Jeudi 30 mars au Zénith de Toulouse, vendredi au Zénith-sud de Montpellier, Damien Saez sera en concert. Et s'il est un spectacle à voir cette saison, c'est bien celui-là.
C'est depuis vingt ans l'électron libre de la chanson française. Incontrôlable, fougueux, révolté et toujours sincère, Damien Saez revient sur le devant de la scène après trois ans et demi de silence absolu. Le Manifeste, ce beau projet musical qu'il a dévoilé l'été dernier, l'accompagne.
La tournée du Manifeste a démarré en décembre au Bataclan. Elle se poursuit dans toute la France, accompagnée par deux albums. Sorti en décembre dernier, son neuvième album-studio, L'Oiseau Liberté, est largement inspiré des attentats de Paris. Hommage percutant aux victimes de Charlie-Hebdo, à celles du Bataclan.
Lui qui crachait sur la mère patrie écrit dans Les enfants paradis : «Toi mon pays par terre/Relève-toi mon pays/Comme on chérit sa mère/On chérit sa patrie », et dans Tous les gamins du monde, sublime morceau joué sur quelques accords de guitare : «Tous les gamins du monde, charbon sur du papier/Dessineront toujours ton visage, ô liberté/ Et si c’est un crayon oui contre la mitraille/ Alors que le papier soit le champs de bataille/ Que nos plumes à jamais gardent toujours leurs livres/ Qu’il est plus important d’être debout que de vivre».
Damien Saez déteste en vrac le pouvoir, les puissants, les corrompus, la société de consommation. Les politiques, les journalistes, les arrivistes. Sa colère est intacte. Il ne fait pas semblant. Il a failli annuler sa tournée lorsque Amazon a dévoilé la tracklist de son album avant sa sortie.
Il en a fait un titre, Peuple Manifestant, sorti en téléchargement libre sur son site : « C'est bien tenté, bien essayé, avec tes potes collaborants//Ouais, d'essayer de faire passer pour des fous les Indépendants/Je suis du peuple travailleur j'suis pas du show-biz à quatre pattes/Avec moi, les fils du labeur, ceux qui font pousser des tomates/Ceux qui en ont marre de s'faire baiser, par les rois de l'intermédiaire/Par tous ces gens-là, qui ne créent rien, sûr, autour d'eux que la misère."
Trois mois après L'Oiseau-Liberté, Damien Saez vient de sortir ce mois-ci un triple album, "Lulu". Avec sa sublime Mon Européenne où il fustige l'Union Européenne et ses dirigeants : "Mon Européenne c’est pas la Bruxelles/Mon Européenne c'est pas Genève/C'est pas la thune tu marches ou crèves/Tu sais moi mon Européenne/Elle a pas vraiment de frontières/Son corps c’est la planète entière/N’en déplaise au peuple bourgeois/Tu sais mon Européenne à moi."
A cet artiste sans dieu ni maître, on pardonne tout : ces excès, ses fureurs, ses coups de gueule, ses rimes crues, le whisky sur scène et la cigarette sans cravate fumée à l’aube démocrate. Pourvu qu’il reste ce qu’il est : un homme libre, s’il en est.
Le Manifeste
Le Manifeste de Damien Saez est un projet artistique qui a démarré le 31 juillet 2016 et s'achèvera en décembre 2017. Il est composé d'un prologue et de quatre actes : le prologue, constitué d'un court-métrage de neuf minutes, diffusé le 16/06/2016, qui met en scène sur une plage déserte un mime triste vêtu de noir ; l'acte I, des textes poétiques écrits en prose sur son site officiel ; l'acte II, deux albums double et triple sortis en décembre et en mars ; l'acte III, les trois concerts donnés au Bataclan en décembre dernier ; et enfin l'acte final, l'acte IV, sa tournée actuelle, parachevée par un dernier album prévu à l'automne.
Rouzane Avanissian
Source : france3-regions.francetvinfo.fr