D'ores et déjà terminé, le 3ème album de Damien Saez devrait sortir entre fin août et début septembre. Alors que le nouveau single, « Debbie », vient de débarquer sur les ondes, Rock Mag a pu écouter la bête et s'entretenir avec le petit prince du rock devenu grand.
Que s'est-il passé depuis la fin de la tournée « God Blesse » et tes derniers concerts à La Cigale ?
J'ai fait La Cigale piano/voix en juillet et après, en septembre, je me suis mis à l'écriture. J'ai bossé tous les textes d'abord, j'ai fait vraiment plein de textes en 3 mois... Je n'ai fait que ça et après on est partis à Londres, mi-décembre. Lorsqu'on est partis là-bas, on n'avait rien sauf les textes. On n'a pas fat de pré-prod. J'avais envie d'attaquer direct par les batteries. Après, j'avais quand même une idée du truc? On était assez d'accord, avec Frank et Pat (Patrick West, guitariste qui a rejoint le groupe sur la dernière tournée, Ndlr), sur la couleur qu'on voulait donner.
Tu as toujours écrit l'ensemble de tes textes avant d'entrer en studio ?
Non, et justement là ils sont plus léchés. Ils sont plus écrits, différents de ce que j'ai pu faire avant. En fait c'est deux formes d'écriture, soit tu écris en travaillant, soit c'est du cri jeté que tu ne retouches plus. Avant, c'était plus ça... De toute façon, je n'avais pas envie de refaire le même album que le précédent. C'était un peu mon but aussi d'avoir encore une porte qui s'ouvrait vers un ailleurs et d'être plus concis dans le vocabulaire... Que tout soit plus concis. Moins à brouiller les pistes. J'aime toujours le faire, mais là ce n'est pas ce dont j'avais envie. Et puis, je me posais un peu cette question sur comment formuler une évolution de façon différente. Comment se trouver une identité autre que ce qu'on à déjà établi...
Chacun de tes albums possède une cohérence, un climat propre. C'est encore le cas cette fois. Il est important pour toi de ne pas t'éparpiller, de ne pas partir dans tous les sens ?
Ouais. Là, par exemple, il n'y a pas une seule guitare acoustique, mis à part sur un titre. C'était de la discipline. Dès qu'on partait ailleurs, c'était non ! On est restés avec des guitares énervées, comme si l'album était un concert et que tu n'avais pas de backliner pour te ramener une autre gratte. Et puis, j'avais écrit tous les textes dans la même période. Tous les textes racontaient un peu le même délire, donc c'était logique pour moi qu'on ne se perde pas musicalement.
Ce nouvel album est beaucoup plus rock que tout ce que tu as fait jusque-là. Pourquoi avoir choisi cette direction ?
Comme les textes sont moins bruts et vachement plus léchés, ça nous permettait d'être plus brut dans la musique. Parce qu'au niveau des mots, il n'y avait pas de clichés...
Il faut un équilibre entre la crudité des mots et la brutalité de la musique ?
Ouais, en tout cas c'est plus intéressant dans ce sens-là. C'est d'ailleurs pour ça déjà que j'étais parti sur la version electro de « Sexe ». A l'époque, on avait une version rock en studio et je trouvais ça too much.
« Défoncé » et « A bout de souffle » que tu as joués sur la dernière tournée ne sont pas sur l'album. Pourquoi cela ?
Dans la mesure où je les ai déjà joués sur scène, j'avais envie de les garder pour quand on va faire un live, je trouvais que c'était bien. Pourtant les deux sont pas mal. Même « Défoncé », elle a un côté où tu peux te dire que ça ferait un super single... Mais je me disais que c'était mieux de garder ça pour le live. Et puis, elles ne sortaient pas de la même période d'écriture et ça, ça me faisait chier...
Il fallait « dater » ce nouvel album ?
Ouais, exactement... Le dater !
Cela correspond aussi à une période particulière dans ta vie ?
Je ne sais pas... Je crois surtout que j'ai eu envie de me prouver que j'étais capable d'écrire un album. Et pas de me dire : j'ai fait cette chanson à tel moment, elle est vachement bien. J'ai fait telle autre à cette époque, etc. Ça, ce n'est pas écrire un album, c'est avoir des chansons et ça donne un album. Là, j'ai fait un tableau de A à Z. Ce qu'il y avait avant était plus de l'ordre de l'esquisse en noir et blanc. Au final, je suis vraiment content du travail fourni sur cet album. Je trouve l'ensemble hyper cohérent... Je ne me fais pas du tout de souci, je me dis que ça va rouler grave.
Sur « Debbie », le premier single, on ressent une touche très Noir Désir. C'était voulu ?
Elle est très Noir Dez, ouais. En fait, culturellement, ça m'a intéressé de revenir – sur certains titres – à une forme de rock genre fin des années 80, début des années 90. Donc La Mano, Noir Désir, tous ces groupes-là.
C'est donc revendiqué comme tel ?
Oui, même si moi je trouve qu'elle est également très Mano Negra. Elle me fait penser à « Malavida », c'est le côté des cuivres, ce truc un peu ska. Pour moi, s'il y avait un ovni sur le disque, ça serait celle-là.
La référence à Noir Désir n'est donc pas valable pour le reste du disque ? Perso, il y a pourtant d'autres titres que je voyais un peu là-dedans...
Autant je vois ce que ça veut dire sur « Debbie », autant sur le reste, je ne trouve pas ! Là je répondrais honnêtement. C'est comme quand j'ai fait « Jeune et con ». Je n'avais pas entendu un disque de Noir Désir et tout le monde trouvait que ça faisait Noir Désir. Alors après, je ne sais pas si c'est au niveau de la voix ou si c'est dans la façon de poser les mots sur du rock en français... Mais très clairement, ce n'est pas un disque en référence à Noir Désir, ça c'est clair.
Avec le recul et au moment où s'apprête à sortir ton nouvel album, as-tu dressé une sorte de bilan pour « God Blesse » ?
Le double ? Nickel ! Dans la façon de le faire, je pense que j'ai gagné ma liberté par rapport à la maison de disques et par rapport au public. Je ne suis pas tombé dans le « Jeune et con » bis. Je pense que « God Blesse », c'est ce qui fait la différence avec des tas d'autres groupes... Je ne citerai pas de nom, mais là il me semble que dernièrement à la radio... Si moi on peut chercher mes influences, on peut le faire pour d'autres...
On parle de Kyo, là ?
Non. Mais récemment j'ai entendu une chanson où il y avait « vivre à genoux »... Il n'y a pas 'jeunesse France », mais c'est quasiment les mêmes mots. Et c'est pas Kyo ! (Il semblerait que le groupe soit Arkol, Ndlr)
Pour en venir à Kyo, au moment de la sortie du single « Le chemin », certaines personnes qui ne te connaissaient pas ont parfois eu tendance à te confondre avec eux... Quelque part, moi-même j'ai eu le sentiment qu'il y avait plagiat dans l'intonation, la voix...
Je ne sais pas, c'est toi qui dis qu'il y a plagiat ! Mais s'il y a eu plagiat, c'est sur « Jours étranges ». Et il n'y aura jamais plagiat sur « God Blesse » ! C'est pour ça que cet album a ouvert plein de choses. C'est ce qui fait aussi que je remplis 3 Cigale en guitare/voix sans promo. Après, le reste, c'est même flatteur à la limite. A un moment donné, je me dis juste que c'est fou comme « Jours étranges » a marqué quand même !
Et quand tu dis qu'avec « God Blesse » tu as gagné ta liberté par rapport à la maison de disques... C'était tendu avec eux à cette époque ?
Ouais, mais c'est normal. Et c'était important de le faire. Si tu fais deux albums de rock et que t'as un hymne sur le troisième, c'est pas la même histoire. Là, pour moi, ça a été sur mon premier. C'est le premier titre du premier album qui passe encore aujourd'hui sur les radios ! Après ça, tu as deux choix : suivre la même voie ou ne pas suivre la même voie. Et moi j'ai choisi de ne pas choisir la même voie...
Septembre en attendant
Initialement prévu pour le 22 juin, le 3ème opus de Damien Saez – dont le titre n'est pas encore connu – sortira finalement à la fin août ou début septembre et une tournée devrait débuter en octobre. Le tracklisting de l'album est le suivant : Debbie, En travers, Tu y crois, Marie ou Marilyn, Céleste, Autour de moi les fous, Dans le bleu de l'absinthe, Comme une ombre, Clandestins, J'hallucine, Marta, Sakura.
Nicolas Demans