Depuis l'arrêt abrupt de sa tournée d'automne, consécutif à la décision de retrait de deux de ses musiciens (Marcus, basse et Jean-Da, batterie, partis travailler sur des projets solos respectifs et non décédés d'overdose comme la rumeur a pu le laisser entendre !), on attendait un peu Saez au virage pour cet ultime concert d'une année (d'un millénaire aussi, paraît-il) qui l'a vu sortir de l'anonymat s'imposer auprès d'un public comme une relève possible du rock français et une alternative crédible à la scène pop hexagonale « variétoche », pour enfin séduire un large public. Pas rien tout de même en seulement quelques mois. Or, malgré ce succès et la pression qui, nécessairement en découle, reconnaissons que le jeune homme a assez bien résisté au phénomène « grosse tête » et autres pétages de plomb qui ne manquent pas d'interférer dans ce genre de situation. S'il a si bien résisté, c'est que Saez, depuis le début, sait où il va. Et il y va franco, sans trop se soucier du qu'en-dira-t-on, de l'avis de ses proches ou celui de sa maison de disques. Intransigeant, souvent casse-pieds, Saez sait heureusement toujours gérer son ego, en tout cas le situer à un niveau raisonnable et en faire profiter avant tout sa musique. C'est ce qu'on retiendra de ce concert du 19 décembre. Vraisemblablement déstabilisé par le départ de ses musiciens Saez n'en a rien montré.

Il a au contraire revendiqué et assumé totalement ce nouveau revers. S'appuyant pour la partie électrique sur les fidèles Antoine (claviers) et Franck (guitare) et intégrant à la volée nouveau batteur (rien moins que Richard Kolinka, ex-Téléphone !), nouveau guitariste et nouvelle bassiste, Saez a surtout prouvé en l'espèce la valeur de ses chansons, lesquelles restent solides et efficaces malgré l'interprétation différente qui peut en être fournie. Un constat qui a sans doute poussé le chanteur à envisager cette première partie seul ce soir-là au grand piano. Et s'il est vrai que la partie en question était peut-être un peu longue pour un public non « préparé », reconnaissons qu' « Amandine » par exemple, prenait une sacrée ampleur dans ce contexte. Aussi, le bilan de la soirée, mitigé pour certains (une partie de son public voudrait déjà le figer dans le rôle « du chanteur-à-t-shirt-blanc-taggé-qui-chant-si-bien-sa-génération »), fut largement à l'avantage de Saez et s'avère sacrément important pour l'avenir : à peine installé avec une image, Saez vient déjà de la détruire. Bref, ça passait ou ça cassait. C'est passé. Nous avons décidément affaire à un artiste hors du commun. C'est-à-dire à un artiste...

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