Toujours " jeune et con ", donc bien en phase avec les stéréotypes de ce monde étriqué imposé par ses pairs, le voleur de feu, " menacé mais libre ", retrouve la scène. Et il est plus vindicatif que jamais.
Tes concerts commencent par Dijon, le 26 octobre, une ville où tu as longtemps vécu.
Je viens d'une certaine façon de là, comme Franck et Antoine. On vit entre Paris et Dijon. Eux y vont plus que moi. Honnêtement, je leur évite tout ce que moi je dois me coltiner dans cette histoire qui est la nôtre… Il y a la préparation de la tournée, le clip. Le premier était une sombre merde, j'ai tout repris. En plus sur scène, il y aura pas mal d'écrans derrière nous, et je n'ai pas envie d'y mettre n'importe quoi. Je veux construire, théâtraliser.
Ta prestation aux Victoires demeure un sommet de la provocation.
Nous, on s'est vraiment marrés. C'était drôle, loin de ce qu'ils pouvaient attendre, de ce que veut ou croit être la télé.
Un vrai clip à la limite.
Clair ! Finalement, tout ça rejoint ce que je pense des médias. L'autre jour, je tombe sur LCI. En ce moment je zappe vachement entre les chaînes d'information pour voir les différents traitements de l'actualité … grave ! De temps en temps, il y a de bons trucs, entre autres cette rubrique " No comment ". Okay ! L'autre jour, je tombe sur un truc, " le rock se rebelle ! " Il y avait le patron du label Naïve, le mec qui chantait " J'aime regarder les filles " et Aston Villa. Ils sont là, à parler et, tout d'un coup, tu te rends compte de la récupération. Je vais être assez critique mais, vraiment, tout d'un coup, ça m'a fatigué. Tout est centralisé sur un pseudo-rock et il sert à faire passer toutes les pilules… Tant de choses inutiles dont on n'a rien à branler. A priori, ces chaînes sont quand même celles où on s'attend à entendre parler de la situation terrible en Palestine. Et, là, devant moi, c'étaient des images, des débats sur la récupération des artistes engagés par les multinationales. Au moment des présidentielles, il y avait des mecs sans logement, ne possédant rien de personnel et les médias parlaient de Messier, encore de lui, toujours de lui… On vit entourés de choses tellement plus graves.
Et le coup de gueule de Bertrand Cantat de Noir Désir ?
En quelle année ils font ça ! Ils y étaient tous. Pas un n'a fait une chanson avec du bruit, pas un ne s'est rebellé. Aucun n'a parlé de choses dépassant le périmètre de son nombril. Ce serait ça, se rebeller ? Le rock devient conventionnel. Voilà un véritable débat à ouvrir. J'ai trouvé tout ce qui s'est fait lors de cette dernière cérémonie des Victoires tellement politique. Un jour, Jospin raille l'âge de Chirac et on ne parle plus que de ça durant une semaine, à la télé, la radio, dans les journaux. Il n'y en a pas un, en politique, dans la musique, l'écriture, les engagements, les prises de position, qui soit capable de sortir de son petit monde, de sa lâcheté si redoutablement ordinaire et moi je trouve tout ça tellement dramatique !
Pour décrire ton dernier album, tu parlais d'un brouillon d'adolescence. Et celui-là ?
Je vais te trouver une autre formule assez similaire. Celui-là est mon brouillon d' " adulescence ". Le terme doit être bon. Ce disque, je crois, est lourd dans les deux sens du terme. Il dévoile beaucoup de moi, ce qui constitue un risque. Tout en partant dans différentes directions, je donne beaucoup de ce que je suis !
Damien Saez en concert
Le 26 octobre à Dijon, à l'Aéronef de Lille le 19 novembre, à Nancy/Seichamps le 27 et à Strasbourg/Shiltigheim le 28.