L'interprète de Jeune et con est de retour sur le devant de la scène et entamera sa tournée au Bataclan avec trois concerts, avant de retrouver son public parisien les 21 et 22 avril prochains au Zénith.
C'est le grand retour du poète, après trois années de mutisme. Autant dire que son public guettait le moindre signe de vie. Et ils l'ont eu en juin dernier, aussi petit fût-il, lorsqu'il publia sur son site Internet un message énigmatique: «16.06.16». Ce 16 juin 2016, il livre des phrases au compte-gouttes pour finalement donner le lien www.culturecontreculture.fr. Tant de mystères autour de ce nouveau projet nommé «Le Manifeste». Une œuvre présentée sous différents supports (textes, vidéos, chansons, concerts…), qui se déroule du 31 juillet 2016 au 31 juillet 2017. Et pour accéder à sa totalité, dont personne ne maîtrise son contenu à l'heure actuelle, il faut payer 60 euros et attendre que l'année s'écoule. «Des scènes de tableaux sur des scènes de concerts. Pour la première fois une œuvre cinématographique se déroulera tout le long d'une tournée. Premier concert premiers tableaux, deuxième concert deuxièmes tableaux, etc. Pour que l'ami du Havre puisse suivre l'acte IV duManifeste quand le concert est à Lille, l'œuvre cinématographique projetée au concert sera dévoilée au même instant sur culturecontreculture.fr», explique-t-il sur Internet. La sortie de son album Le Manifeste L'Oiseau Liberté & Prélude Acte II le 9 décembre dernier donne le ton.
Vent de révolte
Dénoncer. C'est sa source d'inspiration la plus forte. Souvent, Damien Saez s'en est pris à la société de consommation, notamment avec son album J'accuse, en 2010. L'artiste semble plus engagé que jamais. Comme si une rage profonde qui sommeillait en lui devait à tout prix s'extérioriser. Trois titres ont été proposés en téléchargement gratuit sur son nouveau site en novembre. Dont Peuple manifestant, dans lequel il déverse justement sa colère au rythme de rapides accords de guitare. «Moi je resterai poing levé du peuple des indépendants/ Moi j'y peux rien si je suis né du peuple des manifestants.» Il critique violemment la société, n'hésite pas à l'insulter, s'insurge contre les médias, enrage contre les politiques. «Puis tu crois qu'y aurait politique pour protéger les populaires?/ Non ils préfèrent faire des tweets pour divertir la ménagère.» Il s'en prend à Amazon également, qui a récemment dévoilé des extraits de son album avant sa sortie. En réalité, il s'en prend à beaucoup de choses, comme toujours, et il crie très fort. Un peu trop, parfois.
Dommage, car ses textes sont bien plus incisifs lorsque sa voix s'adoucit. Pas besoin de hurler pour se faire entendre. En témoignent deux chansons qui évoquent les attentats à Paris en 2015. Ainsi, Tous les gamins du monderend un hommage percutant à Charlie Hebdo. «Nos crayons comme un poing levé contre des balles/ Pour montrer à l'obscurité qui tient la flamme.» Puis des chœurs viennent le soutenir dans cet hymne à la liberté: «Ça n'est pas mon pays ce soir qu'on assassine/ C'est l'histoire de l'homme, c'est Pierrot, c'est Colombine/ C'est Michel-Ange, puis c'est Lascaux, puis c'est Paris/ C'est la lumière, n'en déplaise à la tyrannie.» Enfin, Les Enfants Paradis, pour célébrer la mémoire des victimes du 13 novembre 2015, avec une mélodie au piano. «Ils étaient amoureux, ceux qui se sont blottis/ L'un contre l'autre, à deux contre la tyrannie/ Ils étaient comme toi, ils étaient comme moi/ Ils n'étaient pas guerriers, mais sont morts au combat.» Armé de sa poésie, Saez poursuit sa lutte.
Marie-Sarah Bouleau
Source : www.lefigaro.fr