SAEZ en disque ou en live, c'est une approche différente d'une musique Française anticapitaliste et révoltée. A 39 ans et en 11 albums (parfois double ou triple), Damien a fédéré un public qui lui permet une tournée de zeniths en 2017 baptisée "Manifeste", projet artistique commencé l'an passé. Marqué par les attentats, le chanteur y intègre une partie de son set et rend hommage aux victimes en égrénant aux passages les médias, politiciens et banquiers qui demeurent son fond de commerce contestataire.
Ce concert se résume en 3 actes distincts : Le premier intimiste précédée d'une vidéo de 10 minutes sur laquelle Damien se glisse au piano lors de la projection pour entamer "L'humaniste" puis le superbe "Les enfants paradis", hommage au Bataclan (où il vient de repasser en concert). Le calme perdure ("L'oiseau liberté") pour entrer dans une rythmique sympa ("Fin des mondes") qui précède "Betty", magnifique titre rappelant Brel et l'accordéon de "Marcel". Les 6 musiciens qui l'accompagnent sont discrets alors que le chanteur commente "Des p'tits sous" au public après une version mi-accapela de "Mon terroriste" du plus bel effet. Ce titre place l'auditeur en victime d'attentats médiatiques dont l'origine serait le pouvoir, en toute légalité. La poésie est omniprésente dans les textes du Savoyard, autant que sa révolte qui annonce l'acte II.
Celui-ci commence par une nouvelle vidéo textuelle suivie d'un monologue sexuel féminin. L'intermède est long et inutile. Musicalement cette partie du concert va probablement être la plus probante... SAEZ et son groupe vont enchainer 11 titres plus rock n'roll les uns que les autres d'une efficacité redoutable. "Into the wild" suit une lettre politique que le chanteur dévoile avant "Marianne" et "Fils de France" judicieusement placés a un mois des élections présidentielles. "J'accuse" est énorme, la ligne de basse de "Pilule" plaisante et le discours anti-capitaliste du récent "Peuple manifestant" très applaudi. Damien est un guerrier nostalgique reflétant un nombrilisme scénique visible entre chaque titre dès lors que son roadie attitré vient tourner les pages de son book posé sur le pupitre. Enchainant clopes et whisky-coca, il atteint les sommets ambiants sur "Rue d'la soif", ôde festive à la vie. A l'aube de l'acte III, le public est presque sur les rotules alors que le show est commencé depuis quasiment 3 heures.
Retour au calme relatif avec les classiques "Jeunesse lève-toi" et "J'veux qu'on baise sur ma tombe". Respectivement de 2008 et 2002, ces titres sont des hymnes pour les fans bien plus que "Jeune et con" qu'il n'intègre plus à ses shows. Le constat tragique dressé par Damien éveille certaines consciences et transpire le dégout. Seule question sans réponse : Que faire maintenant ?
Ultime rappel avec "Tu y crois", le chanteur quitte les planches de la Médoquine (qui fermera en juin 2018) alors que son groupe effectue un dernier titre instrumentalement rock.
Difficile de revenir sur l'expérience Damien SAEZ en live tellement elle diffère d'autres concerts. Le fan exultera alors que le curieux s'ennuiera. Une certitude : long mais efficace. Pas fan mais un peu curieux, j'ai passé un agréable moment (il manquait juste "Sexe") avec des sonorités qui m'ont rappelé Ferrat, Brel, Noir Desir et les Têtes Raides. Critique flatteuse d'un mélomane qui n'est plus jeune mais toujours un peu con, l'oeuvre de SAEZ marquera a plus ou moins long terme la musique Française. Son aversion médiathique n'aide pas...
Source : flo-ced.e-monsite.com