Par sa carrière atypique, bâtie à l'écart des médias, Saez n'attire qu'un public de fans. Purs et durs. Point de signe de ralliement comme chez Renaud autrefois avec les foulards palestiniens, juste un amour partagé pour le moindre mot proféré par le chanteur solitaire, lyrique et exalté. Seul en scène pendant le premier tiers du spectacle, guitare acoustique en bandoulière, en jean et polaire passe-partout, s'appuyant uniquement sur sa présence et son chant vibrant et juste, il égrène ses longues litanies révoltées et romantiques. La foule acquiesce, reprend certains des refrains en chœur, attend impatiemment l'explosion à venir. La tension monte, lentement, l'électricité s'installe subitement, la rage, le bruit et la fureur avec. Entre échos inévitables de Noir Désir et énergie communicative de Manu Chao en live, le groupe, solide, musclé, propulse les hymnes du tout frais album Messina, quelques classiques de son répertoire (Marie ou Marilyn, Pilule...), dont l'inévitable harangue appuyée et applaudie(« ce pays d'enculés ») de Fils de France. Délaissant la finesse pour un passage en force, Saez triomphe.
Hugo Cassavetti