Saez est un gentil petit bonhomme, à l'égocentrisme un peu surdimentionné et au talent relativement contesté. Son double album God Blesse est un grand recueil de styles musicaux, un étonnant voyage initiatique, une sorte d'expérience sans précédent. Bref, un grand méli-mélo de ballades champêtres, de techno pas très rigoureuse et d'ambiances complètement débridées. Le résultat dégage cette impression bizarre de rigueur psychédélique.

Sorte de photographie un peu floue d'un esprit encore plus flou, celui de son auteur, God Blesse alterne le bon et le moins bon. Saez est toujours cet éternel insatisfait et c'est avec une ironie tellement flagrante qu'elle en devient presque risible par moments, qu'il aborde coup sur coup les erreurs du capitalisme, les dangers du nucléaire, la faim dans le monde. Saez évoque la mort comme il vous raconterait à l'oreille une bonne blague sortie de son imagination complètement débordante. Et puis, il vous parlera d'amour. Et puis de morts. Et puis d'amour.

Saez est un personnage de bande dessinée qui joue aussi bien du piano que de la guitare et qui donne toujours l'impression de se forcer pour que personne ne l'aime. Il ne cherche pas à cacher ses faiblesses. Il n'y a que son bonnet pour masquer sa grosse tête. Mais sa façon d'aborder les choses, sa conception de la musique en général, est intéressante. God Blesse, aussi ambitieux et torturé qu'il puisse paraître, est un double-album qui recèle quelques grands moments de pur lyrisme (So Gorgeous) et de polémique exacerbée (Solution, A Ton Nom, Les Hommes) et en cherchant un peu, quelques instants musicaux assez miraculeux (Light The Way, Theme I & II).

God Blesse m'a surpris. Définitivement.

Felipe

Source : musique.krinein.com