Notre-Dame Mélancolie,
Voilà je suis là, devant toi,
Alors que se pose la nuit,
Alors qu'elle entoure de ses bras,
Quelques ivrognes en bords de Seine,
Qui me rappellent à mes ivresses,
Comme la marée au chant des peines ,
Qui vient vous conter la tristesse.
Notre-Dame Mélancolie,
Je viens te parler des Amours,
Te parler de mes yeux qui fuient,
Depuis que j'attends son retour.
Celle-là qui a pris mon coeur
Puis l'a bouffé comme un vampire,
Il ne me reste que la douleur
Que la douleur du souvenir.
Paris jolie, Paris maudit,
Dis moi qu'est-ce que Paris sans toi ?
À peine un vieux roman qu'on lit,
Un bien triste musée, je crois.
Et moi triste diable qui pleure,
Et moi le tigre qui a peur,
Qui suis là comme un pauvre coeur,
Puis moi qui sais plus à quelle heure.
Je l'ai attendue sur la place,
Mais mon Amour n'est pas venue,
Et puisque toujours le temps casse,
Ce qu'on s'est dit, ce qu'on a cru.
J'avais un bouquet de ronces noires
Car je sais bien qu'elles aiment ça,
Les naufragées du désespoir,
Qui font pleurer mes yeux, tu vois.
Alors je les offre au passants
En leur disant qu'elles sont pour toi ,
Puis que si c'était à refaire
J'aurais pris des orties je crois,
Alors je leur offre mes ronces
Mais les passants n'en veulent rien,
Je crois bien que c'est pas l'époque..
D'offrir des fleurs à son voisin.
Notre-Dame Mélancolie,
C'est un Empereur à genoux,
Qui devant son Empire détruit,
Tente de se remettre debout.
Pour dire adieu au temps passé
Puis pour dire un peu, à Dieu :
Pour toujours que je t'aimerai,
Puisque c'est écrit dans les cieux.
Je suis Napoléon, je crois,
Et ma Saint-Hélène c'est ma vie,
Alors je suis là, devant toi,
Notre-Dame Mélancolie.
Car de l'amour on ne guérit,
Que lorsqu'on trouve un autre Amour,
Et moi qui n'ai jamais trouvé,
Que des guerres au son du tambour.
Puis toi la messagère du Ciel,
Des misérables de nos vies,
Notre-Dame confidentielle,
Un jour si l'amour nous sourit,
Je reviendrai sur le Parvis,
Un jour pour y brûler un cierge,
Ou bien qui sait pour embrasser,
Pour embrasser le cul d'une vierge.
Notre-Dame Mélancolie,
Tu sais les églises, les mosquées,
Les synagogues puis tous les temples,
Puis tous les fils des Templiers.
Des ignorances au goût de Dieu
Pour mieux vendre aux désespérés
Pour les marchands du désespoir
Sûr, y'a de l'argent à gagner !
Notre-Dame Mélancolie
Dis, combien de sang sur les mains ?
A croire que le Bon Dieu ici,
Du Diable n'est que la catin.
Des prostitutions sur l'autel
Des spiritualités, mon cul !
Il n'est rien de spirituel,
Dans le théâtre des faux-culs !
Notre-Dame des tyrannies !
Notre-Dame collaboration !
Notre-Dame de tous les pays
Puis Notre-Dame désillusion
Les fils de Dieu puis des Marie
Puis des coeurs pieux au Paradis
Moi le pieu est planté au coeur
Et mon coeur s'oublie dans l'oubli.
Notre-Dame Mélancolie
Tu le sais toi, mieux que personne !
Puis t'as qu'à voir comme Jésus crie,
Oui, puisque Dieu nous abandonne.
Qu'on finit tous sur une croix,
Celle de la vie ou celle en bois,
Avant de rejoindre la terre,
Qui est notre seul Bon Dieu, je crois.
Notre-Dame Mélancolie
Dis, puisque Dieu n'existe pas,
Tu sais quand je rentre au matin
Je regarde ton cul parfois
Alors je demande aux gargouilles
Aux gueules de Diable qui aboient
Comment l'ignorance des Hommes
Peut construire aussi beau que toi.
Notre-Dame Mélancolie,
De Moselle ou bien de Paris
Puisque le siècle est religieux
Dis-moi qu'est-ce que l'on fout ici ?
Dis-moi pour nous les miséreux
Les misérables, comme il dit,
Et moi qui ne crois pas en Dieu
Notre-Dame Mélancolie.
Notre-Dame Mélancolie
Voilà mon Amour est parti
Puisqu'elle n'est même pas venue
Avant même d'être partie
Dis-moi à quoi me sert ton Dieu
S'il me sépare de mon Amour
S'il fait toujours pleurer nos yeux
Perles d'acide sur du velours.
Notre-Dame Mélancolie
S'il ne le reste que la Seine
Pour y jeter mes roses Nuit
Pour y noyer ma peine
S'il ne me reste que le pont
Pour m'y jeter comme les milliers
Qui se sont jetés apprenant
Qu'ils ne t'avaient pas rencontré.
Notre-Dame Mélancolie
Tu sais ton Dieu, tes religions,
Notre-Dame je te remercie
De ne plus y faire allusion
À ça pour faire mourir les coeurs
Puis pour faire mourir les amours
Dis, t'as qu'à voir un peu comment
Sont les adieux sur les carrefours.
Notre-Dame Mélancolie,
Tu sais j'étais déjà venu
J'étais venu pour voir Marie
J'avais parlé à des statues
J'voulais l'emmener voir Broadway
Mais Marie n'était pas venue
Alors me revoilà pleurant
Devant toi, aux amours perdus.
Notre-Dame Mélancolie
Tu n'es la Dame de personne !
Tous ces pauvres gens qui te prient
Ces pauvres coeurs qui s'abandonnent
Qui viennent prier pour des bons dieux
Qui viennent emmerder ton silence
Pour y venir gémir un peu
De l'humain toute la souffrance.
Notre-Dame, non tu n'es pas dame
Toi tu seras ma demoiselle,
Tes mots chuchotés aux gargouilles
Tu seras ma confidentielle
Tu seras juste un mur de plus
Putain ma vieille, qu'est-ce que t'es belle
Toi, ce que l'Homme a fait de mieux
Je crois pour s'approcher du ciel.
Puis tu seras pas ma demoiselle
Tu seras ma putain je crois
Comme les gamins qu'aiment bien pisser
Au derrière de ton cul parfois
Mais ils me coulent par les yeux
Toujours les flots de la tristesse
Quand parfois je parle avec Dieu
Quand parfois je chante la Messe.
Moi je n'ai pas de dieux crois moi
Moi je n'ai que ce coeur qui bat
Moi je crois bien je n'ai que moi
Toujours crucifié sur la Croix
Moi qui n'ai pas de religion
Ici toujours que l'horizon
Pour dire l'amour à cet humain
Oui ma confiture au cochon.
Notre-Dame Mélancolie
Voilà je marie devant toi
Le Triste à la Mélancolie
Qu'est de respirer ici-bas
Je suis là, pauvre coeur de diable
Fils du Péché, puis fils de rien
Je suis là, pauvre coeur de Christ
À tendre le coeur à l'humain.
Me voilà orphelin des dieux
Me voilà là, fils de la Terre
Moi qui n'ai jamais su aimer
Je crois rien d'autre que mon Frère
Moi qui ai commis tous les péchés
Moi qui n'ai pas peur de l'Enfer
Moi qui ai compris y'a bien longtemps
que l'enfer c'est vivre sur Terre.
Si nous ne sommes compagnons
De route, toi, tous tes curés,
Si ton eau bénite ne goutte
Chez moi que quand je vais pisser,
Non je ne te demande rien,
Que faire attention à ceux-là,
Qui ont perdu sur le chemin
Leur amour sur la croix. © Damien Saez