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Long John Silver, Mathieu Lauffray, Xavier Dorison
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Si pour vous le meilleur Disney est « La planète au trésor », (vous ne connaissez pas ? Rho ! Qu'avez-vous fait de votre enfance? lien de la bande annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18673947&cfilm=35142.html), si la noirceur de Long John Silver vous touche plus que les singeries de Jack Sparrow, cette série de 4 albums est pour vous.
Les auteurs se sont attachés à imaginer un récit alternatif reprenant certains des personnages de Stevenson, les placer dans la même époque et leur faire vivre une nouvelle aventure.
Le résultat est réussi.
De l'aventure dans un scenario complexe mais cohérent (même si le Tome 4 a un côté Bob Morane pas toujours très crédible) et fluide.
Des atmosphères qui vous font pénétrer et ressentir la moiteur de l'Amazone, la promiscuité du bateau, la grisaille de l'Angleterre et imaginer des espaces à découvrir.
Et surtout, surtout, des personnages, riches, complexes, ambivalents et changeants, des méchants torturés et beaux et des gentils intéressés et vils.
Une BD parfaite pour prendre un grand bol d'eau marine par temps de canicule.
SOS BONHEUR
saison 1 par Griffo et Jean Van Hamme – 3 tomes ; Indispensable (parus en 1988 – TRENTE ANS!)
saison 2 par Griffo et Desberg, couleur Florent Daniel – 1 tome (à suivre) ; pourquoi pas
Deux saisons pour un même principe :
- des histoires a priori indépendantes qui se regroupent sur le dernier tome
- une dystopie à la Orwell
La saison 2 a tendance à surfer sur l'actualité :
La réglementation des mœurs tendance Manif pour tous
la peur des étrangers, le fantasme du grand remplacement et de la cause du chômage
la marchandisation de la santé
le mythe de la tolérance zéro
le révisionnisme historique
l'instrumentalisation des médias par le politique
Vu les thèmes, ça aurait pu être sympa : hyper libéralisme économique, suprématisme national, police de la pensée, etc.
Mais le traitement un peu trop manichéen, perd de la hauteur. A vouloir trop démontrer, le récit devient parfois trop prévisible et s'approche parfois de l'anecdotique (oui, être méchant c'est pas gentil) voire de la caricature (comme la police morale incarnée par des barbus en soutane et bekeshes, histoire de ne vexer personne).
De plus, la succession des histoires ne donne pas l'impression d'une organisation sociale dans son tout et les fondements idéologiques de cette société totalitaire restent floues.
D'accord, la nouvelle série permet à Griffo de montrer l'évolution de son dessin, plus dynamique, aux visages plus subtils. Et d'accord, les couleurs de Florent Daniel sont l'une des grandes réussites de cette reprise, tant les ambiances grisâtres, ternes et fades proposées contrastent avec l'obligation au bonheur imposée par cette société.
Saison 2
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Saison 1
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Mais :
Je conseillerais de se saisir de cette sortie, pour reprendre le 1er cycle, scénarisé par Jean VanHamme (XIII, LargoWinch, Thorgal, Le grand pouvoir du Chninkel,...)
Dans cette série de 3 albums, ce sont les fondements de la démocratie qui sont questionnés à travers 6 histoires. La question fil rouge est:jusqu'à quel point peut-on confier à autrui son propre destin ?
6 thèmes sont traités :
la sécurité de l'emploi (ah ! Avoir l'esprit Corporate!)
la sécurité sanitaire (mangez 5 fruits et légumes par jour!)
les centres de vacances organisées (on n'est pas assez grand pour le faire, … quitte à faire des erreurs?)
la centralisation des données (vous y réfléchirez à deux fois avant de payer avec votre téléphone)
la surpopulation (peut-être la thématique la moins aboutie selon moi)
l'art et le politique (on a vu récemment comment le politique et la morale se sont opposés au droit et la liberté individuelle)
Le traitement narratif qui est proposé est subtil et réserve des surprises, y compris dans le troisième tome, confluence de toutes les histoires et qui propose les conséquences possibles, terribles, de nos veuleries, médiocrités et notre propension à la soumission volontaire.
Si le pouvoir semble avoir changé de main (après tout, céder le pouvoir démocratique à l'ultra-libéralisme sert aussi une forme de pouvoir politique), il peut compter sur notre désir de bonheur individuel pour générer l'enfer dans lequel tant d'entre nous se sentent si bien.
L'obsolescence programmée de nos sentiments, Zidrou et Aimée de Jongh
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Encore une BD avec des vieux ! Cà doit être à la mode. A moins que la notion de vieux ne soit de plus en plus floue : Tom Cruise (56) , Brad Pitt (55) sont-ils des vieux ? Sûrement pour certains d'entre vous. Quand on a 20 ans, on est vieux passé 35. Et Viggo Mortensen en crasseux magnifique Aragorn dans Le Seigneur des anneaux (46), vous semble-t-il vieux ? Plus que notre Président des mocassins (40) ?
Et puis d'abord, est-ce si grave d'être vieux ? On pourrait le croire, tant, déjà, le mot n'est plus utilisé. Anciens, Ainés, Séniors, personnes âgées, Troisième et Quatrième âge (c'est comme les numéros des Reich : plus ça avance, moins ça progresse). Donc, ça doit faire vachement flipper puisqu'on n'ose pas dire le mot (comme le dit le proverbe anglais : don't draw the devil on the wall..... Des fois qu'il prenne vie).
Alors voilà l'histoire : Ulysse et Méditerranée ont cet âge où l'on frôle les 60. Il vient de perdre son emploi. Il ne sert plus à rien. Elle vient de perdre sa mère. Elle figure maintenant en 1ère place pour le Toboggan (magnifique chanson de Thiéfaine). Yes ! Quelle ambiance !
Mais :
La rencontre entre ces deux personnes va les faire renaître à la vie. Littéralement.
Et si vous trouvez la fin pas crédible, c'est que vous n'avez pas bien lu l'épigraphe. Un indice :
https://www.youtube.com/watch?v=yl4Z5GEZpjg
Une jolie BD au dessin délicat, aux couleurs douces, pleine d'énergie positive qui répond avec un grand oui à la question que vous vous poserez (forcément) un jour : Est-ce que ça vaut le coup de vivre quand on est vieux ?
https://www.youtube.com/watch?v=yl4Z5GEZpjg
Une jolie BD au dessin délicat, aux couleurs douces, pleine d'énergie positive qui répond avec un grand oui à la question que vous vous poserez (forcément) un jour : Est-ce que ça vaut le coup de vivre quand on est vieux ?
Commissaire Kouamé - Un si joli jardin ; Marguerite Abouet et Donatien Mary
L'histoire : un magistrat est retrouvé assassiné dans un hôtel de passe d'Abidjan. Le commissaire Kouamé et son assistant Arsène enquêtent dans les bas-fonds de la capitale. Et si la solution était ailleurs ?
Cette BD au ton et au graphisme loufoque, parfois expressément grotesque, est un voyage en immersion dans la capitale ivoirienne.
Les caractères sont plus subtiles qu'ils se donnent à voir et abordent sous le registre grand-guignolesque les pulsations d'un pays en mouvement. Oui mais vers quoi ? Vers le pire de son empreinte coloniale ? Vers une fusion mondialiste prête à gommer son identité ?
Violence, trafics, racisme, homophobie, conflits de générations, etc émaillent une histoire haute en couleurs,parfois sanglante, dessinée à cent à l'heure et fourmillant de détails plein d'humour. Les personnages sont placés dans des situations sordides parfois gaguesques qui leur permettent de révéler des personnalités plus ou moins sympathiques mais que l'on souhaite retrouver, pour voir comment ils vont se dépatouiller du bazar qu'ils génèrent au nom de la loi.
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Pierre de cristal, Frantz Duchazeau
Pierre a dix ans. L'âge des grandes questions sur le sens de la vie à l'heure où il aspire tant à la liberté qu'à la protection des grands. Qu'est-ce que la mort ? Est-ce que l'amour dure ? Est-ce qu'on peut réécrire l'histoire, effacer et recommencer une réalité décevante ? Il comprend les changements qui l'entourent à l'aune de son imaginaire débordant ; autant dire que le réel qu'il ne maîtrise pas est autrement plus flippant que ce que son imagination lui explique.
Dans ce roman graphique en noir et blanc, le dessin léger, presque crayonné parfois, rend parfaitement compte de l'effritement de l'enfance vers un autre chose nécessaire mais si peu désirable.
C'est sans doute ce qui sauve ce récit d'enfance qui réussit certes parfaitement le job de ce type d'ouvrages (un ton mélancolique, tendre, sérieux, truffé d'anecdotes que l'on a tous vécues, avec juste ce qu'il faut de pathos sans tomber dans le mélo), mais tend à pêcher par l'omniprésence de l'adulte dans les pensées de cet enfant qui ressemble davantage à une vision fantasmée d'un enfant qu'à un enfant 'pour de vrai'.
Il reste donc une jolie BD au dessin tout en poésie qui distille une atmosphère douce-amère que l'on a plaisir à relire au ralenti pour mieux apprécier la plongée silencieuse dans cette fin d'enfance.
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Il s'appelait Ptirou, Laurent Verron et Yves Sente
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Laurent Verron (Odilon Verjus et Boule et BIll) et Yves Sente (Blake et Mortimer) imaginent l'origine de Spirou. Rob Vel, son créateur, se serait inspiré d'un mousse qu'il aurait rencontré alors que lui même travaillait sur un transatlantique pendant l'entre-deux-guerres. Et c'est l'oncle Paul qui raconte.
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Cet album n'est pas dédié qu'aux amoureux de Spirou. Bien évidemment aussi à ceux-ci. Ici, il y a d'abord une belle histoire, riche en rebondissements, aux personnages travaillés, qui évoluent dans un décor de toute beauté.
Le dessin, digne héritage d'un Franquin aux couleurs sublissimes, plonge le lecteur dans une atmosphère tellement dense qu'il est difficile de la caractériser : aventures, sentiments, contexte politique et social, enquêtes sur des sabotages,... Ca bouillonne mais le récit ne part jamais à la dérive, tant la mise en page et les cadrages impeccables de Verron structurent des inventions narratives à plusieurs niveaux, des personnages principaux attachants aux caractères secondaires qui, bien que nombreux, contribuent à nous plonger dans cette ville flottante pour un périple aussi court (80 pages quand même) qu'intense.
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Une belle BD à (s')offrir et à reprendre régulièrement pour apprécier l'inventivité du dessin et trouver les réponses aux nombreuses références et trognes volontairement essaimées dans l'album.
Oh, Spirou quoi, toute mon enfance !!
Celle là je la note pour me l'offrir ou me la faire offrir !
[quote="Isa"]Oh, Spirou quoi, toute mon enfance !!
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Si tu aimes Spirou, une autre BD "Spirou vu par" est sortie récemment "Fondation Z". Aux commandes : Denis-Pierre Filippi et Fabrice Lebeault, les créateurs de Horologiom. Autant j'avais adoré Horologiom, autant ce Spirou ne m'a pas convaincu : trop d'Horologiom, pas assez de Spirou. Il a sûrement des qualités mais je n'y ai pas été sensible. Je n'en ferai donc pas la chronique. Après, rien ne vaut un bon feuilletage en librairie pour se faire une idée.
Oh, Spirou quoi, toute mon enfance !!
Si tu aimes Spirou, une autre BD "Spirou vu par" est sortie récemment "Fondation Z". Aux commandes : Denis-Pierre Filippi et Fabrice Lebeault, les créateurs de Horologiom. Autant j'avais adoré Horologiom, autant ce Spirou ne m'a pas convaincu : trop d'Horologiom, pas assez de Spirou. Il a sûrement des qualités mais je n'y ai pas été sensible. Je n'en ferai donc pas la chronique. Après, rien ne vaut un bon feuilletage en librairie pour se faire une idée.
Shi, Zidrou et José Homs
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Tome 1
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Tome 2
L'histoire : une série d'attentats visent les enfants de marchands d'armes. L'explication doit-elle être trouvée dans la politique coloniale de la reine Victoria ?
C'est sur cette hypothèse que Zidrou a construit une histoire riche en actions, mêlant, en guise d'enquête, les va-et-vient entre époques contemporaine (peu) et victorienne (beaucoup) à travers les aventures de deux femmes qui se dressent contre la servitude dans laquelle leur genre les confinent.
Récit féministe ? Sûrement. Et le titre, ambigu, n'y est sans doute pas pour rien.
Mais avant tout récit inclassable, tant les angles choisis sont nombreux. Chronique sociale donnant à voir les bas-fonds londoniens sur lesquels la glorieuse Angleterre bâtit sa richesse (si on a le temps, on peut aussi lire le complexe roman de Jean-Pierre Ohl « Le chemin du diable » à ce sujet) ; Chronique anticolonialiste d'une Angleterre qui, à l'image d'une des héroïnes, asservit ses colonies à son profit ; BD d'action avec deux héroïnes qui tentent d'émerger d'un tas d'ordure savamment entretenus par des individus plus abjects les uns que les autres.
Le dessin de Homs (adaptation BD de Millénium) est magnifique : les cadrages inventifs dans lequel évoluent des personnages facilement caractérisables, contribuent au rythme de la narration ; l'expressivité des personnages permet d'être au plus prêt de leurs émotions, qu'elles soient pures ou malfaisantes, et la palette de couleurs rend fidèlement une ambiance noire, vérolée, où la satisfaction individuelle et la défense d'intérêts de castes prévaut sur la valeur de l'homme.
Si ce n'était la présence de plus en plus importante de la magie et du fantastique dans ce tome 2 à laquelle j'adhère moins (mais c'est juste parce que j'ai toujours trouvé artificielle et facile l'utilisation de la magie dans un récit, donc mon positionnement est très subjectif), je dirais que ces 2 albums sont magnifiques, qu'ils gagnent à être lus et relus tant pour savourer l'univers dans lequel Homs nous plonge que pour détricoter les fils d'une intrigue à tiroirs.
Bouts d'ficelles, Olivier Pont
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L'histoire :
Thibault, jeune adulte un peu pataud à la vie ordinaire, met malgré lui le doigt dans un engrenage qui, de rencontres en rencontres, vont lui faire passer une nuit riche de péripéties : poursuivi par des policiers et des criminels sur un quiproquo, rencontrant des jeunes femmes au caractère bien trempé, il va arpenter à la verticale un Paris entre ombre et lumière, jusqu'à revenir à son point de départ. Enfin, pas tout à fait.
Olivier Pont qui avait déjà commis le magnifique « Là où le regard ne porte pas », s'aventure dans un récit tout à fait différent à partir d'un postulat narratif dévoilé en postface. (Je ne dirai pas).
Le risque eut été d'en tirer une histoire sans queue ni tête, un exercice de style primant sur le plaisir de la lecture. C'est tout le contraire.
Le dessin dynamique, l'encrage nerveux et léger, les personnages cohérents tant dans leurs actions que leur profil psychologique, assurent une continuité et forment un récit jouissif, pas prétentieux pour deux sous, sacrément tendre et positif.
126 pages de plaisir simple pour contrer la déprime d'une semaine de rentrée. Son seul tort : ça se lit trop vite !
Frnck, Brice Cossu et Olivier Bocquet – 1er cycle en 4 tomes
Tome 1
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Tome 2
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Tome 3
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Tome 4
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L'histoire : Au cours d'un entretien avec la directrice de l'orphelinat en vue de son éventuelle adoption par une énième famille candidate, Franck apprend que ses parents ne sont peut-être pas morts. Avec la complicité du jardinier de l'institution, Franck part seul sur les traces de ses parents. Il tombe dans une sorte de faille temporelle et se retrouve propulsé dans la préhistoire.
Pré-publiée dans Spirou et ouvertement réalisée pour les enfants à partir de 8-10 ans, cette série est le cadeau parfait pour eux. Mais que cela ne vous empêche pas de la lire.
A partir d'un postulat langagier (voir le titre), les auteurs jettent leur héros dans un monde qu'il va contribuer à faire évoluer. Lui-même,au contact de ces hommes et femmes des cavernes va se construire une conscience sur la société moderne : technologie, alimentation, environnement, sciences, langage, rapports hommes-femmes, … tout prend une autre dimension quand on part de zéro.
Les situations sont drôles (certaines en début et fin du cycle sont plutôt émouvantes mais ne plombent pas le récit) et les textes pleins d'humour. Les réactions des personnages sont immédiatement compréhensibles grâce à un dessin qui a pris au « manga » son efficacité tout en le faisant évoluer dans des couleurs traditionnelles qui contribuent à identifier les zones naturelles dans lesquelles les scènes se déroulent. L'habillage du personnage, sa gestuelle, sa façon d'agir sur le monde qui l'entoure en fait un digne héritier de Spirou.
La fin de ce cycle, bien que classique dans la forme, est assez inattendue et ouvre de nouvelles perspectives. Les auteurs prendront-ils le risque du récit en miroir ? Attendons.
Dans la forêt sombre et mystérieuse, Winshluss
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Encore un récit d'un jeune garçon propulsé dans un environnement mystérieux !
Ici, Angelo est malencontreusement oublié par ses parents sur une aire de repos. Il décide de les retrouver en coupant à travers une forêt. Il va faire des rencontres avec des créatures bienfaisantes ou malveillantes ou les deux à la fois qui vont lui révéler bien des secrets sur le sens de la vie.
Sur une trame classique, le voyage initiatique dans une contrée mystérieuse rythmée par des rencontres avec des personnages fantastiques, le dessin de Winshluss, extrêmement dynamique et coloré, invente un univers cohérent qui fusionne les contes jeunesse traditionnels, les légendes amérindiennes et orientales et.... une pointe de Tolkien et de Lewis Carroll.
Le héros, un garçon curieux des choses de la nature évoluant dans une famille bien ancrée dans son époque, porte en lui les émotions de la découverte. Le désir, la peur, l'étonnement, la déception et la satisfaction vont échelonner son voyage que chaque rencontre va orienter. Rencontres magiques, dans tous les sens du terme : luciole-esprit de la forêt, fourmis-étendard des sociétés humaines, écureuil à l'esprit oiseau, etc, chacun permet à Angelo d'aller au-delà du regard, de pénétrer le cœur battant du vivant.... quitte à plonger dans des eaux parfois troubles.
Cet ouvrage fait partie de ces récits aux niveaux de lecture variés, que vous pourrez classer dans les BD, les récits jeunesse, les contes philosophiques, etc. En fait, il y a du Petit Prince dans cet album.
Peu de chances que la couverture vous fasse envie. Un peu comme une forêt sombre. Mais entrez ; vous en sortirez avec un cœur tout neuf.
Premiers pas, Victor Lejeune
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C'est l'histoire vraie du premier singe envoyé dans l'espace par la NASA, de sa naissance en Afrique, sa vente comme animal de boucherie, son exposition dans un zoo, et son long apprentissage des hommes.
Il y avait cent façons de raconter cette histoire. C'est le silence qu'a privilégié l'auteur et dans le brouhaha logorrhéique contemporain, boudiou !, qu'est-ce que ça fait du bien.
Il y a l'histoire, bien sûr, de ce singe malmené par les hommes et qui, au final en feront un pionnier de la conquête spatiale. Mais il y a le traitement graphique surtout, le parti pris d'une gravure qui se décharge progressivement de son abondance au fur et à mesure que le singe s'éloigne de sa forêt naturelle, entre dans le monde des hommes puis s'enfonce dans le vide spatial. L'extrême expressivité du trait nous oblige à considérer l'histoire du point de vue du singe, sans artefact quant au sens de ce qui lui arrive et de ce qu'il fait.
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Le sens de cette histoire ? Chacun en tirera ses leçons selon sa sensibilité, sur ce que c'est d'être un humain ou la place de la science ou ce que l'on veut. Ce qui est sûr, c'est que les titrages proposés questionnent l'évolution de notre rapport à l'animal, de leur consommation, que l'auteur assigne à une pratique de l'antiquité qui ne peut être considérée que dans son époque, en passant par leur enfermement, coutume associée à un obscurantisme moyenâgeux, à l'époque contemporaine où le futur de l'homme dépend de l'animal. Et ici, de cet animal. Et comme le montre la couverture, ce n'est pas le moindre des paradoxes que l'évolution de l'espèce humaine dépende de son traitement envers les animaux.
Batman – The dark prince charming, Enrico Marini – Histoire en 2 volumes
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Tome 1
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Tome 2
L'histoire : une femme exige une reconnaissance de paternité et des sous pour une fille qu'elle a eue avec Bruce Wayne. Le Joker enlève l'enfant et exige une rançon. Mais lorsque Catwoman vole le bijou que le Joker voulait offrir à HarleyQuinn, le Batman entre dans la danse pour faire d'une pierre deux coups.
Visiblement, Marini (L'étoile du désert, Le scorpion) s'et fait plaisir à concevoir et surtout à mettre en dessin cette histoire. Il le dit d'ailleurs dans la préface.
Le dessin est magnifique. En respectant les fondamentaux de Batman, il plonge dans un univers envoûtant, à la fois familier et incendiaire. Des couleurs chaudes et néanmoins brumeuses de Gotham, surgissent d'un trait précis, léger, dynamique des personnages expressifs dont les contrastes de matière et de lumière reflètent les tempéraments de chacun.
Conséquence : on se fond instantanément dans une intrigue que tout lecteur peut suivre.
Et c'est là que le bas blesse.
Le scénario est un peu facile, un peu évident. Les personnages manquent de consistance. Où sont les turpitudes de Wayne quant à cette enfant qui lui arrive de nulle part ? Où est l’ambiguïté de sa relation avec Catwoman ? Pourquoi faire de HarleyQuinn une personne aussi stupide et frivole ?
Alors ce Batman présente-t-il un intérêt ?.
Définitivement, oui. Marini apporte sa lecture du personnage, mais surtout de Gotham. Il nous propose un voyage dans une ville intense et flamboyante. Ses planches sont une pure merveille qu'une seule lecture ne suffit pas à combler.
Je pensais l'avoir posté ici, mais apparemment pas,
Une des dernières BD que j'ai lu est égaux sans ego
BD créée par l'Association "Egalité par Eductaion", et l'objectif de cette BD est d'amener les gens à réfléchir sur leur façon d'être au quotidien, et les obstacles construits qui empêchent une ou des égalités.
Voilà voilà, je vous mets le lien directement, vous aurez plus d'informations :)
http://www.egalitepareducation.org/actions/bd-egaux-sans-ego/
Bonne lecture :)
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, livre premier – Emil Ferris
Voilà le genre de bouquin qui ne fait rien pour séduire.
D'abord, il est cher (34,90€). Et puis il est gros. Bon, si on ramène au prix de la page, ça fait que 8cts/page. Quatre fois plus cher que du papier à rouler. D'accord, si fumer nuit gravement à la santé, lire nuit gravement à l'ignorance. Donc avantage livre. On peut aussi se dire que pour 1€ on peut avoir 12 pages pour un temps moyen de lecture de 4:30. Pour le prix d'un BigMac, ça nous fait une cinquantaine de pages. Là, c'est à vous de voir si vous mangez plus vite que vous lisez, votez pour le livre ; ça fera moins à perdre avant de rentrer dans la robe ajustée pour le réveillon du 31. Après, si vous lisez plus vite que vous ne mangez, à vous de voir.
Parce qu'il a un autre problème, ce livre. C'est qu'on va le lire où ce truc ? Ça fait 1,4kg. Je peux pas le mettre dans mon sac à main ou ma sacoche. Sauf si je vire des trucs pour le boulot. Argh, tentation.... Oh et puis non.
Et de toute façon, la couverture est moche. Moi, ça me fait penser à ces fanzines qui pullulait dans les années 80-90 (« je vous parle d'un temps...»).
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Et l'intérieur est à l'avenant.
Bref, le truc est pas vendable.
Et puis.
Parce que tout le monde vous dit que c'est vachement bien. Au départ, vous pensez : « c'est un truc à bobo intello gaucho jarno franceinfo ; plus c'est moche et moins c'est lisible et plus c'est génial. » Et à force, vous pensez « bon, ben je vais me faire mon propre avis. »
Alors, un peu à reculons, vous prenez ce bouquin, sur vos genoux, parce que c'est le meilleur compromis possible.
Et à la 12e page, vous êtes conquis.
"Si nous faisions comme lui,...."
3 BD avant de partir into the wild
1. Solo, Claude Carré et Philippe Sternis (1 épisode 'Lignes de fuite', paru en 1994, -soit bien avant les succès de librairie qu'ont été Lulu femme nue et Blast, entre autres-, suite jamais publiée, ce qui n'empêche pas de considérer cet album comme un récit complet). Non-réédité. A se procurer en bibliothèque.
2. Tracer, Ulric (Stahl), récit complet, sorti en septembre 2017 et dont la lecture m'a inspirée ce rapprochement des trois livres.
3. Ralentir, Alexis Horellou et Delphine Le Lay (récit complet paru en mars 2017)
Le départ : trois hommes à un tournant de leur vie. Quelle route prendre ?
SOLO: Alain, marié, un enfant, vient d'avoir une promotion. Submergé par l'effervescence de la ville, et conseillé par sa femme, il part dans la maison de campagne, pour se plonger dans « le silence, beaucoup de silence ». Une adolescente qui a embrassé la route, vient se recharger en eau. Quel reflet lui renvoie-t-elle pour qu'il quitte tout ?
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TRACER: Hervé, quarante ans. « Un travail, ni bon, ni mauvais ». De lui et sa femme, il dit « On ne se gêne même plus. ». Pas d'enfant, « égoïstement, la vie en a décidé autrement, alors je m'autorise à être égoïste à mon tour. ». Il laisse une lettre, même si « c'est minable une lettre », et part dans la nuit.
Sur la route, il rencontre des jeunes avec lesquels il vit une « belle parenthèse ». Mais il estime bientôt avoir « fait le tour » et reprend la route. Nouvelles rencontres. Destruction. Récupération par nouveau groupe. Soumission. Rébellion. Il reprend la route. Mais « seul, on est rien. ». Un dernier ange gardien apparaît. Puis le trait se creuse, le corps part en morceaux. Doit-il rebrousser chemin, « avant d'aller plus loin... avant d'aller trop loin » ?
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RALENTIR : Et si la réponse se trouvait dans ce mot ? David, est heureux dans son mariage. Il a aussi deux enfants et vient d'obtenir une promotion. Il prend la longue route qui le ramène chez lui quand il éprouve le besoin de s'arrêter sur le bas-côté. C'est ça qu'il veut ? « Travailler dur pour y arriver » ? Une jeune auto-stoppeuse, monte, et ses certitudes l'agacent un peu. Puis il est témoin d'un accident de la route. Des mauvaises conditions climatiques les obligent à s'arrêter chez des inconnus adeptes de la décroissance et de l'autosuffisance. Il va apprendre que, comme le dit la jeune Emma « il ne faut pas confondre plaisir et bonheur. » Le lendemain il est de retour chez lui. Il a pris une décision. Doit-on nécessairement aller into the wild pour se trouver ?
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La maison la nuit, Joub et Nicoby
L'histoire : maman et son fils rentrent du travail le soir. Puis arrive papa. Et voilà que tourne la maison de ses menus détails aux moments qui rythment la soirée et la nuit. Car la nuit, la maison continue à tourner, sauf que c'est tout un petit monde invisible qui s'agite.
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Voici une BD sans texte, qui, indépendamment de son charme volontairement un peu suranné (absence totale d'écrans dans la famille, ligne claire et codes couleurs pour chacun des personnages représentés dans des situations plutôt traditionnelles), présente de multiples intérêts.
Déjà, elle est agréable à lire, ce qui n'est pas la moindre des qualités pour un ouvrage de littérature.
Chaque planche représente la maison vue de coupe. Chaque case représente une pièce de la maison. Cette présentation est immuable sauf lorsqu'il s'agit des moments où le rythme s'accélère, lorsque les personnages cohabitent, pendant le repas ou lorsque tous veulent avoir accès à la salle de bains/toilettes.
Le lecteur peut suivre la trajectoire de l'un des personnages (les souris fonctionnent vraiment bien) ou apprécier la vie de la maison à chaque instant. Ou les deux à la fois pour les plus grands.
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Et c'est justement ce mode de narration qui constitue un outil très intéressant.
Cet ouvrage peut être proposé dès le plus jeune âge, avant même de savoir lire, en lecture accompagnée ou pas, pour faire apprécier aux plus petits le plaisir de la lecture tout court et de la lecture d'images également : prendre le temps d'observer les images, aller et venir dans le livre pour suivre les péripéties d'un personnage. Bref, prendre le temps d'observer.
Mais c'est aussi un formidable outil d'apprentissage linguistique, que ce soit de sa langue maternelle ou d'une lange étrangère. Il permet en effet, d'une part, par la répétition du décor, d'apprendre et de mémoriser une diversité importante de mots de la langue usuelle, et d'autre part, par l'avancement de l'histoire, d'enrichir son vocabulaire d'expression de lieu et de temps.
Enfin, ce livre permet de poser les bases d'un échange autour de thèmes liés à l'enfance (la maison qui fait du bruit, les monstres,...) ou la vie de couple (la répartition des tâches ménagères, comment on fait les bébés, …)
Une mine.
Spirou, Emile Bravo
- Le journal d'un ingénu (couleurs : Delphine Chedru et Rémi Chaurand)
- L'espoir malgré tout (couleurs : Fanny Benoit), première partie : un mauvais départ
Ce qui suit n'est absolument pas objectif. J'aime depuis longtemps le travail d'Emile Bravo. Voilà. Pourquoi ?
Parce que Jules.
Jules, ce héros ado intelligent et sensible qui vit des « épatantes aventures » et qui mène sa barque avec un regard lucide et poétique sur le monde qui l'entoure. Sans mièvrerie. Sans cynisme non plus. Sans cliché. Un humain d'abord.
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Parce que « Ma maman est en Amérique elle a rencontré Buffalo Bill », aussi, ou quand l'enfance vit avec la mort. Toujours avec humanité, dans ce duel impossible, à tout âge, entre rêverie vitale et lucidité qui l'est tout autant.
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Alors Emile Bravo qui s'empare de Spirou, c'est une évidence.
Après « Le journal d'un ingénu », situé en 1939,....
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voilà qu'il réalise une suite dans un grand récit en 4 volumes, dont le premier « L'espoir malgré tout » se déroule en 1940.
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On retrouve l'intelligence d'un scénario doux-amer où les péripéties des personnages s'accompagnent d'une recherche documentaire pertinente faisant le lien avec l'époque contemporaine.
Il faudrait être aveugle en effet pour ne pas voir le propos défendu dans ce premier album, la montée de totalitarismes espérés par une classe sociale désespérée ne sachant à quel saint vouer sa misère. Mine de rien, Emile Bravo, par le biais de ces personnages le dit à qui veut l'entendre : ne nous trompons pas de cible. La paix n'est qu'une trêve entre deux conflits nourris par des divisions construites de toutes pièces (ah, les débats sur l'identité nationale!) afin d'exploiter les peuples au profit d'une petite poignée qui, quoi qu'il arrive, s'en sortira toujours.
Est-ce un Spirou qui fait rire ? Non. Pas plus que « le journal d'un ingénu ». Même les guignoleries assurées par le personnage de Fantasio sont sujettes à caution. Voletant de bord à bord, sans réflexion politique ni sociale, sans volonté de nuire pour autant, Fantasio est un personnage sans consistance individuelle ni conscience collective, et à ce titre, il est diablement efficace pour le propos, surfant sur les événements comme s'il ne faisait pas partie de la grande machine à laquelle il contribue sans le savoir.
Est-ce un Spirou que l'on a plaisir de lire ? Oui. La délicatesse du dessin d' Emile Bravo irradie dans ces deux albums. Lignes claires et dynamiques pour autant, décors « juste comme il faut » qui sont là pour contextualiser l'histoire, voire donner des indices au lecteur attentif quant à la suite probable des événements, couleurs simples mais à-propos mettant en valeur le dessin et la narration, expressivité des personnages adaptée aux situations, de grotesques lorsque cela s'impose dans le récit (personnages d'Entresol, nouveau directeur du journal, etc.), à infiniment subtile (jeux des mains de Spirou lorsqu'il n'est pas en position de parler,etc), découpage se pliant à la fluidité de l'histoire, tout est en place pour que l'histoire avance.
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Le journal d'un ingénu, p28
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L'espoir malgré tout, p1
Quant au personnage de Spirou, il y a du Jules dedans. Clairement. Grand ado, jeune adulte (il travaille), il place l'histoire à hauteur d'enfants. Les nombreux enfants qui interviennent dans l'histoire permettent une lecture pas si ingénue que cela de cette période de l'histoire, tant les enfants font résonance avec les événements que mènent les adultes, sauf que les enfants ont le pouvoir de déshabiller les actions des adultes de leurs faux-semblants pour n'en garder que l’événement et ses conséquences immédiates.
Ces deux albums (et ceux qui vont suivre, n'en doutons pas), méritent-ils d'être lus ?
Oui. Définitivement.
Ce n'est néanmoins pas pour les plus jeunes, sauf s'ils ont l'habitude de lire et aiment lire, car les textes des bulles sont nombreux et il y a tout de même 86 planches (62 pour le Journal d'un ingénu)
Les reflets changeants, Aude Mermilliod
L'histoire :
Elsa, 22 ans, vit un amour poison qui la révèle à elle. Croit-elle. Puis elle rencontre Idir. Sera-t-il ce compagnon qu'elle recherche ?
Jean, 53 ans, subit le renoncement à ses rêves depuis qu'il a croisé la femme de ses rêves. Croyait-il. Saura-t-il trouver dans les mots remis par un autre, une nouvelle voie ?
Emile, 78 ans, résiste autant qu'il peut contre un mal qui le rend dingue. Jusqu'où restera-t-il maître de sa vie ?
Rarement une couverture et un titre auront été aussi éclairants quant au contenu d'une BD.
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Trois destins, ni heureux, ni malheureux, au carrefour de choix de vies et qui visent le soleil. Et c'est parce que leur quête de lumière va se joindre dans des confluences de hasard qu'ils vont trouver une issue. Même si parfois, l'abandon est définitif.
Une BD dont les aplats de couleurs mettent en lumière les paradoxes de personnages attachants car complexes dans leur recherche de l'apaisement de leurs tourments.
Droit du sol, Charles Masson
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Voilà une BD qui, pourtant datant de 2009, n'a pas pris une ride.
Dans ce pavé en noir et blanc de 435 pages, l'auteur, ORL ayant exercé en outremer, pose un regard lucide et sans complaisance sur la situation à Mayotte.
A travers les destins de gens de métropole, installés temporairement ou définitivement sur cette île, de mahorais, et de clandestins comoriens, il s'intéresse au rapport que chacun entretient avec la notion de patrie. D'où sommes-nous ? Quelle légitimité possède un homme à vivre en un territoire ? Qu'est-ce qui constitue une nation ? En quoi la notion même de politique d'immigration nous affecte tous, non seulement dans notre rapport à un Autre, différent, mais aussi dans les menues actions du quotidien ?
Les questions sont d'autant mieux posées, qu'elles sont distillés dans un récit admirablement construit, ou les personnages interagissent ou a minima se croisent dans des situations intimes ou publiques qui les confrontent à ce qu'ils ont réellement dans le ventre.
Le dessin va a l'essentiel. L'objectif ? « Si ce livre vous a mis un coup de poing dans le foie, qu'il ne vous empêche pas de vous lever pour vous bouger », postface de l'auteur.
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Des portraits terriblement réalistes donc, grotesques, ambigus, ou nuancés, car tels sont les humains lorsqu'ils se confrontent à leurs différences.
La horde du contrevent, T1 Le cosmos est mon campement, Eric Henninot
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L'histoire :
Sur une planète balayée par des vents rendant toute vie sinon impossible, du moins une lutte quotidienne contre la mort, un groupe, désigné par le mot Horde, et entraîné à la survie, s'élance dans une odyssée pour remonter à la source du vent. Comme d'autres hordes avant eux. Ce périple durera leur vie entière. Leur espoir ? Comprendre son origine pour le combattre.
Pour ceux qui n'ont pas lu le roman d'Alain Damasio dont cette BD est tirée, ils peuvent raisonnablement rester sceptiques quant à l'intérêt de l'intrigue.
Ce serait dommage.
Car, plus qu'une « histoire de science fiction », c'est d'abord à une épopée humaine à laquelle nous assistons. Les personnalités qui forment cette horde sont bien évidemment complexes et différentes. Les personnages s'affrontent, s'aiment, se déchirent et se rejoignent au gré des événements qui viennent contrarier ce qui semble être une organisation parfaite, pensée pour parer à l'imprévu.
Mais l'homme est aussi changeant que l'univers dans lequel nous plonge la BD. Et si la destination est fixée et le trajet balisé, du moins tant qu'ils suivent les traces des hordes qui les ont précédés, rien ne se passe tel qu'ils l'ont imaginé. Ils devront donc s'adapter. A leur environnement et aux changements en eux que le voyage va générer.
Cette horde qui se déplace continuellement, si elle paraît bloc vue de haut, est donc mouvante, instable et fragile, et ne tient souvent qu'aux cordages qui les relient.
L'adaptation en BD commence par un premier volume de 80 pages. C'est une adaptation, et tant mieux, car l'auteur a gardé l'essentiel, le rythme, le souffle de l'aventure, les tourments de l'âme humaine, quitte à quelques amendements par rapport au récit original (moins de points de vue, la narration étant centrée autour du personnage du scribe).
Le dessin propose un univers cohérent, où chaque roche, chaque village a sa raison d'être. Ce ne sont plus des éléments de décor, mais des acteurs minéraux, tangibles, qui oppressent ou exaltent les comportements de chacun et contraignent le groupe à faire avec les changements tout en préservant son unité. Paradoxalement, je mettrais un bémol quant à la représentation des très nombreux personnages qui interagissent au sein de la horde, dont la légèreté du trait et les choix de cadre rendent parfois l'identification difficile. Ceci étant dit, il s'agit d'un premier tome, donc nous aurons le temps de nous habituer aux expression faciales et corporelles de chacun.
Le dessin s'appuie sur une narration intelligente, au rythme aussi changeant que la puissance des différents vents dans lesquels ils s'enfoncent ou auxquels ils se confrontent.
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Un premier tome au souffle épique avec des personnages troublants, qui donne très envie de lire les suivants.
Didier, la 5e roue du tracteur – Pascal Rabaté et François Ravard
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Didier est un agriculteur ventru de 45 ans qui rêve du grand amour mais ne sait comment le trouver. Il est aussi à l'aise avec les femmes qu'il sait mener son exploitation. Autrement dit, il est incapable de s'en sortir seul. Heureusement sa sœur Soizic et son ami Régis veillent au grain.
L'album est à l'image de la couverture. C'est décalé et drôle, caricatural et tendre envers une ruralité navigant entre mutations et traditions, bref c'est la vie à la campagne, rude et belle.
Puzzle, Franck Thilliez et Mig
Lucas Chardon est interné dans une Unité pour Malades Difficiles. Il prépare sa pendaison. Au moment où il perd conscience, Ilan Dedisset se réveille dans un état de panique, la main autour de sa gorge.
Ilan va bientôt participer à une chasse au trésor avec gros magot à la clé. Le jeu se déroule dans un hôpital psychiatrique désaffecté. Jusqu'où est-il prêt à aller pour gagner ? Pourquoi est-il la proie à des rêves prémonitoires cauchemardesques ? Ce jeu l'est-il vraiment ? Quel rapport entre Lucas et Ilan ?
Franck Thilliez adapte en BD son propre roman et cela est heureux. Le format BD donne encore plus de rythme au récit et les dessins de Mig sont idéaux.
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La bichromie avec grands aplats bleu, joue sur les ombres et les contrastes. Elle restitue pleinement l'atmosphère angoissante et la diversité des comportements des 8 joueurs enfermés dans un HP glauque à souhait contenant tous les grands classiques des dispositifs de torture mentale. Les éléments du décor sont particulièrement précis et on se surprend à rechercher dedans des éléments de résolution de cette chasse au trésor.
Ce pourrait être un énième thriller usant de nos angoisses d'enfermement dans la folie, mais le
trait de Mig, notamment le visage qu'il a donné au personnage principal, emprunt de candeur et de détermination, donne du recul à cette histoire. Cela permet au lecteur de participer pleinement à cette résolution d'une énigme sans être réellement imprégné de l'ambiance anxiogène du lieu. Du thriller soft en quelque sorte.
La narration est efficace, les temps d'action et de recherche de sens alternent avec intelligence pour construire une intrigue dont la fin saura surprendre.
Une BD à (s')offrir si on aime les escape games, les grands dingues de la littérature et du cinéma, mais que l'on n'aime pas faire de cauchemars pour autant.
Magasin général, Régis Loisel et Jean-Louis Tripp
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Parce qu'un peu de poésie, ça fait du bien aussi, et c'est pas incompatible avec la révolte :
Vient de sortir le premier volume d'une nouvelle intégrale de la série Magasin Général. Ce volume regroupe les 3 premiers tomes de la série (qui comprend 9 tomes au total).
Pour cette réédition, Casterman a fait un gros travail sur le prix pour un album de 258pages (29€). L'occasion de (faire) découvrir une série « feel-good » de qualité, originale par le cadre qu'elle propose et dense par le travail fait sur la psychologie des personnages, cadre et personnages rendus à merveille par un dessin tout en nuances de traits et de couleurs et texturé avec légèreté.
L'histoire :
Milieu des années 20 dans un petit village à deux jours de Montréal. Marie vient d'hériter de feu son mari le magasin général du village. Peu de temps après, l'arrivée d'un inconnu aux idées un peu fantasques va essaimer petit à petit le goût du bonheur par la remise en questions de carcans entravant la liberté d'être soi-même.
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« Dans cette quête du bonheur, Loisel et Tripp livrent, avec sensibilité et optimisme, le récit d'une émancipation à travers la découverte de soi. Une fable en faveur de la tolérance, comme les meilleurs films de Franck Capra. »
Lien vers une vidéo pour découvrir comment ces deux grands auteurs ont travaillé :
https://www.comixtrip.fr/autour-du-monde/montreal-magasin-general-derniers-traits/
La troisième population, Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié
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A l'heure où le tout-médicament est érigé en panacée, à l'heure où la psychanalyse est considérée comme une usurpation, voici un documentaire bienvenu sur la psychothérapie institutionnelle.
Deux auteurs de BD s'installent quelques temps dans la clinique de la Chesnaie, près de Blois et participent à la vie de l'institution. Ils constatent que, pour les patients considérés, le soin passe autant par le lien avec les soignants et par la place qu'il leur ai laissée au sein de l'institution que par la pharmacopée. Un regard objectif qui illustre les bienfaits de cette « prise en charge » mais aussi ses limites.
Si ceux du métier n'apprendront rien de neuf, un ouvrage à lire pour tous ceux que la folie interroge, y compris à partir de l'adolescence.
Sambre, Yslaire
A l'approche des vacances de fin d'année, voici une série qui, avec ses 17 volumes parus à ce jour, devrait vous plonger dans un siècle, qui, à bien des égards, de révolutions en républiques au pluriel, d'utopies en contraintes, de passions en petits arrangements, ressemble au notre.
17 volumes, ça peut paraître beaucoup. Mais, regroupés en 5 cycles correspondants à 7 générations, vous pouvez tout aussi bien vous satisfaire de l'un ou l'autre. Mais ne boudez pas votre plaisir, car chaque génération enrichit celles qui la précèdent et la suivent.
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Sambre cycle 1 : Plus ne m'est rien + Je sais que tu viendras + Liberté, liberté + Faut-il que nous mourions ensemble
Tout a commencé avec une première série de 4 albums, que l'on désigne, non officiellement par « cycle de Bernard et Julie ». Yslaire au dessin et au scénario (sauf T1 et T2 avec Balac, alias Yann, au scénario). Cycle clos.
4 albums aux titres bien ancrés dans leur époque : « Plus ne m'est rien... », « Je sais que tu viendras... », « Liberté, liberté » (intitulé « Révolution, révolution » dans sa première édition) et « Faut-il que nous mourions ensemble... »
Dans ce 19e siècle romantique (au sens littéraire du terme) et plus particulièrement, la révolution de février 1848 qui a donné naissance à la II République (à laquelle Lamartine participa politiquement d'ailleurs), période de grande effervescence intellectuelle avant que la nostalgie de l'Empire revienne avec les conséquences que l'on connaît, deux adolescents (attention, pour ce cycle comme pour les autres, ne pas oublier qu'à cette époque, l'adolescent est un jeune adulte encore sous tutelle paternelle, mais devant répondre à des attentes sociales telles que la procréation) s'aiment malgré une malédiction familiale dont ils (comme le lecteur) découvrent peu à peu les arcanes. Malmenés par les bouleversements politiques en cours ainsi que par les secrets familiaux, ils se déchirent entre amour fusionnel et désir de vivre leur destin, selon la trame classique qui veut que plus l'on tente de s’émanciper de son destin, plus on s'y enfonce.
Une tragédie totale. Sombre, passionnée, où les conflits internes se consument au milieu des luttes politiques. Brillant.
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Sambre cycle 2 : Maudit soit le fruit de ses entrailles + La mer vue du purgatoire + Fleur de pavé + Celle que mes yeux ne voient pas + (un autre non encore paru)
Le cycle suivant s'intéresse aux héritiers de Bernard et Julie. Pas de désignation officielle, mais on peut l'appeler « le cycle Bernard-Marie et Judith ». Yslaire tout seul.
Cette série se déroule pendant le 2nd Empire. Si le calme semble régner, cette paix est illusoire. On assiste aux premiers regroupements de capitaux industriels et une bourgeoisie aisée s'installe dans un raffinement culturel qui assoira jusqu'à aujourd'hui un certain élitisme culturel français, d'autant plus que les empires s'affrontent et exportent avec eux leur prestige culturel. Mais rien ne change pour le petit peuple de France, et Bernard-Marie et Judith, les enfants de Bernard et Julie, séparés à la naissance, suivront des destins différents, et finiront par se rejoindre, comme les deux faces d'une (non-)révolution : rien ne change jamais, tout revient au point de départ..... d'où l'intérêt d'aller gratter dans les générations précédentes pour le trouver, ce point de départ.
Pour suivre les générations précédentes, Yslaire a fait appel à d'autres dessinateurs.
https://ibb.co/1RSq7qp
Cycle "Hugo et Iris"
Le cycle intitulé « Hugo et Iris », composé de 3 albums, est clos. Il s'intéresse à la relation entre Hugo (le père de Bernard) et Iris (la mère de Julie). Il suit les 17 ans qui se sont déroulés entre le mariage d'Hugo avec Blanche (la mère de Bernard?) et la mort de Hugo en 1847. A mon goût, le cycle le moins convaincant d'un point de vue narratif, tant Yslaire a focalisé son personnage éponyme sur la rédaction d'un ouvrage « La guerre des yeux » dans lequel Hugo cherche une explication à la malédiction qui fait que les hommes de sa famille tombent tous amoureux de femmes aux yeux rouges (comme le diable?).
Le mysticisme dans lequel il baigne m'a un peu fatigué. Néanmoins, on peut attaquer la lecture des
17 albums par ces 3 là qui donneront des clés de compréhension à l'ensemble des « Sambre ».
https://ibb.co/prWYkmR
Cycle "Maxime et Constance"
Le cycle suivant, composé de 3 albums, est intitulé « Maxime et Constance ». A bien des égards, il ressemble au premier cycle paru « Bernard et Julie », sans doute car les personnages se débattent dans une autre révolution celle de 1789. Les personnages sont travaillés, ambigus, à l'image des relations que le personnage masculin entretient avec les 3 femmes de sa vie : Louise-Marguerite, sa première femme, petite noble condamnée à disparaître, Constance la fille du peuple qui saura tirer profit des atermoiements de la république et Josepha, la demi-sœur qui est, pour lui, sa seule moitié. Ici, les jeux de l'amour et du hasard sont sans marivaudage et baignent dans le sang des innocents.
https://ibb.co/hsNXG1b
Cycle "Werner et Charlotte"
On remonte encore les générations et on s'intéresse à Charlotte, la mère de Maxime, mais aussi à la mère de Charlotte (Jeanne-Sophie), intrigante qui évolue comme un poisson dans l'eau dans les salons de le cour d'Autriche auprès de la jeune Marie-Antoinette. Le cycle de 3 albums intitulé « Werner et Charlotte » met en avant le lien incestueux entre le jeune Werner, orphelin adopté par un noble humaniste et Charlotte, mais le triangle d'amour et de détestation se joue surtout entre le jeune Werner, Jeanne-Sophie et le père de Jeanne-Sophie, Augustin. Non-dits et manipulations sordides conduiront au sacrifice des plus faibles et apporteront des (ébauches) de réponse sur la malédiction des Sambre.
De nombreuses personnes ont fait leur lecture de ce roman inclassable. Les niveaux de lecture sont tellement multiples que chacun trouvera le fil rouge qui unit ces 7 générations. Lecture romantique tenant autant de Flaubert que de Gérard de Nerval, historique, psychanalytique, mystique, voire génétique (certains ont fait le lien entre l'hémophilie qui condamne les hommes de ce récit et les femmes qui en seraient porteuses et qui à leur tour transmettent la maladie leurs enfants...). Peu importe.
C'est une grande, grande BD, et vous trouverez votre niveau de lecture.
Les dessins ? Les planches de Yslaire sont sublimes. Les séries réalisées par d'autres dessinateurs, ont à cœur de respecter le travail original tout en marquant leur propre originalité et l'harmonie des couleurs fait lien entre toutes ces histoires.
Allez voir par vous-mêmes. Entrez chez les Sambre. Ils vont vous enfermer dans leur destin.
A propos de Yann, scénariste polymorphe :
Atom Agency tome 1 « Les bijoux de la Bégum», Yann et Olivier Schwartz
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Le jeune Atom Vercorian a bien du mal a se détacher de l'autorité de son père. Ce dernier est inspecteur de police et a formellement interdit à son fils de suivre son chemin. Et dans le Paris des années 50, on ne plaisante pas avec l'autorité paternelle. La même qui insiste pour qu'il se marie avec une fille issue, comme lui, de la diaspora arménienne.
Alors le jeune homme monte une agence de détective tout en fréquentant, sans trop s'impliquer pour autant, une jeune fille ayant obtenu la bénédiction paternelle.
L'agence est quasi en faillite quand les bijoux de l'épouse du milliardaire Aga Khan sont dérobés. Motivé par la prime offerte, Atom se lance dans l'enquête.
Il est accompagné par la jeune Mimi Pinçon dans le rôle de la punaise au sang froid et de Jojo, ex catcheur aux traits à la Jean Gabin qui refuse de n'être que le malabar de service.
Le charme de ce premier album réside indéniablement, plus dans l'univers qu'ont su (re-)créé les auteurs que dans son scénario somme toute trèèèèès classique.
On a plaisir à plonger dans ce polar volontairement rétro où l'argot a des qualités littéraires qui ne sont pas sans rappeler le meilleur d'Audiard.
Le dessin de facture volontairement ligne claire a su prendre le meilleur, la lisibilité, mais la richesse des plans, à l'instar de la couverture, donne de la vitesse au récit.
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Les clins d’œil sont nombreux et autorisent une lecture à plusieurs niveaux selon les références du lecteur. C'est une BD « de genre » dont l'intérêt réside principalement dans des personnages savamment campés bénéficiant d'une assise de genre solide mais proposant aussi des failles dans lequel on perçoit que les auteurs vont aller gratter pour donner matière aux récits futurs.
Un premier volume qui peut se lire comme un album unique. Pour tout public.
ça fait longtemps que j'ai envie de vous parler de ses deux BD et si vous avez pas d'idée pour Noël je vous conseille d'offrir ou de vous offrir ces 2 chefs-d'oeuvre
La Différence Invisible de DACHEZ Julie et Mademoiselle Caroline
Résumé : "Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente."
https://www.editions-delcourt.fr/serie/difference-invisible.html
Une très bonne BD qui parle d'errance diagnostique et d'autisme. J'ai adoré comment la couleur est utilisé pour nous faire comprendre les émotions du personnage principal.
L'autrice, Julie Dachez tient une chaine youtube que je vous recommences qui parle d'autisme et de féminisme : https://www.youtube.com/channel/UCF-njLWFsgM97UGvScZqH4Q/videos
Amour, Djihad et RTT de DUBUISSON Marc
Résumé : "Amour, Djihad & RTT est une plongée loufoque dans le monde du travail à l’heure du terrorisme, lorsque deux mondes a priori totalement différents se rencontrent dans leurs aspects les plus absurdes."
https://www.editions-delcourt.fr/serie/amour-djihad-amp-rtt.html
Autant la première BD est sérieuse autant celle là n'est qu'humour. Elle s'adresse bien sûr aux islamo-gauchos qui ont de l'humour ;) C'est juste à mourir de rire.
[quote="petit nounours"]
La Différence Invisible de DACHEZ Julie et Mademoiselle Caroline
Résumé : "Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente."
https://www.editions-delcourt.fr/serie/difference-invisible.html
Une très bonne BD qui parle d'errance diagnostique et d'autisme. J'ai adoré comment la couleur est utilisé pour nous faire comprendre les émotions du personnage principal.
.[/quote]
Je confirme.
En plus lumineux mais non moins tendre :
Jamais, Bruno Duhamel
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L'histoire :
Madeleine est une vieille dame qui vit seule avec son très gros chat dans une maison au bord d'une falaise. La falaise se creuse au point de menacer l'existence de la maison. Le maire voudrait bien qu'elle quitte son logement, pas tant par souci pour Madeleine, mais car sa responsabilité est en jeu. Mais Madeleine ne l'entend pas de cette oreille. A son âge, la mort est une compagne que l'on s'attend à voir frapper à la porte. Alors, pourquoi irait-elle dépérir dans une maison de retraite aseptisée et sans âme ?
Car Madeleine se nourrit de sa maison. Chaque bruit lui rappelle qu'elle est vivante ; chaque odeur la renvoie à son mari, marin perdu en mer. Chaque rite quotidien rappelle à sa mémoire ses instants passés avec l'homme qu'elle a aimé de toutes ses forces. A tel point qu'elle lui parle, comme s'il était là. Certains l'estiment folle. Mais Madeleine sait bien qu'il est mort. Si elle lui parle, c'est parce que la maison est l'enfant qu'ils ont construit ensemble. Il existe dans ces murs.
Dans ce bras de fer entre logique et déraison, qui aura le dernier mot ?
Ah oui. Madeleine est aveugle.
Une BD qui si elle n'est pas parfaite (références un peu lourdingues –sauf « la nuit je mens », plutôt bien amenée-, personnages secondaires à la limite du caricatural), propose de reconsidérer les choses sous l'angle de l'émotion. Le dessin de facture très classique est nimbé d'une lumière délicate comme celles que les bords de mer proposent lorsque l'orage approche. Est-ce raisonnable de demeurer malgré une tempête qui s'annonce ? Sûrement pas. Mais n'a-t-on pas mérité, au ponant de sa vie, de choisir de la mener comme on l'entend ?
La Différence Invisible de DACHEZ Julie et Mademoiselle Caroline
Résumé : "Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente."
https://www.editions-delcourt.fr/serie/difference-invisible.html
Une très bonne BD qui parle d'errance diagnostique et d'autisme. J'ai adoré comment la couleur est utilisé pour nous faire comprendre les émotions du personnage principal.
.
Je confirme.
En plus lumineux mais non moins tendre :
Jamais, Bruno Duhamel
L'histoire :
Madeleine est une vieille dame qui vit seule avec son très gros chat dans une maison au bord d'une falaise. La falaise se creuse au point de menacer l'existence de la maison. Le maire voudrait bien qu'elle quitte son logement, pas tant par souci pour Madeleine, mais car sa responsabilité est en jeu. Mais Madeleine ne l'entend pas de cette oreille. A son âge, la mort est une compagne que l'on s'attend à voir frapper à la porte. Alors, pourquoi irait-elle dépérir dans une maison de retraite aseptisée et sans âme ?
Car Madeleine se nourrit de sa maison. Chaque bruit lui rappelle qu'elle est vivante ; chaque odeur la renvoie à son mari, marin perdu en mer. Chaque rite quotidien rappelle à sa mémoire ses instants passés avec l'homme qu'elle a aimé de toutes ses forces. A tel point qu'elle lui parle, comme s'il était là. Certains l'estiment folle. Mais Madeleine sait bien qu'il est mort. Si elle lui parle, c'est parce que la maison est l'enfant qu'ils ont construit ensemble. Il existe dans ces murs.
Dans ce bras de fer entre logique et déraison, qui aura le dernier mot ?
Ah oui. Madeleine est aveugle.
Une BD qui si elle n'est pas parfaite (références un peu lourdingues –sauf « la nuit je mens », plutôt bien amenée-, personnages secondaires à la limite du caricatural), propose de reconsidérer les choses sous l'angle de l'émotion. Le dessin de facture très classique est nimbé d'une lumière délicate comme celles que les bords de mer proposent lorsque l'orage approche. Est-ce raisonnable de demeurer malgré une tempête qui s'annonce ? Sûrement pas. Mais n'a-t-on pas mérité, au ponant de sa vie, de choisir de la mener comme on l'entend ?