Qu’il était temps. Après toutes ces années passées à vivre sa musique au rythme où montait la révolte, nous nous devions de franchir le pas. Damien SAEZ ou le parolier des exclus, des chômeurs et des sous-fifres, le parolier devenu mythe. Tout au long de ma courte existence, je n’ai jamais connu un artiste qui a su me faire voyager comme a pu le faire SAEZ. Pourtant, le garçon ne possédait au départ qu’une maigre guitare pour chanter sa comptine Jeune et con. Mais doté d’un talent sans égal et d’une plume irrésistible, cette guitare lui a bien servie. Et ce soir-là avec Ony’, au dénouement d’une attente aussi glaciale que stressante, le mythe était enfin à notre portée.
C’est donc après trois heures de route que nous arrivions à la salle de concert de Tours baptisée L’escale. Arborant un style très design avec des couleurs alliant le rouge et le noir, cette salle possédait un certain charme qui n’était pas pour déplaire. S’en suivit une petite virée avec Ony’ dans l’affreuse zone commerciale du centre de St Cyr sur Loire, zone bondée de magasins dédiés aux bagnoles de luxe et autres magasins complètement tape à l’oeil. Cette balade fut également pour nous l’occasion de constater la température polaire qui régnait dans l’air, nous faisant déjà regretter notre petite escapade. Petite escapade car il fallait bien tuer le temps : arrivés à 16 heures, le concert débutait à 20 heures (en théorie…) et nous n’étions guère motivés à imiter les quelques suicidaires qui attendaient déjà devant la porte de la salle. Mais passons outre cela et attaquons nous directement au nerf de la guerre, le concert.
Après quelques minutes d’attente dans une salle qui se remplissait petit à petit, les lumières se sont éteintes et nos coeurs se sont mis à s’envoler. Tous deux les yeux rivés sur la scène pour ne pas manquer l’entrée de l’ami SAEZ, le début du concert n’était pas forcément l’image que l’on s’en faisait. Arrivant timidement pour s’installer sur la chaise qui lui était prévue, Damien SAEZ semblait complètement désemparé, tel un homme perdu. Les jours d’avant, on le savait, Damien s’était vu hospitalisé pendant deux jours suite à un lumbago attrapé lors du concert à Lausanne. Le voir dans cet état avec Ony’ nous a fait énormément de peine, ce n’est pas exactement ce à quoi nous nous attendions pour ce concert. Mais SAEZ en a vu d’autres et malgré la douleur, il commençait son concert en acoustique avec des titres interprétés avec brio. Que tout est noir, Jours étranges, Saint Petersbourg et j’en passe, tout autant de titres qui ont eu le mérite de lancer ce concert de la plus belle des manières et nous faire, une fois de plus, frissonner devant le talent de Damien avec sa guitare.
Setlist jouée en acoustique :
Embrasons-nous
Jours étranges
Que tout est noir
Rois Demain
Saint Petersbourg
Jeunesse lève-toi
Le bal des lycées
Ceux qui sont en laisse
On a pas la thune.
Après l’avoir admiré des heures durant sur des vidéos de ces précédentes tournées, l’émotion est ici décuplée et force est de constater encore une fois que Damien sait manier la musique, qu’elle soit acoustique ou bien rock. Car du rock, il y en a eu ! Après avoir joué son récital devant un public ébahi par sa voix suave et lancinante, Damien fuyait la scène quelques instants histoire de se préparer à ce qui allait suivre. « Bon, je reviens, on va essayer de faire un peu de rock. » Et c’est peu dire… Une fois de retour sur scène, nous assistions avec bonheur à la métamorphose. Revigoré par ce petit entracte, c’est un Damien beaucoup plus enjoué et motivé qui apparut sur scène, le vrai Damien, celui que nous connaissions tous et qui est capable de mettre le feu sur scène. Avec lui surgirent les membres de son groupe et cette apparition sonnait comme le début d’un moment inoubliable, avec la découverte pour nous de voir les musiciens de Damien trop souvent oubliés. C’est donc avec le titre Messine que le groupe décidait de commençait sa partition rock. Bien que le démarrage fut un peu long, le public et nous-même furent transportées dès les premiers accords de guitares électriques : cette fois-ci on y était ! Ça dansait, ça chantait, ça gueulait même, mais dieu que c’était bon Damien.
Là, il n’était plus question de tristesse ni de lumbago, il n’y avait que de la fureur sur scène. Et c’est avec une maîtrise parfaite que Damien nous a offert les plus belles chansons de son dernier album, tout en y glissant des valeurs sûres comme Fils de France ou encore J’accuse. Sûr qu’ils l’ont fait danser la Betty, la faisant valdinguer dans tous les recoins de la scène, pendant que nous dansions comme des forcenés au rythme de la voix du soir et de la vie. Avec rage et plaisir, Damien et ses musiciens donnaient tout pour nous proposer des chansons haletantes, rythmées et percutantes. Des musiciens qui pouvaient d’ailleurs laisser libre court à leur feeling, Damien leur laissant même assurer une bonne partie de la fin du spectacle. Nous partagions La Fin des Mondes avec un SAEZ encore plus révolté que jamais, dans une version aussi émouvante qu’impressionnante. Mais si Damien frôlait le pessimisme l’espace d’une chanson, nous redevenions rêveurs avec Into the Wild, partageant nous aussi l’idée d’aller tenter l’Alaska, même si on sait qu’on partira jamais. Et une des grandes qualités de Damien est son interprétation des chansons : il ne se contente pas seulement de répéter ses paroles sans les penser mais il les vit également avec le public, se permettant même parfois de bavarder sur un problème de société ou d’exprimer sa musique par quelques gestes bien trouvés.
Setlist jouée dans la deuxième partie du concert :
Messine
Les échoués
Fin des mondes
Betty
Ma petite couturière
Marguerite
Into The Wild
Marie ou Marilyn
Fils de France
J’accuse
Tu y crois
Chatillon-sur-Seine
En conclusion et pour faire simple, ce concert était inoubliable. Des musiciens grandioses, des chansons jouées à la perfection et un Damien des grands soirs, nous ne pouvions demander mieux. Nous saluons d’ailleurs la prouesse de celui-ci à avoir assuré un tel spectacle avec un lumbago. Très sincèrement, cela a été un véritable plaisir que de vivre cette expérience avec Ony’, elle à qui j’ai fait découvrir Damien, elle avec qui je partage mes goûts et ma vie, elle avec qui j’ai vécu ce concert. Ce moment était vraiment intense, ce fut l’accomplissement d’un rêve que je ne réalise pas encore aujourd’hui. Peut-être, demain, que nous reviendrons à parler de cette attente interminable dans le froid glacial ou encore de ces quelques groupies un peu trop énervantes. Mais d’ici là, il ne demeure pas dans nos têtes un autre sentiment que celui du bonheur d’avoir vécu un tel moment.
Merci Damien, et que ton chemin t’emmène encore plus haut que tu ne l’es déjà.
galwii
Source : dieandretry.com