Le 23 avril dernier, le Front national s’est hissé au second tour pour la deuxième fois de l’histoire de la Ve République. Et pour la deuxième fois, le chanteur et poète engagé Damien Saez a publié une chanson contre le parti d’extrême droite. Ce nouveau titre, sorti le 30 avril en téléchargement libre, s’intitule Premier mai.
Quelques vers sur des accords de guitare, sortis la veille de la fête des travailleurs, appellent toujours à combattre le FN. « Toujours le cœur contre le Front », chante Saez, de sa voix nasillarde, qui conclut dans un refrain : « Nous serons la lutte ». Le titre est numéro 2 des tendances Youtube le 2 mai, et comptabilise déjà 236 845 vues.
Il avait déjà sorti un titre le 22 avril 2002, Fils de France, qui dénonçait les « 20 % pour l’horreur » après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Un titre nerveux, où les notes de guitare électrique et la batterie saturaient quand Saez crachait « Fils de France » comme une insulte. Écrit et enregistré en quelques heures, il alertait : « Revoilà l’ennemi, alors marchons ensemble, enfants de la patrie. »
Cette réaction à chaud aux résultats était devenue l’hymne officieux des manifestations de l’entre-deux-tours en 2002. Celle du 1er mai avait rassemblé près d’1,3 million de personnes à travers la France. Cette année, le ministère de l’Intérieur annonce 140 000 manifestants, quand la CGT en revendique le double.
Premier mai renvoie dos à dos finance et « croix gammées »
Comme ce 1er mai syndical, celui de Saez est plus doux, même si la plume reste acérée. À plusieurs reprises, il oppose « les maquerelles du pognon » aux « croix gammées ». Le chanteur tape sur « la fachosphère qui gangrène », mais demande aussi un briquet « pour brûler le banquier » – référence limpide à Emmanuel Macron. Un candidat que le chanteur ne porte visiblement pas dans son coeur, qu’il maudit à coup de « faut pisser » ou « faut pendre le banquier ».
Louise Thomann
Source : aucharbon-live.esj-lille.fr