Plus imposant que d’ordinaire, le festival du Pas-de-Calais a connu un léger coup de mou pour son édition 2013.
Si le festival piloté par le géant Live Nation a par le passé réussi quelques très jolis coups (Coldplay, Prince), la programmation de cette édition 2013 manquait de sel. Et c’est donc sans conviction qu’on se frayait un passage entre les stands de tartiflettes et les T-shirts Je suce pour une fricadelle.
Ce sont les Californiennes de HAIM qui les premières retiennent notre attention/ Malgré leur look à la Laura Ingalls, les frangins sonneraient plutôt comme une version remaniée et sympathique des Bangles. Plus loin sur la grande scène, les Biffy Clyro noient leur pub-rock dans des litres de sueur. SI le public d’Arras salue l’effort, le décalage entre l’énergie déployée par les Ecossais et le manque de ferveur du public a de quoi faire sourire.
Lorsque les abominables Thirty Seconds To Mars s’emparent à leur tour de la scène, on détale comme des lapins pour retrouver Bloc Party. Le groupe tourne désormais sans son batteur officiel, Matt Tong, dont le NME croit savoir qu’il aurait jeté l’éponge. C’est Sarah Jones, cogneuse chez Hot Chip et New Young Pony Club, qui le remplace au pied levé pour un set ramassé et aérien.
La nuit s’allonge enfin sur la citadelle d’Arras. On s’approche de la grande scène pour la messe de Green Day. Billie Joe Armstrong, tout juste libéré de rehab, ressemble de moins en moins à un punk et de plus en plus à Krusty le clown. Le groupe enchaine les tubes (« Holiday », « Letterbomb », « Basket Case ») entre deux coups de canon à T-shirt et dérouleur de PQ. Cette première nuit s’achève par un set de Prodigy d’une violence inouïe qui laissera les festivaliers interdits.
La journée du samedi est un véritable cauchemar FM qui commence par les impossibles Mike & The Mechanics. On survit miraculeusement aux jérémiades de Damien Saez (qui semble bien décidé à se laisser pousser la barbe et le nombril) comme aux cris de mouette d’Asaf Avidan avant l’arrivée salvatrice de The Hives, tous fagotés en costumes d’académiciens. Les titres les plus récents du combo suédois comme « Wait A Minute » et « Go Right Ahead » sonnent désormais comme des classiques. C’est déjà l’heure de la soupe, ça tombe bien Sting vient d’arriver sur scène. On abandonne l’ex-Police très vite, lui préférant la compagnie des Belges de Deus. Bonne idée car le groupe d’Anvers livre ce soir-là un set urgent et généreux, dont une relecture cabossée et funky du « Oh Well » de Fleetwood Mac. On quitte la citadelle ému, tout en fuyant les hymnes publicitaires des C2C
C’est Charles Bradley qui entame la dernière journée de ce festival. Si le vieux soulman ne manque pas de style ni de souplesse, il lui manque l’essentiel : les chansons/ La franchise James Brown est donc toujours vacantes. Plus tard on retrouve les Stereophonics en plein service minimum sur la scène principale. Pas la moindre connexion avec le public qui, de toute façon, n’attend plus qu’Indochine. A 23h, le groupe de Nicola Sirkis se lance dans un show tout à sa démesure qui, malgré les tubes et les confettis, sera surtout marqué par les problèmes de voix du chanteur. Qu’importe, l’ambiance dans le public est dévotionnelle. En rappel, le groupe décide d’en finir avec une version électrifiée de « L’Aventurier » qui laisse ses fans au bord de l’orgasme.
L’année prochaine, le Main Square fêtera ses dix ans. Les programmateurs devront faire mieux s’ils veulent maintenir Arras sur la carte des festivals qui comptent.
Romain Burrel