Damien Saez voit le jour le 1er août 1977 à Saint Jean de Maurienne en Savoie. Il grandit a Marseille avec sa mère éducatrice et son beau-père documentariste après le divorce de ses parent alors qu'il n'était agé que de 4 ans.
Le jeune Damien est attiré très tôt par la musique, il débute le piano et est admis à 8 ans au Conservatoire national de musique de Dijon, où la famille s'installe. Il en sort à l'age de 17 ans, et obtient son bac S en 1995.
Déjà, il fait partie de groupes dans lesquels il joue des reprises. Mais Damien Saez, qui s'est , en plus du piano, familiarisé à la guitare, souhaite jouer et chanter ses propres compos et textes. Il monte alors en avril 1996 à Paris, avec en tête l'idée de s'y faire repérer et il s'y fera remarquer par William Sheller qui le prend en personne sous son aile. Il est signé par le label Island (filiale d'Universal) et enrengistre un premier album.
Le single Jeune et con , très diffusé sur les chaînes musicales et en radio, attire immédiatement l'attention du public. L'album, Jours Étranges, dont le single est extrait révèle un auteur-compositeur-interprète au talent et à l'inventivité prometteurs. Si le single, classique dans son format et sa composition, fut un bon morceau, l'album se révème très riche, entre rock saturé et ballades, le tout mêlé d'arrangements électroniques maîtrisés. Pour l'enregistrement de ce premier album Damien s'est entouré de vrais pros, notamment Ron St. Germain au mixage, célèbre pour ses travaux aux de Lou Reed, Soundgarden, U2, ou encore Sonic Youth
L'album est alors nommé double disque d'or et Saez est nominé en tant que Révélation de l'année aux Victoires de la Musique en 2001. Au cours de la cérémonie, il donne d'ailleurs une performance dans laquelle les fans voient la marque d'un rebelle et ses détracteurs un moment pathétique de télévision : venu chanter Thank You de Dido. Puis, le bonnet rabattu sur les yeux, il interprète son tube en forçant sur l'image du rebelle – jusqu'au ridicule.
C'est donc logiquement qu'il participe, avec tout le fleuron de la scène française (Noir désir, Arthur H, Tarmac, Miossec etc.) à l'album-hommage à Georges Brassens, Les Oiseaux de Passage, qui sort en décembre 2001, Saez y interprète La prière. Ce même mois, paraît A ton nom, recueil de poèmes et de réflexions de Saez, dans la prestigieuse maison d'édition Actes Sud, misant davantage sur la notoriété du chanteur et son rapport commercial que sur la qualité poétique et littéraire de ses textes.
Après avoir longtemps défendu son premier album, Saez enrengistre God Blesse/Katagena un double album musicalement ambitieux qui paraît en mars 2002. Et pour cela Saez s'entoure une nouvelle fois de professionnels chevronnés : Théo Miller (Placebo) à la production, James Eller à la basse, Clive Deamer (Jeff Beck, Portishead) à la batterie entre autres. De son côté, Damien assure l'ensemble des parties de guitares et de claviers. L'album surprend pas son exubérance, allant du rock saturé au relents industriels de J'veux du nucléaire au techno Sexe, en passant par de belles pièces d'inspiration romantique ou de morceaux de rock symphonique. On y retrouve également l'hymne désabusé Solution, dans lequel il chante « Nous ne voulons plus de vos solutions / Il n'y a plus de rêve pour cette génération »
De part en part, court une mélancolie tenace, qui tourne de la révolte à l'accablement. Semblant se poser en porte-voix d'une partie de la jeunesse, dans la continuité du précédent album, il n'a de cesse de parler de « génération » («enfant d'une génération ratée... », « elle est condamnée, notre génération »...). Saez semble en fait parcouru par les contradictions d'un post-adolescent, ce que traduit son chant maniéré et son réjet répété d'un monde adulte abhorré, ce en quoi il rappelle les thèmes de groupes grunge comme Alice In Chains ou Nirvana... Si les paroles n'ont pas énormément évoluée, musicalement c'est d'un énorme bond en avant dont nous pouvons parler.
Seulement un mois après la sortie de l'album Saez se signale à nouveau, suite au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, qui porte Jean-Marie Le Pen, leader d'extrême droite française depuis les années 70, face au président sortant, Jacques Chirac. Sous le coup de la colère il écrit et enregistre dans la nuit Fils de France, qu'il met dès le lendemain, 22 avril, en téléchargement gratuit. Les paroles n'évitent pas le cliché (« Nous sommes, nous sommes / La nation des Droits de l'Homme/ (…) La Nation de la Tolérance/ (…) La nation des Lumières/ (…) A l'heure de la Résistance ») mais rappellent l'engagement du chanteur.
C'est avril de cette année électorale que sort le film Femme Fatale, de Brian de Palma, sur la B.O duquel se retrouve le single Sexe. Cette chanson et son clip donnent lieu à une censure de la part des radios et des télévisions, en raison de paroles explicites (« Mets ta langue ou tu sais / Non ne t'arrête pas / Continue de lécher », etc.), ce qui ne manque pas d'alimenter son image de rockeur/poète maudit.
Au cours de l'été 2004, paraît son troisième album, Debbie, un album plus court (11 titres contre 29 pour le précédent) sous l'influence prépondérante de Noir Désir. Le résultat est, une fois de plus, convaincant musicalement, mais il surprend surtout par des paroles enfin débarrassées de l'afféterie grandiloquente des deux premiers album. Par instant, Saez se montre même capable de paroles réellement poétiques. Une fois de plus le public suit.
Décidant d'entamer une carrière indépendante, Saez quitte Universal, avant de se lancer en 2005 dans une tournée accompagné de trois guitares et un piano. Au printemps 2008 sort le quatrième album de Saez un triple album Varsovie / L'Alhambra / Paris, sur son nouveau label Cinq7.
Suite à cette parenthèse Saez marque son retour par le fracassant J'accuse. En guise d'amuse-gueule, l'inédit Police est largué en novembre 2009, avant même sa sortie le 29 mars 2010, l'album bénéficie d'une publicité inattendue due à la RATP qui censure l'affiche représentant le visuel de la pochette, une femme nue dans un caddie de supermarché. Le chanteur s'indigne de cette décision portant atteinte à sa liberté d'expressionet fait valloir sa dénonciation de la marchandisation de la du corps humain.
Après un J'accuse diffusé à plus de 100.000 exemplaires et une tournée tout autant triomphale, Saez retourne à sa plume pour débaucher la trentaine de titres de l'opus suivant. Présenté à nouveau sous la forme d'un triple album et annoncé par l'extrait Les Fils d'Artaud, Messina sorti le 17 septembre dernier est un nouveau grand-oeuvre de l'artiste qui réédite son coup de 2008. Plus poétique que politique, Messina est la preuve de Saez de sa verve inextinguible et inaltérable.
G. Guillard