Il y a deux ans sortait « J’accuse« , cet album qui avait tant fait parlé de lui à cause de sa jaquette soi-disant provocatrice où l’on voyait une femme nue dans un caddie. Je me souviens à l’époque avoir été plus qu’impatient de la sortie de cet album. Une fois le cd dans mes mains et ma joie d’écouter de nouveaux titres de l’artiste Saez, j’ai découvert un album riche en protestations, je l’ai vraiment adoré. A l’époque, il nous avait promis un triple album à ce J’accuse. C’était donc excitées comme des jeunes filles que nous attendions fermement la moindre annonce des deux autres albums qui viendraient compléter la trilogie. Mais le temps est passé, le groupe a commencé puis fini sa tournée comme il l’avait commencé : sans la moindre annonce des deux derniers albums prenant la suite de J’accuse.

Et puis est venu l’heure du silence. Les fans de l’artiste, dont nous faisons parti avec Ony’, n’y croyaient plus. Certaines personnes allaient même jusqu’à détester l’artiste. Et puis un jour, alors que rien ne laissait présager une telle annonce, nous avons eu l’annonce d’une nouvelle tournée, puis de deux nouveaux albums. L’espoir était reparti. Toute cette frustration que nous avions accumulé pendant tout ce temps s’est envolé.

Messina : L’apogée d’un talent, la dernière pierre sur l’édifice

Premier Disque : Les échoués

Lundi dernier, le premier album intitulé « Messina » est sorti. Après les deux ans de silence de Damien Saez, autant vous dire qu’on a frôlé la crise cardiaque une fois l’album entre les mains. De cet album, nous en attendions beaucoup et c’est donc l’esprit déboussolé et la main tremblante que nous avons inséré le disque dans le lecteur. Et à cet instant précis où les premières paroles de Saez nous sont venus aux oreilles, c’est comme si nous l’avions jamais quitté. Messina, qui est en réalité un triple album, commence donc avec la partition nommé « Les échoués« .

Démarrant très fort avec La fin des mondes, cette chanson qui est certainement la meilleure de tout le triple album tant celle-ci est maitrisée, la suite n’est que la récompense d’une très longue attente. Dedans, on retrouve tout de suite la force de Saez, à savoir des instrumentales énormément travaillées et un univers musical dont seul l’artiste a le secret. Dans « Les échoués« , hormis la performance musicale de La fin des mondes, chanson que je classerais sans hésiter dans le top 5 de ses meilleurs titres, trois titres m’ont particulièrement touchés. En premier, nous avons la « nouvelle » version de Marie. Classique parmi les classiques pour tous les fans de Saez, cette chanson n’était pourtant jamais sorti sur album et c’est avec un plaisir non moins intense qu’on la retrouve auréolée d’une version orchestrale de toute beauté. Cette dernière amélioration n’est d’ailleurs pas sans rappeler les influences musicales d’un certain Jacques Brel. Quand les grands esprits se rencontrent…

Deuxième titre qui m’a touché, drôle de coïncidence me direz-vous, Into the wild. En admiration totale devant le film réalisé par Sean Penn, c’est avec une immense surprise que nous avons découvert que ce titre était un hommage au film éponyme. A y réfléchir de plus près, cela ne me surprend pas du tout vu la façon que Damien a de décrire notre monde. Il aimerait bien, lui aussi, réaliser le parcours de Super vagabond…

Et enfin, puisque je ne cesse de l’écouter depuis des jours, le merveilleux A nos amours qui est pour moi la suite spirituelle du très célèbre J’veux qu’on baise sur ma tombe. Certes, la dernière chanson des « échoués » est très lente et ne plaira pas à tous les publics mais je trouve que cette chanson dégage une beauté exceptionnelle et le piano n’y est pas étranger.

Au final, après avoir écouté à multiples reprises les trois disques composants le nouvel album de Saez, je reste sur mes positions initiales. « Les échoués » est bien le meilleur CD de ce triple album. Cette qualité musicale qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, ces paroles recherchées et intelligentes, ces instrumentales qui vous percutent le coeur et vous transporte dans un autre univers, pas de doute Saez est bien de retour et il nous le prouve de la plus belle des manières.

Deuxième Disque : Sur les quais

Alors que nous reprenions tout doucement nos esprits après la baffe reçue à l’écoute des échoués, il fallait sans plus attendre enchaîner par le deuxième disque de Messina : Sur les quais. Constatant la qualité du disque précédent, nous nous attendions alors à quelque chose d’encore plus grand. Pourtant, une fois le CD terminé, il nous restait comme un arrière-gout dans la bouche. Quelque chose que nous n’arrivions pas à nous enlever de l’esprit. Car ce nouvel album, admettons-le, n’est pas au niveau du premier disque.

La première raison est purement personnelle, après plusieurs écoutes, je n’arrive toujours pas à me faire au style musical des deux titres Je suis un étranger et Planches à roulettes. Certains trouveront peut-être ces deux titres originaux, mais je ne retrouve pas dans ces titres le Damien que je connais. Je suis un étranger, à la première écoute comme à celle d’aujourd’hui, me fait toujours penser à la chanson banale de Yannick Noah qui danse sur scène en slibar et qui veut rallier les gens à sa cause du tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Planches à roulettes quant à lui, pourrait se juger rien qu’avec son titre. Contenant des paroles aussi niaises qu’une chanson de Christophe Maé, je ne doute pas de la bonne volonté de Saez d’avoir voulu créer quelque chose de différent mais tout ça ne colle pas. Tout ça ne prend pas.

La deuxième raison pour laquelle on pourrait penser que Sur les quais est inférieur aux échoués est son orientation musicale. Peut-être est-ce son âge, peut-être est-ce qu’il veut simplement s’ouvrir à d’autres horizons, mais la majorité des chansons de ce deuxième disque lorgnent du coté de la country et nous ne sommes pas forcément adepte du style musical, surtout quand cela vient de Damien Saez. Petite précision qui me rassure, après avoir à nouveau écouté ce deuxième disque dans son intégralité, la plupart des chansons m’ont beaucoup plu et me paraissent beaucoup moins « country ». Alléluia.

Enfin, la troisième (petite) raison qui me fait dire que ce deuxième disque n’a pas bénéficié du même soin que son aîné est le titre Ma petite couturière. Certes, je prends encore énormément de plaisir à l’écouter mais ça me gêne un peu de ré-écouter une chanson que nous connaissons depuis deux ans et qui a été mis en libre téléchargement juste après la sortie de J’accuse. Bref, là n’est pas l’essentiel.

Ce qu’il faut retenir de ce deuxième disque intitulé « Sur les quais » c’est que ce n’est pas le CD qui a été, à mon sens, le plus soigné des trois. Les chansons qui le composent sont de bonnes qualités mais on peut facilement apercevoir la ressemblance entre certains arrangements, ce qui me fait dire que c’est un album de transition. On passera sur les deux chansons où Saez essaie à contre-coeur de nous dire que le monde est beau et on a au final un album de très bonne facture qui aurait simplement mérité un peu plus de travail et surtout d’ENGAGEMENTS. Je veux bien qu’on me dise qu’il n’a pas toujours fait des albums engagés (Paris-Varsovie-L’alhambra), mais durant ces deux ans de silence, il y avait des choses à dire. Et venant d’un écorché vif comme Damien Saez, je suis toujours étonné qu’il n’est pas élevé la voix. Bordel Damien t’as perdu tes couilles ?!

Troisième disque : Messine

Nous voici arrivés à la fin de ce nouvel album Messina avec le troisième et dernier disque intitulé Messine. Si les deux premiers disques pouvaient être regroupés ensembles, celui-ci est un peu différent. En effet, nous ne l’avons pas ressenti comme tel à la première écoute mais ce troisième disque de l’album est un disque très personnel et qui compte beaucoup pour Damien. A l’intérieur, nous retrouvons une thématique différente de ce que l’on pouvait voir avant : la mort. En effet, des dix titres que composent ce disque, deux chansons sont pour Damien l’occasion de saluer une dernière fois des proches qu’il a perdu. En chanson, il leur envoie là-haut un dernier merci. Le résultat est grandiose. Par le passé, nous avions aussi connu un Damien triste. Certaines chansons du triple album Paris-Varsovie-L’alhambra était remplie d’une immense tristesse mais elles étaient magnifiques. Nous voici, avec Messine, dans le cas similaire. De ce dernier disque, il n’y a pas grand chose que l’on pourrait regretter. Les chansons sont maîtrisées, les paroles bien écrites et les deux thèmes très appréciables. Surtout, et c’est l’une des premières fois, nous sentons dans les chansons de Messine que Damien a changé. Qu’il a laissé tombé l’armure et qu’il se livre aux autres. Et je trouve que ce dernier point est une très bonne chose, ces chansons n’en ressortent qu’avec encore plus d’humanité.

Au final, Messine est un très bon disque qui prouve encore une fois que Saez sait manier la musique comme personne. Et qu’au travers des différents hommages qu’il fait à ses amis décédés, c’est également un grand homme.

Messina, et Saez s’approche encore un peu plus des étoiles…

Voilà, il est l’heure de conclure. Après avoir longuement écouté ce triple album de fond en comble, je ressors réjouis de cette nouvelle mouture. Certes, tout n’est pas parfait et il reste encore quelques petits points à corriger, mais Messina est bien l’album que l’on attendait tous. Après deux ans de silence et des mois d’attente avant de pouvoir enfin se délecter de son nouvel album, nous pouvons maintenant affirmer que Saez est un génie. Plus les années passent et plus sa musique frôle la perfection, à un niveau tellement élevé qu’il serait aujourd’hui légitime de dire qu’il est le digne héritier de l’immense Jacques Brel.

Cet album, tout comme son parcours, est rempli d’émotions fortes et de paroles vraies. Messina, ou le portrait d’un homme entier qui vit au travers de ses chansons une magnifique idylle. Ici, là-bas, où qu’il soit, Damien Saez continuera encore longtemps à nous faire rêver avec sa musique qui sonnera en nous comme un air de fraicheur et de liberté. Et pour tout ça, pour toutes les sensations qu’il nous procure, on ne le remerciera jamais assez.

Salut l’artiste !

GALWII

Source : dieandretry.com