La légende dit Damien Saez capricieux, voire carrément tête à claques. Pourtant c’est un jeune homme de 27 ans, bavard, ouvert et agréable qui vient s’installer à la table d’un café parisien pour évoquer son dernier album, « Debbie ». Un disque qui a démarré en trombe, arrivé deuxième des ventes dès sa sortie, fin août derrière Björk et devant une avalanche de nouveautés. « Cela montre qu’il y a des fans qui me suivent de près, commente l’intéressé. Pourtant je ne passe pas à la radio. Je m’entends dire que c’est trop rock. Dans certains cas, cela s’assimile même à du boycott. Des programmateurs affirment aussi : lui, jamais je ne le programmerai. »
Le personnage de Saez déplaît et finit par vampiriser sa musique. « Il faut aimer la personne avant ce qu’elle fait ? s’interroge-t-il. C’est le coté : Oh il est super, il ne se prend pas au sérieux, ça doit donc être bien ce qu’il fait ! » Damien Saez se prend justement au sérieux, et l’assume. « Oui, je suis arrogant, même si je le suis moins maintenant. Mais, si on n’enfonce pas des portes à 20 ans, quand peut-on le faire ? »
Il joue la surenchère
Voilà comment ce Dijonnais, pianiste de formation, a débarqué en 1999 en chantant avec ironie « Jeune et con », tube qui allait chercher Noir Désir sur le terrain de rock électrique fort en gueule. Son premier essai, « Jours étranges », se vend à 300 000 exemplaires. Saez ne doute alors de rien et joue la surenchère avec « God blesse », double album post-11 septembre de vingt-neuf titres où il avait la bonne idée de faire rimer « God bless America » avec « Inch’Allah ». Un sens de la formule gâché parfois par une emphase proche du ridicule.
« Je conçois que le coté lyrique puisse agacer, admet-il. J’essaie de m’en détacher. » Des tics toujours présents néanmoins sur « Debbie ». Mais le jeune homme y fait aussi preuve d’un vrai talent de mélodiste, parvenant à installer un climat, une tension palpable, sans nécessairement en faire des tonnes. Un type qui gagne finalement à être connu.
E.M