueil de poèmes est plein de merveilles :)
J'attends le plaidoyer sur Verlaine
Bonne nuit à toi ;)
Je ne te copie pas la chanson d'automne, qui est connue et réussie.
Clair de lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
Celui là je l'aime.
Je chercherai ses frères plus tard. Bonne journée :)
Le dormeur du Val - Rimbaud ( scène reprise dans un monde parfait avec Costner )
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, lèvre bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
le dernier m'avait vachement ému quand je l'avais découvert en cours.
ainsi qu'un autre que vous connaissez certainement dont la particularité est qu'il n'a aucune ponctuation. C'est un prisonnier qui s'évade dans mon souvenir...
Si quelqu'un le connaît et peut le poster ici ce serait sympa.
@musashi bon choix en effet.
J'avais étudié son recueil en cours de français en première. Il y avait quand même quelques poèmes qui m'ont plu, celui-là en faisait partie !
Dormeur du Val c'est du classique mais il est bien :)
Sinon autre poème qui m'a marquée dans ma jeunesse d'antan (bon quand j'avais 15-16 ans donc y a pas longtemps quoi) Avec du recul ce n'est certainement pas le poème le plus abouti poétiquement / stylistiquement mais il est assez parlant je trouve
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurais l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algue
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journées de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
Boris Vian.
merci @Spleen je connaissais pas :)
L’auteur qui s’aime se dédie ces vers – Vladimir Maiakovski
Quatre mots
Lourds comme des coups
« A César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu »
Mais un
comme moi,
où peut-il se fourrer ?
Quelle tanière m’est préparée ?
Si j’étais
petit
comme le Grand Océan,
je monterais sur la pointe des vagues
pour caresser la lune de mon flux.
Où trouverais-je une aimée
qui soit comme moi ?
Elle ne tiendrait pas dans ce ciel minuscule !
Si j’étais pauvre
comme un milliardaire !
Qu’est l’argent pour l’âme ?
Un voleur insatiable y habite.
A la horde déchainée de mes désirs
l’or de toutes les Californies ne suffirait pas.
Si ma langue était aussi malhabile
que celle de Dante
ou de Pétrarque !
N’allumer son âme que pour une seule !
Que les vers ne fassent qu’elle seule se pâmer !
Mes mots
et mon amour
sont un arc de triomphe
sous lui, en grande pompe
et sans fin défilent
les amoureuses de tous les siècles.
Si j’étais silencieux
comme le tonnerre,
mon gémissement
ferait frissonner le moutier branlant de la terre
Moi
si je hurlais de toute la puissance
de ma voix énorme,
les comètes tordraient leurs bras brûlants
et se jetteraient en bas de désespoir.
Les rayons de mes yeux rongeraient les nuits –
Ô si j’étais
terne
comme le soleil !
C’est bien mon affaire
d’abreuver de ma lueur
le sein maigrelet de la terre !
Je passerai,
traînant mon amour énorme.
Par quelle nuit
délirante,
fébrile,
quels Goliaths m’ont concu –
si grand
et tellement inutile ?
Spéciale dédicace pour @Alizée
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J’aime celui qui m'aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n’est pas le même
Que j’aime chaque fois
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi
Je suis faite pour plaire
Et n’y puis rien changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu’est-ce que ça peut vous faire
Je suis comme je suis
Je plais à qui je plais
Qu’est-ce que ça peut vous faire
Ce qui m’est arrivé
Oui j’ai aimé quelqu’un
Oui quelqu’un m’a aimé
Comme les enfants qui s’aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer...
Pourquoi me questionner
Je suis là pour vous plaire
Et n’y puis rien changer.
Jacques Prévert
Merci @Eléa :)
https://www.youtube.com/watch?v=Mv_gJBr9MvY
https://www.youtube.com/watch?v=Mv_gJBr9MvY
Bien aimés sont ces mots,
Biens délirants sont nos yeux en sanglots,
Nous voici voyant ces vers,
Et dans cette prose je me perds
Pour le plaisir de lire encore,
Tes paroles en prose qui font aimer encore <3
Grapes,
as vineyard wenches crush them underfoot,
aspire to greater glory,
after more penance,
and a period of silence and seclusion
in a dark cellar.
Clay,
as a potter treads it, hopes to rise again,
find a new purpose
and sit,
cheek to cheek, on a pretty maiden's shoulder,
after being tested in fire.
We too
have our own tryst with destiny, and feel
the birth-pangs of a new
city,
but prepare for a long period of exile
in the wilderness of a landfill
site.
[i]Les raisins,
lors que les filles des vignes les foulent de leurs pieds,
aspirent à plus grande gloire
après pénitence prolongée,
temps de silence et de réclusion
dans un obscur cellier.
L'argile,
lors qu'un potier la pétrit, espère renaître,
trouver nouvelle raison d'être
et trôner,
joue contre joue, sur l'épaule d'une jolie damoiselle,
après l'épreuve du feu.
Nous aussi
avons pris rendez-vous avec le destin, et éprouvons
les douleurs d'enfantement d'une nouvelle
cité,
mais nous préparons à un long temps d'exil
dans le désert d'une
décharge.[/i]
Arun Kolatkar - Song of Rubbish/[i]Cantique des Ordures[/i]
"L'odeur de parfum et de sueur. Des mots chuchotés. Le touffu du temps. Puis son dépouillement. L'escalator chenille profond sous le hall de la gare. Sa lenteur cérémonieuse porte la cavalcade des voyageurs pressés avec l'emphase d'une procession. Le ralenti les fige estompés et flous sur les parois de plaques métalliques. Fresque lointaine qui s'interrompt par pauses. Par durées d'acier étincelantes et vides. Une évidence dans la disparition. L'absence de drame et de douleur. Un glissé cinématographique sur l'écran immobile du temps. En sandwich entre le piétinement agité du dessus et d'en bas. Dans un retrait contemplatif. L'apesanteur. La fascination des anges et des aéronefs. Le luxe d'une ascension pour rien. Sans ciel ni chute. L'innocence métaphysique de l'escalator."
Claude Ber - Découpe 2 ( extrait de [i]La mort n'est jamais comme[/i])
:) héhé! courez y!
Si il y a ds Varois, ou même des gens de PACA qui me lisent, l'auteur sus-cité, Claude BER, sera à Toulon très bientôt, pour lecture et dédicace... A rencontrer!
Plus tard, on me découpera,
on trouvera les milliards de grain de ton pollen,
de la farine de toi, roulée par le vent.
Mes couches auront été morcelées,
même inversées,
pourtant on y reconnaîtra tes galets,
sur mon eau la trace de tes ricochets,
et chaque petit détail minéral de toi sera
imprimé en moi.
Et quand je ne serai plus qu'un bloc,
alors je dirai encore l'histoire de nos frictions.
Dans mes os, à chaque cercle
rythmique de ma croissance,
pris, des cheveux de toi,
et dans le carbone qui proviendra de ces os,
l'activité constante de ta bouche.
Régine Detambel - Pollen
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Nombril, je t'aime, astre du ventre,
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l'Amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.
Théophile Gautier - Le nombril
-------------------------------------------------------
Au fin fond de nos nuits spirales
je me blesse à un ailleurs fermé
donne-moi ton souffle
en forme de cage
que j'y laisse mon âme en feu
*
j'ai pris les sommeil dans ta poche,
sur ton os il y avait une fleur tatouée
rouge offerte
j'ai rangé tes entrailles
qui séchaient avec les poils et les sabots
à l'oreille
j'ai pris la température de l'extase
et sur ta lèvre bleue
testé le goût du vide,
mon souffle te va si bien
*
Le ciel est en vente libre
et le sexe en bouteille
goûtons au jus d'ange doré
car au fond de la sève il y a le jour
*
Tu ouvres mon corps par la poignée des seins
puis t'installes dans le sarcophage bouillant
machine à idées folles
magasin d'œufs et de graines
tu manges la braise
et te chauffes au feu des mots et des langues
puis échappes
par l'oreille
à mes fantômes domestiques
Laure Cambau - Le couteau dans l'étreinte (extraits)
un choix de 26 lettres, une combinaison de 4 lignes...juste 4 petites lignes et.... bingo.... touché.
[small]elle est de qui la magie de ces 4 lignes @musashi?[/small]
Je les ai commises, c'est pour ça que je ne les ai pas signées, ne méritant pas de figurer à la suite de cette liste de hauts dignitaires. Je suis très heureux de ton bingo. Je les aime beaucoup.
Si el hombre pudiera decir lo que ama,
si el hombre pudiera levantar su amor por el cielo
como una nube en la luz;
si como muros que se derrumban,
para saludar la verdad erguida en medio,
pudiera derrumbar su cuerpo,
dejando sólo la verdad de su amor,
la verdad de sí mismo,
que no se llama gloria, fortuna o ambición,
sino amor o deseo,
yo sería aquel que imaginaba;
aquel que con su lengua, sus ojos y sus manos
proclama ante los hombres la verdad ignorada,
la verdad de su amor verdadero.
Libertad no conozco sino la libertad de estar preso en alguien
cuyo nombre no puedo oír sin escalofrío;
alguien por quien me olvido de esta existencia mezquina
por quien el día y la noche son para mí lo que quiera,
y mi cuerpo y espíritu flotan en su cuerpo y espíritu
como leños perdidos que el mar anega o levanta
libremente, con la libertad del amor,
la única libertad que me exalta,
la única libertad por que muero.
Tú justificas mi existencia:
si no te conozco, no he vivido;
si muero sin conocerte, no muero, porque no he vivido.
Luis Cernuda - Si el hombre pudiera decir lo que ama
Je le trouve pas en français :( désolée....mais je vous assure qu'il est joli.
XIV.
BONJOUR.
Bonjour!... je n'ose t'éveiller; ô délicieux aspect! ton âme semble à demi envolée aux célestes régions, à demi restée sur la terre pour éclairer tes traits divins, comme le soleil à moitié dans le ciel, à moitié captif dans un nuage ! Bonjour!... tu soupires! un rayon brille dans tes yeux! Bonjour! la lumière blesse déjà ta paupière, les mouches folâtres importunent tes lèvres! Bonjour! le soleil est aux croisées, et moi je suis près de ta couche. Je t'apportais un bonjour plus doux; mais ton sommeil et tes charmes m'ont ravi le courage. Que j'apprenne auparavant si tu te lèves avec un cœur aussi tendre, une aussi fraîche santé. Bonjour! Tu défends ta main de mes baisers? Tu m'ordonnes de fuir? je m'éloigne; voici tes vêtements; habille-toi bien vite et viens me rejoindre : alors je te dirai bonjour...
XV.
BONSOIR.
Bonsoir !... Oh ! c'est pour moi le plus tendre souhait. Qu'une barrière infranchissable nous sépare avant la nuit, ou que le matin me rappelle auprès de toi, jamais je ne te quitte, je ne te rejoins avec un si doux transport, Que dans cet instant où, rassuré par les ombres du soir, je te vois seule, gardant volontiers le silence et prompte à rougir, répondre d'un œil plus animé et d'un soupir moins timide à mon salut accoutumé du bonsoir! Que le bonjour s'annonce pour ceux qui vivent en famille, et vienne éclairer le travail qui réunit leurs mains; qu'une bonne nuit entoure des amants bienheureux. Lorsqu'ils boivent à la coupe de la volupté l'oubli de leurs peines : mais pour ceux qui s'aiment et cachent leurs amours, que le bonsoir vienne voiler des yeux trop éloquents !
XVI.
BONNE NUIT.
Bonne nuit ! il est temps de nous séparer. Que l'ange du sommeil te couvre de ses ailes azurées ; bonne nuit ! que tes yeux se reposent de tant de pleurs, et que le calme rentre dans ton cœur oppressé. Bonne nuit ! que chaque moment de nos entretiens laisse vibrer dans ton âme une douce et magique harmonie ; qu'elle se prolonge dans ton oreille : et, quand ta pensée aura fui vers le monde des rêves, que mon image s'incline sur tes paupières endormies. Bonne nuit! tourne encore vers moi tes doux regards ; ta joue : — Bonne nuit! — Tu veux appeler tes femmes? ton sein à mes baisers!... Tu t'agrafes? bonne nuit! Bonne nuit encore! tu fuis et t'enfermes? Bonne nuit à travers la porte... hélas! inexorable, en te répétant bonne nuit, je te ferais veiller jusqu'au jour !
Adam Mickiewicz - Sonnets