J’habitais à New-York Tribecca mon amour
Étouffé des buildings et de peur du vide
J’avais quelques amis de Brooklyn et du Queens
Qui venait sur les toits pour chanter du Zeppelin
Il y avait ce soir-là un jeune homme avec eux
Que je connaissais pas qui s’appelait Jessie
Moi qui sait lire l’humain je l’ai vu dans ses yeux
La rébellion de ceux qui deviennent mes amis
Quand tombait la nuit noire on traînait les parkings
Puis quelques gonzesses juste histoire que ça swing
À regarder les gangs de la sud Amérique
À tirer des sur des bangs d’herbe de Jamaïque
À souffler des pétards au gré des gyrophares
On regardait New-York qui posait son regard
Mon ami le plus cher à mes yeux était là
Il avait les yeux clairs qui font voir au-delà
De la mélancolie des ruisseaux d’Arkansas
Des putains d’Hollywood aux chevaux du Texas
Jessie il avait fait de la taule à Rikers
Jessie à dix-huit ans il avait pris deux ans
Parce qu’il avait tapé l’animalerie du coin
Pour remettre à la mer des poissons combattants
Dans le feu des bidons qui réchauffaient nos mains
Jessie il savait lire dans les cendres du vin
Putain t’es où
Jessie
New-York a froid
Et moi aussi
Sur les toits je traîne
La nuit sur mon dos
Le silence des villes
Le bruit du train
Dans des bars à burger où on draguait les filles
Qui sortait des night-clubs où ne rentrions pas
Jessie il arrivait à faire les yeux qui brillent
Aux plus belles de New-York ou bien de l’Illinois
Alors on traînait là sur les rooftops du monde
Bras d’honneur aux gratte-ciels je te tiens si tu tombes
Toi t’avais l’air indien moi j’avais l’air de rien
Rien de plus que ton ombre oui mais ça m’allait bien
De voir ta poésie Rusty James sur les toits
D’un New-York agonie toi tu volais je crois
Ta gueule d’ange effilée au reflet des lumières
Faut filer dans les ombres trajectoire du lointain
Quand il me jouait ses sons aussi peu thunés que lui
J’entendais l’horizon qui naissait dans un cri
Je lui disais qu’on pourrait tourner à deux en France
Il me disait qu’il était trop libre pour les français
On parlait de partir là où vont les rivières
On rêvait de s’enfuir pour tout laisser derrière
On allait faire le tour des états unifiés
En stop ou en trailer dès qu’on aurait le blé
Putain t’es où
Jessie
New-York a froid
Et moi aussi
Sur les toits je traîne
La nuit sur mon dos
Le silence des villes
Le bruit du train
Au-dessus du pont
Dans l’appartement
Où je dors à présent
Y a des pigeons
Ils me parlent de toi
Ils disent je te ressemble
On se dit que tu vas bien
Que tu n’es pas très loin
Putain t’es où
Jessie
New-York a froid
Et moi aussi
Sur les toits je traîne
La nuit sur mon dos
Le silence des villes
Le bruit du train
Le silence des villes
Le bruit du train © Damien Saez