Saez et ses fans sont sur un bateau. Saez fait escale, il reste ses fans. 3 ans après, il revient. Ils restent ses fans. Chroniques d’un humaniste doté d’un public impatient incroyablement patient.
Damien Saez communique peu que ce soit en son nom propre ou au nom du groupe qui le porte (son nom). Les médias l’invitent peu, lui même ne court pas après et quand la télévision le convoque… en général, elle s’en souvient. Reste ses fans – le mot est-il seulement approprié? – unique constante de la vie publique d’un Damien qui semble parfois jouer à cache-cache avec les projecteurs.
Les dernières nouvelles de SAEZ, c’était il y a presque 3 ans. Le 10 août 2013, le groupe achevait sa tournée Miami lors du festival Fêtes du bruit de Landernau. Depuis ? Rien. Saez.mu resté à l’heure du dernier album semblait déserté. Il y avait bien quelques indices dénichés par-ci par-là : la coquille sur un affichage de Cinq7 annonçant un album pour 2015 (mais non), ou quelques photos prises par James Eller, bassiste de SAEZ, mais dont il est difficile de dire si elles concernent le groupe ou non. Reste que l’entourage de Damien le disait en studio, une info laissant la communauté de passionnés du poète, auteur, compositeur, interprète dans une expectative à moyen-long terme…
oui, c’est que le fan de Saez est, à l’image de son héros, un poil exigeant
… Jusqu’à ce 11 juin dernier. A quelques minutes d’intervalle était lancée sur le Twitter et affichée sur le site officiel du groupe la date du 16/06/16. Laissant libre cours à toute supputation, les réseaux sociaux n’auront pas mis longtemps à s’enflammer ainsi que le forum de saezlive.net qui ne semblait pas, lui non plus, manquer de poudre. Tournée ? Triple album acoustique – oui, c’est que le fan de Saez est, à l’image de son héros, un poil exigeant -? Album électrique ? Dans quel ordre ?
Le clown, le manifeste
Le 15, veille de la date « fatidique », l’artiste y ajoute « A l’aube du grand voyage ». Le jeu des devinettes peut démarrer. La journée du 16/06/16 sera, à partir de 16h00 , une succession de messages et de rendez-vous à 16h00 d’abord, puis à 20h00 puis à 22h00. Saez se permet même un petit « Voilà… à dans 3 ans » qui aura certainement coupé le souffle des groupies ; clin d’œil à son absence prolongée.
C’est en fin de journée, alors que les claviers n’en peuvent plus d’encaisser les F5 à répétition, que le dialogue s’achève sur l’adresse suivante http://www.culturecontreculture.fr/. Fini de jouer, l’artiste livre enfin son présent… duquel il faudra deviner le futur.
Composé de deux parties, le clip déposé sur une page noire et vierge souffle un nouveau morceau instrumental de quelques 8 minutes introduit par les quelques mots suivants :
à l’heure des guerres des champs
d’horreur
faire de la terre des champs de
fleurs
…
La piste audio, belle et sombre, est du même sang que les longs morceaux instrumentaux qui jonchent God bless, second album de SAEZ. Orchestral, cordes et cuivres, le thème prend son envol sur une marée de chœurs tandis que s’égrainent les poèmes de l’auteur.
La première pièce poétique semble exposer le projet artistique de cette prochaine année (« il commence en juillet pour se finir l’autre juillet ») : musique, poésie, cinéma… de satellite en satellite (internet ?) et sur scène. L’Art populaire de SAEZ s’exposera « de tableau en tableau » et sera multimédia au sens que les surréalistes lui ont donné et que la technologie lui a peu à peu volé. Côté images, c’est une plage jonchée de fleurs qui se fait décor, avant d’être rejointe par un clown sépia aux airs indéniables de Chaplin.
C’est ce même pantin désarticulé qui vient habiter le deuxième tableau ; on reconnait, de plus près, Damien Saez. Encore une fois la scène lente et progressive, à l’image de la bande son, accompagne surtout un texte. Si le premier était une déclaration d’intention, une introduction, le deuxième fait certainement partie de l’œuvre. Le poésie de Damien Saez se conjugue alors dénudée, enfantine, à la manière de Saint-Exupéry et de son Petit Prince ; roman dont on sait qu’il est parmi les nombreuses influences de l’auteur.
si « objet » il y a, il pourrait également s’agir d’un écrit
C’est, pour finir, une photographie de Damien qui s’expose accompagnée du titre « le manifeste ». Interprété par un grand nombre comme étant le nom du futur album de l’artiste, si « objet » il y a, il pourrait également s’agir d’un écrit. C’est en effet la forme première d’un manifeste. Rappelons que l’auteur avait déjà publié en 2001 un recueil de ses textes titré « A ton nom ». Tout est possible.
si la violence est à la mode, sa resistance sera sa poésie
Il faudra attendre le 31 juillet pour en savoir un peu plus… ou tout au moins pour accueillir une nouvelle pièce du puzzle. A l’heure des médias homogénéisés, le petit prince choisit (encore une fois) d’emprunter les chemins de traverse et nous livre, au moins, un message clair : si la violence est à la mode, sa resistance sera sa poésie.
Ludo
Source : perfectbeat.fr