Ecrite en une nuit aux lendemains du premier tour des présidentielles, installée sur son site internet, la chanson « Fils de France » porte en elle tout ce qu'est Damien Saez : un écorché vif dont le regard sans concession ne saurait se suffire de artifices de notre société. Son histoire est faite d'une succession de coups de gueule et de révoltes.
Soif de vérité
Programmé aux Victoires de la Musique l'année dernière, il y impose une version vindicative de « Jeune et con », le morceau qui l'a fait connaître, sorte d'hymne des générations sacrifiées sans autre procédé sur l'autel de la crise économique. S'il a scandalisé le parterre réuni pour la cérémonie au Zénith de Paris, ce morceau de bravoure a séduit le grand public, offrant une seconde carrière à un album déjà particulièrement bien accueilli et qui s'est vendu à plus de 300 000 exemplaires.
Cet « enfant du siècle » n'avait pourtant fait aucune concession à l'instant d'entrer en studio. Ses textes à l'emporte-pièce, charriés par de puissants riffs hérités de la furia punk, sont autant d'engagements contre la désuétude de valeurs censées régler nos vies, la lâcheté et l'ignorance délibérée de l'autre.
Dans la foulée, le prodige commence une impressionnante tournée dont la première a lieu au Terminal Export, un instant de musique inoubliable. Il reviendra, quelques mois plus tard, sous le Chapiteau de la Pépinière, dans le cadre de NJP cette fois. Depuis, est sorti « God Blesse », album double, où, d'un CD à l'autre, Saez passe du classique, sa formation, à des rocks sans concession. Son inspiration s'est un peu élargie à la planète qu'il restitue avec une passion exacerbée, entre les soubresauts malsains de l'ancien bloc de l'Est, les collines du Panjshir et la solitude ordinaire qui fait le quotidien des mégalopoles de n'importe quel continent.
Saez n'est pas un phénomène, juste un surdoué dont la soif de vérité ne peut qu'impressionner. Alors qu'il vient de reprendre la route, un prochain enregistrement fait déjà partie de ses préoccupations immédiates... Un live est également prévu. « Pas tout de suite, tout de suite. J'ai envie d'écumer un peu, envie d'y aller ! J'ai quand même été frustré en partie par la précédente tournée. Même si ma tendance est plus celle du studio, j'ai envie d'y aller et de voir, d'aller au fond de la rencontre avec la scène, d'apprendre ce qu'elle est réellement... J'ai une envie de donner encore plus, beaucoup plus fort. J'ai accepté l'idée d'un total don de soi dans la vie que jai choisi, tant sur scène qu'ailleurs ».
Jean-Paul GERMONVILLE