A Ton Nom, où comment Damien Saez, jeune chanteur de la scène rock française, donne de sa voix et fait partager ses prières sur le devenir de l’humanité. L’ouvrage fait partie de la collection le Souffle de l’esprit, chez Actes Sud, maison d’édition qui a invité plusieurs personnalités d’horizons diverses pour traiter d’un sujet commun, la prière. On se demande toutefois dans cet ouvrage si Saez a encore beaucoup d’espoir, tant la vision du monde « selon Saez » est terriblement désespérante et caricaturalement désespérée... Au premier abord, « A ton Nom » apparaît davantage comme un livret annexé aux CD du chanteur : on y retrouve essentiellement les textes des chansons des deux albums Saez, « Jours étranges » et « God Bless ». L’ensemble est combiné aux réflexions du jeune artiste sur sa vision du monde, ses pensées, son regard sur les hommes et l’humanité. Ensuite, à la lecture du recueil, on est définitivement convaincu des amalgames des fans et des critiques à comparer Saez à un Baudelaire ou un Van Gogh tant il ne ménage ni ses efforts ni ses mots pour être érigé en poète torturé et déchiré du nouveau millénaire. Les textes se déclinent tous sur les mêmes thèmes : pêle-mêle de questions existentielles sur les êtres, les injustices, le mal-être, la rage ou la colère, la mort ou encore la mondialisation, le sida, le chômage, la misère... Force est de constater combien le monde de Saez est sombre. On saluera ses efforts pour être associé et classé parmi les artistes du genre, indéniables et peut-être plus vrais ceux là : on ne citera que Jim Morrison, Brel, Jeff Buckley ou Kurt Cobain, pour référence.
Alors, rebelle convaincu Saez ? Certainement oui, pour les fans ou les adeptes. Ils retrouveront et s’identifieront au mal-être du chanteur animé et inspiré par une révolte « intérieure ». De celles qu’ont les adolescents en proie au tourment, aux frustrations et aux crises pseudo suicidaires. Il dénonce, enrage, accuse, pleure, tempête, jure, questionne, s’interroge. Colère contre le chômage, la passivité, l’injustice, l’intolérance, le racisme, l’existence ou non de Dieu. Il exhorte aussi la nécessité de s’engager. Pose beaucoup de questions, mais propose peu de solutions. Chaque texte d’ A ton Nom nous fait partager les états d’âmes de Saez. Finalement, on adhère ou pas. Reste une impression de déjà-vu pour certains lecteurs qui auront des difficultés à croire au personnage, préférant certainement relire Gainsbourg, écouter soit Nirvana soit les Doors Laisser ainsi le jeune Damien Saez prouver qu’il a atteint la maturité et confirmer qu’il ne joue pas trop avec son image de rebelle engagé.
Sophie Douay