Come back dans les bacs. A 24 ans, le petit prince du rock français nous lègue "God Blesse", son deuxième opus. Un projet torturé... à l'image de son créateur.
Après Jours étranges , Saez frappe fort avec un double album électro-rock détonnant. Gueule d'ange et regard noir, immuable marginal contestataire, Damien se confie pourtant en toute confiance. Retour sur les désirs et les phobies d'un garçon aussi tourmenté que sympathique.
Pourquoi avoir choisi de faire un double album pour ton retour?
J'avais plein de choses à dire ! Un album de 30 titres, ça peut paraître excessif, mais je n'ai pas voulu taper dans le conventionnel. J'ai voulu faire un disque comme on écrit un livre. Assez long pour pouvoir le prendre, écouter quelques morceaux, puis revenir dessus un peu plus tard... Après tout, pourquoi faudrait-t-il ingurgiter les disques d'une traite ? Mieux vaut prendre son temps pour apprécier les choses à leur juste valeur...
Dans ton œuvre, tu condamnes la société dans laquelle tu évolues, mais tu ne donne pas beaucoup de solutions... Pourquoi ce choix ?
Des solutions, il y en a. Le problème, c'est qu'on n'est pas dans un pays de prévention. On attend d'avoir la grippe pour acheter son écharpe ! Je pense qu'il est normal de dénoncer les choses. C'est mon rôle d'artiste. Je n'ai pas fait d'études pour aller voter des lois tous les mercredis. Chacun sa place ! A ce propos, je me souviens d'un débat à la télé entre les NTM et le Ministre de la Ville de l'époque. Il leur reprochait de ne pas investir un sou pour aider les banlieues. C'est le monde à l'envers !
La mort est aussi un thème récurrent dans tes chansons...
Tout le monde est angoissé par le caractère mystique de la mort. Pour ma part, ça vient sûrement de mon manque d'éducation religieuse. Je n'ose croire en quelque chose. J'aimerais, parce que la théorie scientifique qui dit qu'on va tous se faire manger par les vers me déprime. J'aime le mot "ciel", mais je ne crois pas au paradis...
Les concerts et la foule t'effraient-t-ils toujours autant? C'est plutôt paradoxal pour un chanteur de rock...
La scène, c'est s'assumer. Être surélevé par rapport à la foule, évoluer devant tant de monde qui te regarde, qui est scotché à ta musique, à tes propos... C'est flippant. Parfois, j'ai l'impression d'être un prêtre ! C'est pour cela que j'essaie de limiter les concerts et de varier les salles. Je peux faire un Zénith comme un piano bar. J'ai un penchant pour la dernière alternative. Au moins, tu es au même niveau que ton public...
Rémi Morvan