La postérité de certains groupes fait du mal à la production musicale contemporaine. En France en 2013, c’est souvent Noir Désir. C’est qu’on nous a laissé orphelin voyez vous. Alors la génération élevé à Tostaky ou L’Homme Pressé à tôt fait de s’engoufrer dans la brèche.
Saez chante des chansons d’adolescent avec une voix chevrotante. Il s’en branle, fait celui qui ne calcule pas son image, mais qui la contrôle tout de même. On ne va pas lui en vouloir, chacun porte les contradictions qu’il peut. Chanteur à la chemise à carreaux et aux jeans déchirés, un autre type nous avait déjà fait le coup. Et puis il y a ce coup d’éclat aux Victoires de la Musique en 2009, dont encore maintenant les 5 premères minutes sont difficilement regardables. Cantat et son discours anti Universal avaient joué la même partition quelques années avant. Mais encore une fois, dans nos sillons, on traine les idoles qui nous parlent. Sauf qu’on n’est pas forcé d’imposer nos singeries qui singent à la vue de tout le monde.
Mais il y a presque plus grave avec Saez. Il accuse et dénonce. Le méchant patronat qui s’en met plein les couilles tu vois, et ce patriarcat qui utilise les femmes et les mets dans des caddies, parce que tu vois, les femmes, et toi aussi avec ton pseudo de monarque, vous n’etes qu’une marchandise et faut le dénoncer avec des chansons. Et puis il y a la drogue. Et la douleur adolescente. Si les chansons «engagées» changeaient le monde, on porterait tous des tuniques en chanvre depuis «Imagine». Enfin, Saez a au moins la délicatesse de la cohérence en quittant les majors. A croire qu’il est sincère.
Ce qui est peut être encore pire c’est penser que Saez est un rebelle, un rockeur, un vrai comme on en fait plus depuis … Sid Vicious ? Un anti conformiste qui chante tout haut ce que tout le monde pense tout bas et qui met des affiches tellement subversives que la RATP se sent obligée de les censurer. Non mais sans déconner.
En 1999, j’avais trouvé Jeune et Con assez sympa pour figurer sur la compil’ faite sur une K7 agrémentée d’un scotch pour la rendre enregistrable. J’avais 13 ans. Alors à 14 ans j’ai gardé les Sales Majesté et Guerilla Poubelle pour la dénonciation, Noir Désir pour la musique et j’ai laissé tomber Saez en même temps que le walkman.
Queen Mafalda
Source : coupdoreille.fr