Noir Désir et la voix de Bertrand Cantat nous manquent, c'est indéniable, et nombreux sont les postulants qui aspirent à combler le vide. A l'instar de Thomas Boulard, le chanteur de Luke ("La sentinelle"), les intonations et le débit de Saez rappellent ceux de Bertrand Cantat.
C'est incontestable sur "Debbie" qui ouvre l'opus et rappelle "A l'envers à l'endroit" qui figure sur "Des Visages des Figures" le dernier album de Noir Désir. Ce rapprochement n'enlève rien aux capacités du sombre et énigmatique auteur et interprète, doué d'un joli talent d'écriture. Surtout lorsqu'il s'agit d'évoquer le feu et les plaies des rapports amoureux ("En Travers les néons"; "Marie ou Marilyn") et du mal de vivre ("Dans le bleu de l'absinthe"). Comme Noir Désir, Saez exprime ses blessures, "la beauté du mal et du sale" sur des chansons qui ne correspondent pas au format idéal pour être diffusées à la radio, exceptés deux titres, "Debbie" et "Marie ou Marylin" qui, eux, en revanche, risquent de beaucoup y passer. Ce troisième album est le plus réussi de l'artiste qui s'était fait remarquer en 1999 avec "Jours Etranges" dont était extrait un premier single explicite "Jeune et Con". Saez est toujours "jeune" mais pas "con".