Tu voulais du médiocre et moi j’en avais pas,
tu voulais l’univers et moi j’avais que moi,
tu voulais le silence quand j’étais que musique,
qu’on marche parallèle quand j’allais qu’à l’oblique.
Tu voulais des rivières au milieu du désert,
tu voulais les voyages, moi j’étais sédentaire,
que je fasse des chansons qui m’emmènent au sourire,
j’y peux rien moi je n’ai que des larmes à leur dire,
et des plaines de pluie pour unique empire.
Quand je serai parti que lira mes poèmes
un autre romantique qui se verra en moi,
il se dira sans doute : « Oh c’est beau comme il l’aime ! »
Mais qu’il sache que je n’ai jamais aimé que moi ;
qu’au lit ou dans le cœur l’égoïsme est la mère
des générosités.
Que les femmes me pardonnent de n’être fait pour elles,
d’être comme un nuage qui recherche son ciel !
De n’être qu’un navire toujours à la détresse ;
et cette envie de fuir de ceux qui sont en laisse !
Pardonnez-moi vous tous qui vous liez les mains ;
vous qui pensez qu’à deux vous ferez mieux le chemin,
vous qui pensez que l’autre vous sauvera la peau
alors que de votre âme il fera des lambeaux !
En amour que l’on soit le plus grand des guerriers
ou la triste brebis qui cherche le berger,
on finit tous à terre à chercher les morceaux,
au bord du précipice à deux pas du grand saut,
à deux pas du tombeau. © Damien Saez