Le chanteur revient à sa veine pamphlétaire
Un album J'accuse placé sous le patronage de Zola : voilà qui va inciter les mauvaises langues à qualifier Damien Saez de chanteur assommoir. L'artiste reconnaît qu'à l'instar de ses affiches promo (lire encadré), il suscite des avis tranchés – « Je ne fais pas partie des artistes dont on peut passer la musique lors d'un dîner » –, mais considère ses révoltes d'utilité publique. « A la radio, je n'ai pas l'impression qu'on entende beaucoup de chansons évoquant les problèmes sociaux. Puisqu'il n'y a pas un journaliste pour prendre un politique droit dans les yeux, à qui de le faire ? »
Retour au rock fougueux
Après l'intimiste Varsovie- L'Alhambra – Paris et une escapade anglaise sous le nom Yellow Tricycle, Saez renoue avec sa veine pamphlétaire. Celle de Jeune et con, coup de gueule générationnel qui l'a rendu célèbre en 1999. Sur fond de rock fougueux, le Dijonnais s'en prend ici au panurgisme de ses contemporains, avec une vision sociologique toute personnelle : « Y a une époque où les filles étaient poing levé, aujourd'hui c'est plutôt culotte baissée. » Si son goût pour le pathos peut virer au pataud, difficile de douter de sa sincérité quand on l'entend évoquer le « vomi » que lui inspire la société actuelle.
A 32 ans, Damien Saez aime cultiver sa singularité dans le paysage français. Capable de vendre 85 000 exemplaires d'un triple album dépressif, le chanteur admet néanmoins que le choix de l'indépendance a ses limites financières. « Ce n'est pas la flambe. Mais moi au moins, c'est la vie que j'ai choisie. »
affiche censurée
L'affiche promo représentant une femme nue dans un chariot a été refusée par certaines régies pub. « Le titre “J'accuse” était bien trouvé. Il n'y a pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver où s'arrête la liberté. »
Thomas Mahler
Source : www.20minutes.fr