C’est par la chanson la plus controversée de son dernier album que Damien nous dévoile un de ses talents. Questions-réponses autour du clip de « sexe »
Pour le clip de « Sexe », ça s’est passé comment ? Tu as eu l’idée et après tu t’es dis que tu allais le réaliser ou l’inverse ?
J’ai eu l’idée d’abord.
Et pourquoi cette envie de le faire toi même ?
En fait, ce qui s’est passé c’est qu’on a fait le clip de « Solutions », c’est pas moi qui l’ai réalisé, et en fait ce clip n’est pas du tout ce qu’il était à la fin. A la base y avait toute une histoire… Et au final c’était tellement à chier, j’étais tellement mécontent que je leur ai dis de prendre seulement les images où je suis devant le micro. Donc pour « Sexe », j’avais pas envie de me retrouver dans la même situation…
L’idée du clip t’es venue comment ? Tu parlais, dans une interview, de Shakespeare ?
Oui parce que je trouvais ça rigolo qu’il y ait vraiment un décalage entre ce qui s’y passe et les textes.
Tu fais également une référence à un film de Wim Wenders…
En fait, c’est un mix entre elle qui sort tout droit de « Roméo et Juliette » et lui qui sort de ce film là, « Les ailes du désir », il y a un côté un peu « baroque ».
Et le dernier plan, celle dans l’espèce de sushi bar, un trip de deux fous qui s’imaginaient des choses…
« Les ailes du désir », c’est pas tout récent, sa sortie date de 1987, est-ce qu’il y a un film qui t’a marqué dernièrement ?
Il y un film qui est vachement beau, et dont le trip du sushi à la fin du clip de Sexe est issu, c’est « Les anges déchus » de Wong Kar Wai (« Miss blues »), c’est un film qui m’a pas mal marqué. Sinon, qu’est-ce que j’en vu qui m’a marqué… Pas grand-chose dernièrement.
T’aimes le ciné ou t’es plutôt DVD ?
J’y vais pas des masses… Non… Je suis pas fana de ciné. Surtout pas actuel. Ah si ! Parfois tu vois, je me surprends à aimer des films niais, je sais pas pourquoi… Par exemple, j’avais adoré, c’est pas récent mais… Je me souviens, j’avais vu « Un monde parfait »…
Avec Kevin Costner ?
Oui ! J’avais trouvé ça mortel ! L’histoire du p’tit garçon qui est pris en otage par un mec, l’affection qui se créée entre les deux, j’avais trouvé ça super. Finalement, je crois que c’est plus les histoires que j’aime, que le côté que ce soit français ou américain. Je m’en fous un peu de ça… Je suis plus touché par les personnages, par rapport à ce qui se dégage, la sensibilité de l’histoire. Et « Les ailes du désir », je l’ai découvert un peu après il y avait la cassette chez mes parents, ils enregistraient pas mal de films de ce genre là, on va dire un peu intellectuels entre guillemets, et voilà, j’étais tombé dessus et j’avais trouvé ça super beau… C’était la première fois que je voyais de la poésie filmée.
Au niveau du tournage du clip, t’as rencontré des difficultés ?
Non. Même pas au niveau du serpent. En fait, le serpent c’est « cool ». C’est pas du tout ce qu’on croit. Mais vraiment. J’ai l’impression, comme il y en avait plusieurs, et qu’au finish, j’ai pris le plus gros, que ce sont les plus petits qui sont plus vifs. Donc c’est eux qui font le plus peur, enfin au toucher c’est un peu plus bizarre. Mais le gros là, il faisait un peu plus de 2 mètres je crois, et il bouge pas des masses. Les gros, ils mangent toutes les 2-3 semaines, et après ils digèrent et ils dorment. Et en fait quand ils bougent, tu sens tous les muscles qui bougent, mais c’est très lent et ça fait pas flipper. Puis ça mord pas du tout, c’est un python. Celui du clip et ses proies, il les étouffe. Et de toutes façons, un corps humain pour un serpent de 2 mètres, ça le prend pour un arbre et pas pour une proie. C’est pas du tout comme le cliché que j’en avais, pas visqueux, c’est complètement sec et pas spécialement froid, je dirais même à température ambiante.
Mais sinon je n’ai pas rencontré de difficultés particulières… Je l’avais bien en tête avant vraiment…
Le truc le plus chouette, c’était la prestation de l’actrice. Sa prestation du milieu… Wah… Je me suis dis qu’elle devait trop… J’espère qu’elle pourra, qu’elle aura l’occasion de faire du cinéma parce que j’ai… rarement vu des scènes aussi… Et encore ! Parce que je l’ai coupé ! Mais ça dure bien cinq minutes sur le texte… Et vraiment c’est… c’est magnifique, c’est incroyable ! Et tu vois, on ne lui a pas mis des gouttes dans les yeux ! C’était… quand je l’ai vu la première fois, je me doutais pas que ce serait aussi fort.
Et la première fois que tu as vu le clip ? T’as ressenti quoi ? T’en as pensé quoi ?
J’étais content parce que je l’ai traité plus comme un vrai court métrage que comme un clip. J’ai pu couper la chanson, mettre une partie de piano au milieu. J’ai eu une liberté artistique qui était assez grande et j’étais assez content de ça.
Et la censure qui a suivi la sortie de clip ? Réaction ?
… des connards…
Perso je vois pas ce qu’il a de très choquant en plus…
Les mots. C’est à cause des paroles, enfin c’est la raison que tout le monde donnait. Mais bon de la part d’une chaîne qui fait « Loft story »… Sincèrement… Ca m’intéresse pas et en plus je m’en fous ! Si dans la vie on devait se dire qu’on a besoin d’une chaîne de télé pour exister… Ce serait bien triste, vraiment. Et puis il était téléchargeable sur le net, il était sur le CD single donc… voilà.
C’est une expérience que tu vas renouveler ?
Oui je pense. Mais pas forcément tout de suite. C’est une chose qui demande beaucoup de travail quand même. Le clip m’a pris 15 jours plein. Mais 15 jours intenses. Donc j’ai pas forcément tout le temps le temps à consacrer à ça.
Niveau clip y’en a un qui t’a marqué plus que les autres ?
Oui, le clip de Grant Lee Buffalo sur une chanson qui s’appelle « Fuzzy », le clip de U2 « One », les clips de Radiohead aussi sont beaux ; Celui de « Streets spirit »notamment. Assez simple mais très beau en fait. Une caravane, lui qui chante en apesanteur par moment. Il y a des images très belles. Et récemment il y a le clip d’Archive pour la chanson « Again ». Ce clip en flash, il est mortel ! Le bonhomme me fait penser à Hakira. C’est un peu manga…
Julie