Aujourd’hui, je fais un petit détour culturel, pour vous parler d’un poète, d’un véritable homme littéraire du XXIè siècle : Damien Saez. Lorsque j’ai découvert cet artiste, je suis tombée immédiatement sous le charme de ses valeurs, de ses idées, de ses conceptions de notre monde. Damien, c’est un homme marginal, l’homme qui vous invite à une réflexion sur vous-même à travers une poésie et une maîtrise de la langue française qui vous donne des frissons.
Damien, c’est l’homme précurseur de notre siècle, celui qui part à la recherche de l’homme idéal au sens d’humanité idéale. Ces textes sont frappants, remplis d’émotions qui vous transportent dans un univers si particulier. Poète (car pour moi le terme de chanteur serait réducteur) il offre à une société corrompue par l’argent et la consommation, des réflexions engagées propres à réveiller nos consciences endormies face à un système perçu comme doctrinal.
Pourquoi fait-il tend la différence ?
Saez n’est pas un simple chanteur comme les autres. Evidemment, ces textes sont très engagés, aucun domaine n’est épargné, le système économique, politique, les moeurs sociales, l’éducation d’une jeunesse qui a renoncé à toute forme d’idéal. La puissance qui se dégage de ses écrits doit donc être perçue comme un moteur à un véritable questionnement existentiel. Qui sommes-nous ? Qui voulons-nous être ? Dans quelle société voulons-nous véritablement vivre ?
Saez, c’est l’homme qui dérange. La censure, l’amie fidèle des hommes qui pointent des vérités grinçantes, ne l’a donc pas épargné. En témoigne la couverture de son album "J’ACCUSE" qui n’est pas sans rappeler l’affiche de Zola portant le même titre.
Cette affiche représente une femme nue dans un caddie, l’inscription "J’accuse" inscrite à gauche de la photo. Le message est sans appel, la dénonciation de l’image de la femme dans nos sociétés actuelles : un vulgaire produit de consommation. Censurée car prônant "une image dégradante de la femme" quant bien même c’est tout le contraire, elle sera finalement choisie comme couverture de l’album en réponse aux censeurs. Cet évènement soulève la colère du poète qui aurait pu être contenue si l’affiche de remplacement n’avait pas elle aussi été censurée :
Un tel épisode remet alors profondément en cause les principes de notre démocratie : l’argent régit le monde au point que l’on refuse la dénonciation de la femme-objet ? Faut-il voir ici un buisness pour lequel, la société économique n’est pas prête à renoncer ? Pourquoi la seconde affiche est-elle censurée ? Parce qu’elle révèle une vérité "pire" que la première ? Saez révolté, s’interroge, et nous aussi.
En réaction à cela, le chanteur donne une interview pour se défendre, un des rares moments de Saez à la télévision puisqu’il refuse catégoriquement de participer à toute forme d’interview, émission télévisée, etc… Il souhaite que son public retienne de lui, sa figure d’écrivain, celle qui offre un débat, une discussion, une réflexion à une société. Son statut d’homme privé n’appartient qu’à lui. Saez prend alors à rebours le star système à l’intérieur duquel, il ne sait jamais reconnu. Il produit lui-même ses albums avec son équipe de production, ne gagnant presque rien sur la vente d’albums. Son unique source de revenue provient des concerts qu’il donne, les fonds lui reviennent, une fois les salaires payés et les locations de salle, de matériel, etc. effectués. Autant dire que si Damien Saez a tant de résonance pour moi, c’est en parti, parce qu’il est proche de nous, sans gagner des mille et des cents pour proposer sa pensée.
Mais au-delà de cela, les textes de Damien Saez, peuvent être vraiment considérés comme de véritables oeuvres littéraires, ne serait-ce que par le langage poétique qu’elles révèlent. Les chansons portent en elles, les éléments qui les feront perdurer et passer à la postérité. J’ose parier sur l’inscription de cet homme au patrimoine littéraire du XXIè siècle. Dans la lignée des Brel, Brassens et Ferré auprès desquels, il reconnait trouver une certaine forme d’inspiration, Saez est un homme qui pense le monde à la recherche de conceptions supérieures propres à fonder une humanité meilleure.
Auteur d’un petit recueil A ton nom chez Actes Sud, Saez propose certaines de ses chansons, séparées par différentes réflexions sur le monde et la société, comme la religion (qui occupe une place prédominante dans son oeuvre), je vous cite un texte assez évocateur sur la consommation :
« Je ne connais pas de pire dictature que celle de la communication comme on l’entend aujourd’hui. C’est comme ces putains de magazines qui pullulent par milliers et nous apprennent que le must de la féminité c’est de ne pas se nourrir et ressembler à un sac d’os ambulant, que le rouge sera tendance l’été prochain. Ces putains de torchons dont les couvertures d’hommes singes aux parfaits abdominaux me rappellent fortement les campagnes de propagandes nazie. Mais tout ça n’est pas grave, on y est habitués. L’intellectuel d’aujourd’hui dénonce l’impérialisme en bouffant un cheeseburger et crache sur la merde à la télévision alors qu’elle trône au milieu de son salon. La publicité est l’instigatrice d’un marché de bétail, mais elle permet tant de choses : ACHETER.
La réalité c’est que les icônes qui font les rêves de la consommation sont les nouveaux nègres comme on disait autrefois. Pauvre bétail, qui par sa bêtise participe à l’horreur du monde. Les agences regardent leurs dents, leurs cheveux, leur cul, avant de les maquer comme des putes. On va les chercher dans leur pauvre Russie, Estonie ou autres ruines d’un autre temps. A quinze ans, elle quittent l’école par appât du dollar et à vingt-trois on les renvoie chez elles, dopées à la cocaïne, le cœur à genoux : C’est ça le viol, c’est ça la consommation. Ici on tue les vieilles. A vingt cinq ans on les tue. Ordre du MEDIA. A mort les vieilles ! On tue les grosses aussi. Pas la place pour les inactives, pas la place pour les non-fécondables. Souvenez-vous des publicités qui mettaient en scène une jeune femme aux airs innocents, plate car encore jeune, qui léchait une cuillère de yaourt comme on lécherait du sperme. Mais qui a parlé de pédophilie? Danone ou qui?
Evitons l’hypocrisie : Plus besoin pour les anormaux de se sentir rejetés. J’entends par anormaux les pauvres gens qui ne répondent pas aux critères Venus Land, les gueux qui n’entrent pas dans notre chère normalité… Les non-superficiels tolérés. Pourquoi les faire souffrir? Après tout, la planète ne serait elle pas plus belle habitée par des Pamela Anderson ou toute autre tare de notre mère CONSOMMATION?
Allez absorbe jusqu’à gerber la merde qu’on te livre en direct au dîner ! Tu sais quoi, ta propre mort sera retransmise en direct chez toi !
Lorsque la fin du monde sonnera on sera tous devant notre poste de télévision au lieu de regarder les étoiles. »
Une petite liste non-exhaustive des chansons que j’aime (j’aurai envie de vous dire absolument toutes !)
- Marguerite
- Putain, vous m’aurez plus
- Usé
- A ton nom
- Sauver cette étoile
- Ceux qui sont en laisse
- Pilule
- Cigarette
- Petit Prince
- Les cours des lycées
- S’en aller…
- Jeunesse Lève-toi
- J’accuse
Absolument pas représentatif des chansons que j’aime mais susceptibles de vous servir d’entrées pour découvrir le poète. Je n’ai que peu écouté le tout dernier album (triple album en fait) mais il mérite autant d’attention que les précédents !
Source : mayaetlesnoixdecoco.wordpress.com