Il y a Damien Saez le révolté sur disque, chouchou des ados depuis 2 ans. Et il y a Damien Saez sur scène, comme hier soir au Dock des Suds. Deux pouds, deux mesures. Et une grosse déception, au delà du carré de quelques dizaines de fans absolus qui ont "pogoté" sans relâche sur la petite dizaine de morceaux "offerts" par le mélancolique trash aux postures de diva.
Né à Marseille voici 25 ans, Damien n'y aura pas laissé un souvenir impérissable hier, devant des centaines de jeunes invités à faire la fête par le Conseil Général. Et par conséquent pas forcément amateurs de son style. Cela, Saez aurait pu l'anticiper. En instaurant un rapport plutôt distant avec la grande salle du Dock, jusqu'au clash final où il est parti se réfugier dans sa loge suite à une altercation avec un spectateur, Saez a montré les limites de sa révolte.
Ce n'est pas tout de crier se rage, sa rancœur et ses peurs sur un ton néo-punk (mais avec une voix sonnant comme Patrick Bruel à ses débuts), encore faut-il apprendre à respecter le public qu'on a devant soi. Qu'il vous soit favorable ou pas. L'expérience d'hier n'était certes pas facile. Mais ce n'est pas en battant en retraite que l'artiste a grandi, y compris auprès de ceux qui aiment écouter ses titres, dont certains ont été repris hier soir à la sauce musclée, de Sexe à Jeune et con, de Fils de France (en rappel) à Menacés mais libres.
Pas étonnant finalement que Saez qui, comme les révoltés de noir Désir, a signé chez la major du disque Universal, refuse d'accorder des interviews dans sa ville natale.
Pas étonnant non plus si, après, au cabaret rouge, le ton plus classique et bon enfant du groupe "Les Martiens" est apparu d'un coup plus sympathique.
Patrick Merle