La question du jour
Damien Saez va sortir lundi 18 mars un nouvel album, "Miami", dont le premier titre est déjà disponible en téléchargement gratuit sur le site du chanteur. En revanche, vous ne verrez pas la pochette dans le métro. La RATP a interdit les affiches publicitaires qui, selon elle, "pouvaient choquer une partie des voyageurs en fonction de leur conviction religieuse". On fait le tour de la question.
Damien Saez censuré.
La pochette de l'album "Miami" que vous voyez dans la vidéo ci-dessus, vous ne la verrez pas dans le métro. La régie publicitaire de la RATP, "Média Transports", a refusé la campagne d'affichage du nouvel album de Damien Saez.
Mais pourquoi ?
Explication d'Alan Gac, responsable du label Cinq7 :
"La RATP nous a expliqué qu'en tant que service public, elle devait avoir un devoir de neutralité, et ne pouvait pas choquer ses usagers."
D'où ma question : êtes-vous choqué par une paire de fesses dans un slip rouge avec une bible devant et écrit "Miami" à côté ? >
Oui ! La pochette de l'album de Damien Saez est une provocation
- Je suis choqué par les fesses. On n'arrête pas de voir des tas de fesses partout. Pour vendre un yaourt, pour vendre un parfum, pour vendre de la moquette autocollante... On pourrait attendre plus de créativité chez les artistes (et puis qu'est-ce qu'on va montrer pour vendre des slips, du coup ?).
- Je suis choqué par le slip. Au contraire, j'aime bien les fesses. Il n'y avait pas besoin d'un slip. D'autant que la bible cache ce qu'il y a à cacher.
- Je suis choqué par la bible. La Très Sainte-Bible n'est pas un cache-fesses. Blasphème ! Je vais tout dénoncer au nouveau pape (que je vous prie d'appeler François tout court : à partir de maintenant, ceux qui disent François 1er, ils mettent un euro dans le cochon, la première Clio, elle s'appelait Clio tout court, c'est pareil avec les papes).
- Je suis choqué par le titre. Il faudrait instaurer la perpétuité pour les graphistes qui écrivent encore à la verticale, comme dans les cartes de vœux Publisher de tonton Michel.
- En plus, Damien Saez est un récidiviste. En 2010, il avait déjà été censuré par la RATP avec cette affiche (ndlr, "J'accuse", la pochette de l'album de Damien Saez) jugée "dégradante pour l'image de la femme". C'est à se demander s'il ne cherche pas simplement à se faire des coups de pub.
Non ! La RATP a un problème avec la censure
- À propos de la pochette "dégradante pour l'image de la femme", il y a aussi écrit "J'accuse" dessus. C'est justement le propos de la chanson de Damien Saez : dénoncer la marchandisation. La régie publicitaire de la RATP devrait peut-être penser un peu plus loin que le premier neurone.
- Ou alors, à la RATP, ils ont un problème avec la religion. Dans cette affiche (ndlr, le visuel de la campagne pour la série "Ainsi soient-ils", diffusée sur Arte), la régie pub a vu une "allusion sexuelle trop présente. Du vernis à ongles, une allusion sexuelle ? Seriously ?
- Ou, peut-être, c'est un truc politique. En 2012, la régie publicitaire de la RATP avait déjà censuré une affiche du collectif contre l'islamophobie (CCIF) au motif que le message revêtait "un caractère politique". Comme dirait la philosophe, "non mais allô, quoi ?". Si revendiquer la tolérance, c'est de la politique, montrer un cul...
- Autre censure plutôt violente : Stéphane Guillon en 2012, pour cette affiche (ndlr, "En mai 2012, Stéphane Guillon s'en va aussi"), tout est dans le "aussi".
- Que reste-t-il à censurer ? Oui ! La cigarette. Voici une dernière affiche (ndlr, "Gainsbourg, vie héroïque") censurée par la RATP. Ok, la cigarette, c'est mal, mais représenter Gainsbourg sans sa clope, c'est un peu comme le pape sans sa soutane.
Mathieu Sicard
Source : leplus.nouvelobs.com