Une ligne infinie,
A traversé le ciel,
Au sein de l'incendie,
Survivra l'hirondelle.
Saez, Planche à Roulettes
Messina est le septième et dernier album en date de Damien Saez et son groupe, sorti en septembre 2012. Beaucoup moins violent que le précédent, J’accuse, et beaucoup plus personnel en termes de thématiques, ce triple album s’inscrit dans la pure tradition saezienne, entre romantisme désabusé et révolte poétique, comme un ténébreux orage traversé çà et là par de brillants soleils.
Chaque album du chanteur correspond à l’expression d’un état d’esprit particulier, qu’il explore sous un angle personnel. Alors forcément si on parle d’un triple album de Saez, on pense immédiatement à Varsovie – L’Alhambra – Paris, le précédent triptyque paru en 2008 et largement dominé par un sentiment de spleen baudelairien. La comparaison est attendue, mais doit être faite avec prudence puisque Messina est foncièrement différent -plus mature- de ce précédent. Si un mot, un sentiment devait le décrire, ce serait la nostalgie.
L’album est construit en trois parties réellement distinctes. La première, Les Échoués, fait le lien naturel avec J’accuse et attaque d’emblée avec les morceaux les plus bourrins -les plus classiques aussi- au message fortement engagé comme le très bon Fin Des Mondes. Pour autant les morceaux suivants ouvrent très vite sur la nouveauté en termes d’instrumentalisation, plus orchestrale notamment dans Les Fils d’Arthaud. On notera également la chanson Marie qui sort du lot comme un hommage à Jacques Brel. A son tour, le second disque Sur Les Quais opère une transition évidente entre la révolte (Marianne) et l’idée de l’avenir, et donc de l’espoir notamment dans Planche à Roulettes et Rois Demain. Pour conclure, le dernier disque Messine développe le sentiment de nostalgie et la mélancolie qui y est liée. Damien à pris de l’âge et si le futur lui semble un peu moins négatif, le regret du passé fait son apparition dans son oeuvre en particulier dans Les Meurtrières (magnifique) et surtout dans Le Bal des Lycées qui achève l’album en forme d’hommage à tous « les amis qu’on a laissés derrière ».
Musicalement, Messina innove en particulier par l’ajout de parties orchestrales dans certains morceaux. Les cuivres apportent en particulier une touche nouvelle et franchement positive dans la musique de Saez, sans voler pour autant la vedette aux guitares tantôt saturées tantôt acoustiques et aux batteries lors des morceaux plus rock. Si quelques chansons demeurent très classiques dans leur construction, comme Ma Petite Couturière qui aurait bien eu sa place dans J’accuse, d’autres apportent un vrai renouvellement cohérent et bienvenu dans la musique du chanteur. C’est notamment le cas de Les Fils d’Arthaud dont la musique aérienne me rappelle les cantiques religieux. Enfin, quelques morceaux simplement accompagnés à la guitare sèche rappelleront les anciennes balades de l’époque Varsovie – L’Alhambra – Paris.
J’ai redécouvert Saez il y a deux ou trois ans, à une période ou je pensais que mon état d’esprit était unique. Chacun de ses mots à trouvé un écho dans mes propres sentiments ; comme s’il avait pu exprimer tout ce que je gardais pour moi, sublimant le tout par une musique tantôt sublime et envolée, tantôt lourde et révoltée. A l’écoute de chacune de ses chansons, neuves et anciennes, il ne m’a jamais trahi. Cette redécouverte de Saez à transformé mon univers musical pour toujours. A la sortie de Messina comme de chaque album, tout était remis en péril. Mais peu importe si de lui on entend jamais parler, tant pis si je semble trop fan pour que mon avis soit sincère. Quand j’écoute Messina, que je monte le son à faire trembler le sol et battre mon coeur, je suis un peu plus heureux.
Saint Epondyle
Source : saint-epondyle.net