DEPUIS QU'ON L'AVAIT VU EN REPETITIONS DE SA PREMIERE VRAIE TOURNEE FRANÇAISE LE MOIS DERNIER, c'est vrai que les dernières réticences de principe concernant Saez en live étaient tombées d'elles-mêmes. Cela étant, on ne s'attendait tout de même pas à « ça ». « Ça », c'est l'élégance, la fulgurance, le doigté et, disons-le tout net, la grâce, avec laquelle Saez aborde la scène. C'est très simple, on a l'impression qu'il est né dessus ! Qu'il est une espèce d'enfant de la balle, qui, ayant observé ses parents pendant des années, sait exactement ce qu'il faut faire, au moment où il faut le faire. Comme s'il s'agissait d'un sixième sens. Or, en ce qui concerne Saez, c'est d'autant plus remarquable, que l'on sait que ce n'est pas le cas qu'il n'est pas une enfant de la balle. Que ce qu'il fait, il l'a passionnément appris et répété, jusqu'à ce que ça deviennes naturel ou que ça donne l'impression de. Il y a là dans un concert de Saez comme une sorte de mise en abîme par rapport à ce qu'est la notion de talent. Et, reconnaissons qu'en le voyant faire ce soir-là à la Maroquinerie, on s'approchait spectaculairement d'une définition générique de cette notion. Partant de là, le reste n'est que factuel : oui, il a joué les titres de son album ; oui « Jours étranges » relooké vaguement indus avec des samples le fait grave ; oui « Jeune et con » est d'ores et déjà devenu un hymne générationnel ; oui, les fantaisies qu'il se permet sur « Rock'n'roll Star » en rappel font déjà de lui un prodigieux entertainer ; oui, les nouveaux titres sont à la hauteur de ce qu'il nous a déjà offerts ; oui, Saez est le Dauphin croisé de Noir Désir, de Brel, de Barbara et de plein d'autres ; oui, c'est du rock ; non, jamais un jeune artiste, avec aussi peu d'expérience, ne nous avait fait une aussi forte impression ; oui, ça ne fait que commencer... Oui, Saez va régner, c'est sûr.
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