Un tram nommé Debbie. Des docks et du désert. La cité. Du céleste et des fosses communes. C'est le chant des Indiens qu'on entend là-bas, et le blues qui nous tient. Des néons rouges. Des loups qui dansent autour d'un feu de chair.
Il y a un personnage dans Substance Mort de Philip K. Dick qui porte un "costume brouillé" pour ne pas se faire repérer. Le tissu du costume est fait d'une multitude d'écrans où apparaissent sans cesse toutes les images possibles, toujours changeantes. Ce chatoiement trompe l'ennemi potentiel et permet au type de rester libre.
Saez, son costume brouillé, c'est God Blesse-Katagena : une projection de tout ce qu'il est, sera, pourrait être. Un rêve de liberté où il serait "plusieurs lui-même" en même temps. Un moyen de ne pas se faire définir trop jeune. Le prix pour plus de liberté plus longtemps.
Mais on est toujours rattrapé par ce qu'on est au fond.
Qu'il le veuille ou non, Saez est un auteur populaire : il ne plaisante pas avec les émotions.
Dès qu'il s'agit d'émotions, il passe en noir et blanc. C'est Gabin dans Le jour se lève : dos au mur...
Lui, il dirait qu'il aime "quand ça chante vraiment".
Il dirait Doisneau, Brel, Piaf... encore le noir et blanc. Avec comme un regret de ne plus pouvoir, aujourd'hui, utiliser la même pellicule quand il le faudrait...
Il y a des jours où l'époque et le milieu doivent lui peser... J'imagine...
... Saez descend à la mine voir ce qu'il y a au fond... et s'y réfugier.
Les fosses ont des noms : Marie, Marilyne, Marta, Debbie... Longue descente. Obscurité. Solitude. Au fond, c'est nu qu'on travaille. Dans le noir, il finit par tomber sur sa veine rock préférée : une profonde, pas facile à exploiter... que du charbon bleu nuit et du diamant aile-de-corbeau.
Quand il ramène ça à la surface, ça crame.