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l'adulte en toi pointera son nez bien assez vite, chaque chose en son temps
petit musa deviendra grand ^^
PS : j'avais particulièrement aimé les passages où tu as cité "la Chloccinelle"
j'ai trouvé cela très beau et très touchant
On entend treize coups c'est
L'heure des poètes elle
Frémit c'est un visage de glace
Chaste que le soleil lutine.
Elle bruisse comme
Un fantôme
L'inaudible palabre d'astres qui font
Naufrage.
Elle est le soupir d'un dieu
Qui au réveil s'est encore
Cogné à la Lune.
A cette heure je voudrais
Etre pilote de comète
Pupilles du Créateur
Sagesse de mon corps!
Scaphandre de couilles
De nerfs et d'entrailles
Assez de cailloux dans
Mes plaies pour rêver
Je ne suis tu n'es
Que la paupière affalée de
L'Univers.
Hordes d'images battues
En neige
Je ne peux pas dire
L'aurore
Mais j'ai ouvert grand ma peau
Entre attise moi
Dans l'éboulis des nuits s'éveille un
Bouton d'or.
Heureuse que tu reprennes la plume.
Mais je crois qu'il faut que j'arrête de te lire, c'est pas la première fois que tes textes font à ce point écho et c'est très troublant là.
je n'ai jamais lâché la plume, Angie :) j'ai simplement moins à livrer au cahier, je me déplume sur quelque chose de moins brouillon, enfin j'essaie.
Des éclairs lancent tes yeux au travers du judas qui bat dans ma poitrine.
Dans la glace je fouille mon visage
Coiffé comme ma brosse à dents
Je cherche le passage de tes mains.
Derrière moi, au second plan
Le paysage a déroulé son store
C'est la nuit.
Dans un quartier résidentiel de Dublin qui se décrit par des mots tels que paisible isolé vert agréable élégant
A la nuit tombée, après le passage des véhicules de leurs voisins, gambadent dans la rue, furtifs, de longs corps souples et minces
Des renards qui errent, fuient le fracas de mon vélo puis reviennent en sens inverse un instant plus tard, effrayés par deux larges phares qui s’allument en toussant.
Une fois arrivé sur mon campus, je m’engouffre à la suite de trois filles bruyantes qu’un taxi vient de laisser devant l'entrée ; d’un coup de pied de superespion négligeant, je repousse le portillon et je passe, au rythme qu’il me plait, aux rythmes des petits princes, dans les allées bétonnées.
Après le premier virage à droite, laissant sur ma gauche le bâtiment faisant office de réception, je note, du coin de l’œil, sans rien en laisser paraitre, la présence rassurante d’un de mes condisciples, près d’un fumoir en parpaings et en tôle trouée ; il tire des bouffées nerveuses, tremblantes, dans le froid trempé de la nuit, puis rallume son mégot, et me voilà déjà parti vers mon baraquement.
Ce bonhomme, petit, trapu, pesant, gras plutôt que gros, mal barbu, de l’espèce dite des chauves-chevelus, aux yeux abrutis par les toxines, à la face déjà grillée, m’est rassurant ; il est un peu mon Hagrid, enveloppé dans son ample manteau de toile imperméable. Il est un peu, je m’en rends compte à présent, mon Ignatus Reilly. Personnage dont je vous recommande grandement la fréquentation par ailleurs, vous vous en doutez n’est-ce pas.
Il est naturellement irlandais, et bien que son apparence n’en laisse rien deviner, en lui je revois le renard; créature d’un autre temps aux griffes brisées sur l’asphalte, aux rétines polluées de voitures ; jeune vieil alcoolique rallumant le mégot à 2 heures de la nuit, seul, déconcertant, bourru, rassurant.
L’Irlande est un vaisseau sur lequel arrive en rampant *rats scorbut mutinerie dysenterie rats rats* le Nouveau Monde
La figure de proue, charmante, rit au tonnerre qui gronde.
[quote="musashi"]je n'ai jamais lâché la plume, Angie :) j'ai simplement moins à livrer au cahier, je me déplume sur quelque chose de moins brouillon, enfin j'essaie.[/quote]
Oui enfin c'est ça, je voulais dire que j'étais heureuse de te lire à nouveau ici, pfff.... y a que moi qui me comprends, je cours m'étouffer dans un pot de nutella
[img]http://petitemimine.p.e.pic.centerblog.net/5b4c98c9.gif[/img]
Ton Hagrid me fait penser à l'ami de lycée de X dans un de tes anciens textes.
Tu cherches des propositions pour travailler à la promotion du tourisme en Irlande ?
je n'ai jamais lâché la plume, Angie j'ai simplement moins à livrer au cahier, je me déplume sur quelque chose de moins brouillon, enfin j'essaie.
Oui enfin c'est ça, je voulais dire que j'étais heureuse de te lire à nouveau ici, pfff.... y a que moi qui me comprends, je cours m'étouffer dans un pot de nutella
Ton Hagrid me fait penser à l'ami de lycée de X dans un de tes anciens textes.
Tu cherches des propositions pour travailler à la promotion du tourisme en Irlande ?
:D c'est exactement ça, mon ambition première, c'est le tourisme vert.
quand à t'étouffer, ne fais pas ça!
tu gâcherais tellement de bon nutella, égoïste.
:)
SALE GOSSE !
Alors, je spoile, mais voici ce que j'ai, je crois, le "plus" écrit depuis un moment.
Elle vient d'un endroit que les Européens ne vont pas visiter.
Qui n'est peut être pas assez loin? Pas assez gai?
Elle a une peau que j'imagine
Comme un très beau bois clair
Infiniment verni
Brun comme la terre, à Tunis, doit être brune.
Brun de crème et de miel, blondi par le soleil.
J'imagine son coeur très doux, comme le duvet d'un chaton, et rétif, et fuyant.
C'est un chaton nocturne, tout le jour enterré
Sous sa poitrine
Polie comme un galet.
J'entends sa voix, cognant un peu les mots, trahissant des siècles de phrases sauvages qu'on ne traduit pas en Français.
Ses lèvres, épaisses et larges, faites pour embrasser les yeux
Ont un goût inconnu c'est tant mieux
Ses hanches sont nées d'un velours ancien
Douceur des papillons
Son ventre est un tigre aux griffes limées, recouvert de beurre jusqu'à la gueule
Qui cache des dents prises au fourreau de Saladin.
Son oeil, un très vieux soleil à présent noir comme un savon
Posera sur moi sa force et sa noblesse.
Il aime ou condamne de manière égale
Héritier des Sultans.
C'est cet oeil plein de sable brûlant qu'elle me donnera.
Moi, téméraire, fou peut-être, comme sont les chrétiens
Je lancerai mes bras
Quelques commerçants souriront
Un instant, la rue sera notre théâtre
Et puis nous partirons.
Nous ne dirons pas un mot si nous sommes honnêtes
Nos mains demeureront ouvertes
Et ma bouche libérée
Dans ses cheveux dira ce qu'il faut dire: un baiser.
Puis viendront les trompettes
Le babil d'un café
Je tendrai un bouquet
Deux iris
Offertes par la mer en cadeau de naissance.
Alors nous parlerons de ses cils de corbeau
Elle boira un verre de ce vin de Bordeaux
Qui a pour goût mon âme.
Alors là, félicitations @musashi. Ce texte est bien rythmé, bien balancé je trouve un peu comme une mer régulière dans sa houle
merci! L'idée c'est que cette page est un cahier de brouillon où je ne fais que des premiers jets; mais j'ai repris celui là pour justement, lisser son rythme, en faire un objet plus mobile. je suis content que tu remarques ces rythmes :)
Comment ai-je pu envisager une seconde cesser de vous lire !
Les mots m'ont embarquée dans une danse orientale douce et langoureuse, dans les parfums sucrés et épicés, dans la tendre musique des poètes arabes.
C'est une danse cassée qu'on ne pratique que sur un filet de flûte, les autres instruments n'ayant rien de plus à dire.
C'est justement parce que le rythme y est parfois cassé que ça m'évoquait la danse orientale :)
Sinon ton texte est trop beau pour les commentaires qui me viennent sur la flûte.
Grise la Terre et le Ciel gris
Ce sera l'aréoport
Ou bien l'aéoropt
Ou encore
L'aéroport.
Bien sûr tu auras rongé le nacre de tes ongles pendant le trajet
Plus tard, je sentirai tes doigts
Comme des coquillages ébréchés ricochant dans la vague
Que j'aurai ramassée dans mes cheveux, tout exprès.
Décrochée du ciel
Dans une lourde écharpe de laine
D'un long regard élastique
D'un pas de sac plastique
Dans le vent
Tu chasseras l'aéroptor en sifflotant entre tes dents.
Puis tu trébucheras
En attrapant deux fois moi dans tes yeux détrempés.
Je les frotterai comme des nouveaux-nés contre mon coeur chaud et sec
On nous emmènera chez moi, où les renards la nuit trottent sur les trottoirs.
Ici, tu verras comme j'ai changé
Comme j'ai grandi droit- sans m'élever bien haut
Comme j'ai grandi droit vers toi.
Tu le verras aux photos patafixées sur les pans de
Mon cachot tout blanc
A mes meubles lissés par les vers de la nuit
A mes cahiers ouverts par les vers des journées
A mon simple lit
Que j'aime assez peu, comme tous ceux
Que tu n'as pas épris.
Après avoir bien vu que je suis toujours fait
De ce bois nerveux que tu courbes
Et les signes indiens que je me suis creusés
Pour enchanter les impasses, les péages d'autoroute
Et les aroéports
Tu poseras ton âme à mon chevet.
Comme un chapelet
Comme une image sainte
Comme les Fleurs du Mal
Ton âme cornée.
Ce sera le moment de partir pour l'ouest de cette île où je t'attends
Vivre ce qu'on n'écrit pas, tant qu'il n'est jamais trop tard.
[quote="musashi"]
Ce sera l'aréoport
Ou bien l'aéoropt
Ou encore
L'aéroport.
[/quote]
Aréoport de Nice, Aréoport de Nice, deux minutes d'arrêt.
Ce sera l'aréoport
Ou bien l'aéoropt
Ou encore
L'aéroport.
Aréoport de Nice, Aréoport de Nice, deux minutes d'arrêt.
je l'aime bien celui lá @musashi
que ton cachot perde un peu de sa blancheur virginale puisque l'aéroptor n'a pas dérobé á la belle ses tubes de gouache.
on arrive aussi sur les iles en bateau, pense á l'attendre aussi aux ports :)
merci :) je ne suis pas sûr de l'avoir réussi, même pas du tout, mais tant pis. chouette si malgré son échec, il sait se rendre aimable.
bien vu, le coup des ports.
Petite histoire d'un bouquet.
Un type qui traine la rue jolis quartiers des maisons comme des châteaux électriques
Musique autour de lui qu’il a lui-même déployée
Il faisait son bouquet à l’heure où les renards ne sont plus de sortie
Fleurs de février
Chétives, pas de force pour un parfum
Seulement fraiches
Pas de force pour un pigment
Blanches comme des cygnes et parfois dorées
Son bouquet pour une femme qui ne l’aime pas à moitié
Un type en casquette, 04:14 un bouquet de rue dans le gant et sa bouteille de Tullamore dans le ventre
Le Tullamore c’est du whiskey
Les arbres, qui font toujours ce qu’est pas permis
Ont pris cette nuit leurs formes amoureuses
Bien découplées leurs branches s’élancent
Il y en a souvent 4 ou 5 on entend leurs lèvres sèches s’embrasser
Leur sève lâche frêle sourdement filer
Les amoureux dansent la ronde seuls les fous sont à la valse
Les fous c’est lui
Le charmeur des pierres des murets
Celui qui fait des nœuds aux vieux chênes
Celui qui danse avec les lampadaires
Aussitôt dit aussitôt fait
L’alarme des écureuils
Pour qu’ils grimpent accrocher l’aube aux peupliers
La haine au cœur et des fleurs plein les bras, et des oiseaux pour traduire ses yeux saouls de néons salopés et de crachats distillés
Pets satisfaits de l’ivresse la rue comme le canon d'un flingue il
Apporte son bouquet bissextile au chevet de sa femme houx.
*
Des carnassiers à ressorts sur deux pattes se détendent et se tendent sur le parquet qu’est dans ma tête
Ça fait du bruit, la rayure des griffes sur le parquet qu’est plein d’échardes
Ça les énerve.
J’ai hypothéqué même mes états d’esprit, je bats la cadence de l’absence dans mon lit
Je suis occupé à garder mon déséquilibre
Ou à le regarder
Je mastique les phrases qui me parviennent puis j’y réponds et puis j’oublie mes réponses
Et leurs questions
Dans ma tête j’me brosse les dents
En ta mémoire j’me brosse les dents j’fais un tas de trucs pas très marrants comme
Me caresser l’aine avec un geste qui n’est hélas pas fébrile et qui n’est pas sensuel comme
Me moucher proprement et me laver tout bien comme un grand comme
Dire des phrases où les mots sont pesés l’un après l’autre
Des phrases qui tombent comme des dominos aussitôt que les mots sont mis les uns derrière les autres
Des phrases qui ne te disent pas reviens ni va-t’en plus loin des phrases qui ne disent rien.
Dans ta mémoire j’suis plus si sûr d’être trop présent
Autrement qu’un vieillard qui traverse ta rue tous les soirs pour sortir son clébard
Dans ta mémoire j’ai changé d’trottoir et je me suis assis sur un muret sans âge
J’attends qu'le monde entier batte ma mesure chaloupée, tranquille
Mon temps de ricochets pour crocheter les montres et enfiler des océans dans leurs cadrans
Et puis, parfois, en ta mémoire
Je change les fleurs séchées qui moutonnent dans cette bouteille vide
Je refais un bouquet, des fois que tu repasserais
Laisser autre chose chez moi que les cadeaux que je t’ai faits.
c'est un vrai plaisir de te lire de bon matin avec un café fumant dans les mains :)
j'ai beaucoup aimé le deuxième, jolie remontée de souvenirs d'un temps passé ...
Je suis un Pinocchio devenu insomniaque
L’anesthésie est mon état actif.
Je suis fait de quel bois je qu’est-ce que j’en sais arrache
Un bout de moi ça ne me fera rien.
Souvenez-vous de moi s’il vous plait je pourrais je pourrais m’oublier
Je ferme les yeux.
*
Mes doigts se souviennent de leur clavier
C’est mon premier poème écrit les yeux fermés.
Rideau tiré
Les nuits ne savent rien de moi
Ma lampe allumée me connait
Seule elle sait.
Je ne dors plus j’écris
Parfois même mes doigts renoncent
Alors j’efface
Minutes littéralement annihilées
J’efface, je suppr, je sur-suppr.
En mordillant ma lèvre je me souviens de
Mes rêves éveillés
Des centaines d’erreurs pour la beauté du geste
Comme si
Comme si j’avais de fins os de caille
Au travers de ma gorge.
Comme si j’avais gobé des charognes
Une nuit d’hébétude.
*
La musique aussi m’excite des choses comme
Le piano
Reste-t-il d’autres sons attendant d’être pris
Au filet des papillons ?
J’en pleurerais bien
Mais je ne pleure toujours pas
Je suis l’inachevé de moi.
Jamais la bande ne s’arrête dans ma tête
Toujours l’image est floue
Mes rêves sont ces galets bleus avec lesquels
On fait des ricochets
Un, deux, trois
Parfois 7 8 ou 9 je ne suis pas mauvais
Puis ils sombrent.
Je ne cherche même pas ces hanches
Sur lesquelles je veux m’endormir
En les laçant de mes bras
En polissant mon oreille
Sur l’escargot du nombril
De l’univers
Qui est femme
Et femme
Et…
Quand cette femme tombera
Dans mon oreille
Je tremblerai si bien que l’on m’attachera
A moins que je ne tremble pas.
Puisque que je suis l’inachevé de moi je ne tremblerai pas
Tiens, c’est exact
Recommençons.
Ma tête tournera
Ah oui c’est plutôt ça
Ma tête tournera j’irai
Me coucher à ses pieds
Sans doute sera-t-elle assise
Sur un ancien amour.
Tiens je le lui/ Oh non
Je ne lui dirai rien.
Pourquoi toujours parler ?
A l’école des solitudes
Et des minutes de miroir
J’ai pourtant appris le silence.
*
Je conçois presque de la joie en rêvant à ce jour où je te trouverai
Alors tu souriras
De me voir me vider contre toi et puis dormir cent ans
Et tu me souriras quand je m’éveillerai
Pour cent ans!
Galet qui quitte l’eau pour aller ricocher
Sur les flèches blanchies qui chassent les avions
Pour y graver ton nom.
De temps en temps des vers, quoi, pour voir.
Si je pouvais être vécu
Mais je ne puis, puis à quoi bon
Si je pouvais on aurait vue
Sur mon passé d’accordéon
Maigre accordéon de cyanure.
Quand vient le moment du goûter
Et que j’ai de quoi voir partir
Je prends des cookies et du lait
Mes dents dérouillent un souvenir
Le temps gamin des aventures.
Puis elles déchirent ma langue
Rouvrent ces sillons infantiles
Qui font qu’aujourd’hui mes mots tanguent
Sur des crevasses érectiles
Dansant au palais des blessures.
Bientôt mes bouchées sont saignantes
Je sens poindre un coquelicot
Prêt à éclore pour l’amante
Qui léchait les plaies de mes crocs
Je me souviens ses confitures.
Confitures de mirabelle
Irons-nous voir si les camions
S’arrêtent encore à la donzelle
Qui agite un poignet mignon
Camionneur pars à vive allure !
Quand je sens l’odeur de l’essence
Je me rappelle des vendanges
Ce mot qui dans mon innocence
Ne parlait que d’une vidange
Mes mirages à moi étaient sûrs.
Pique-niquer c’était joli
Sur des nappes ou dans un talus
Amour était-ce samedi
Ces taillis d’hier t’auraient plu
On faisait vivre des voitures.
La Lune tombait dans les prés
Pas dans des tirelires à rage
Aussi loin que ce que j’en sais
Elle avait peur dans les virages
Son mirage n’était pas sûr.
Depuis qu’on a foulé la Lune
On me marche aussi sur la gueule
Et j’entends hurler dans la hune
Après la mort un épagneul :
Cher chien mon crâne est un œuf dur.
c'est curieux, ce dernier texte est vraiment différent, mais il se lit toujours aussi bien et avec autant de plaisir ^^
[i]bises Musa[/i]
:) c'est gentil! Oui, fatalement, le vers isométrique rimé trimballe son vieux carcan quand il s'invite.
C'est dans ton vers sans nul doute que je plongerai
Pour rien au monde j'en reviendrai
Alcoolique!
En revoilà.
Des mots, des phrases, qui racontent la guerre que je fais au silence ; c’est parce que pour lui en mettre plein la gueule au salaud. Lui faire sentir un peu le néant qu’il brique, brique après brique.
Des rafales de mots, de phrases folles raffinées jouent avec leur écho dans mon cœur raviné ; aussi, ma grammaire est morte dans le silo du silence, enceinte d’un rossignol basaltique.
Abrutir le silence en dessous du silence, giganéantir le silence
Il me le faut.
Ces mots ces phrases se succèdent parce que je ne voudrais pas rater une occasion de me traire. C’est-à-dire que bien sûr que je le sais qu’il vaut toujours mieux n’en rien dire si l’on n’y peut rien faire
Ni n’y ni n’en ni nan ! Faire fer foutre aux fers l’enfer faire feu de tout verre.
On ne peut de toute façon pas grand-chose, en effet c’est l’hiver en enfer. En effet.
Je peux à peine mettre au frais quelques bosquets d’hématomes ; puis parfois les agiter au nez d’un aviateur venu m’éther-nuées.
Des mots des phrases il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin de croix
Sûrement qu’alors cela se calmerait, passerait par des épuisettes.
La vie court en moi et moi en elle, d’écluse en écluse je m’explose avec fracas
Contre ce silence
Qu’ensuite j’explose avec fracas contre toi et toi et toi
Avant d’en venir enfin aux points
De tout miser sur le coquelicot
De scier les barreaux qui me poussent au palais
Et hop ! dénoué mon courant t’emporte charrie des et des marionnettes cireuses masques de porcelaine et
Les tréteaux d’un squelette branchu de méridiens et
Le limon défait des encres sèches qui crépitent et
Le sable fin des pépites à secrets qui éclatent et
La centrale a déclaré qu’un bon petit retour à la ligne peut être, pourquoi pas, et un brin de ponctuation, un point final demi-suspensionnaire, pour se retrouver, se trier pour pouvoir se traire
Sans se trahir
Mais en fait de déclaration la centrale n’a qu’à fermer sa gueule et je lâcherai pour faire bonne mesure une ultime purée de mots cassés
Verts d’eau verts de pelotes de Verlaine
Verts mi- figue mi- fugue mi- vermifuge pour se décapiter toutes les idées grises ne garder que les colorées
Qui ont du muscle et de la suite dans les coups de dés alors tiens
Au hasard une idée colorée la voici connais-tu le miel d’acacia ?
Sais-tu cet arbre à la sève odorante, à l’écorce cartographiant des océans Vikings, cet arbre aux mille neuf cent quatre-vingt-quatorze feuilles qui dentèlent le soleil ainsi que les nuages dentèlent le ciel
Cet arbre aux grappes de fleurs que défend un royaume d’abeilles ?
Quand tu goûteras le miel d’acacia, souviens-toi : jusqu’à tes lèvres je dentèle tes pensées
Souviens-toi.