Une affiche promotionnelle pour des concerts du chanteur Damien Saez a été refusée par des régies publicitaires et ne sera donc pas visible dans les métros parisiens. On y voit une femme nue, dans un caddie.
Damien Saez victime de censure? Le chanteur, auteur de la chanson "Jeune et con" en 1999, se plaint vendredi dans un communiqué que les régies publicitaires du métro parisien n'aient pas retenu l'affiche de promotion de ses prochains concerts prévus dans la capitale. La raison? Le "caractère dégradant pour l'image de la femme" de la photo. Cette dernière, signée Jean-Baptiste Mondino, montre une femme nue, placée dans un caddie de supermarché. Le visuel est utilisé pour la pochette du nouvel album, intitulé "J'accuse". Logiquement, le label et l'artiste l'ont proposé pour faire la publicité de la tournée.
Dans son communiqué, Damien Saez joint la décision de l’Autorité de régularisation professionnelle de la publicité (ARPP), qui a pour rôle d'émettre des avis pour les principales régies publicitaires (CBS Outdoor, Clear Channel, Decaux et Metrobus). Dans ce texte, l'ARPP justifie sa décision en expliquant que la femme apparait "nue et, qui plus est, dans un chariot de supermarché, donc comme une marchandise". Une image qui va à l'encontre d'une recommandation de l'autorité : "La publicité ne peut, notamment, réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d'objet et, lorsque la publicité utilise la nudité, il convient de veiller à ce que sa représentation ne puisse être considéré comme dégradante".
Une deuxième affiche refusée
Damien Saez et les responsables de sa promotion ont donc tenté de se rattraper en proposant une seconde affiche où la photo incriminée était remplacée par le texte: "La photo initialement prévue pour cette affichage a été interdite dans les couloirs de nos métros". Et, rebelote, cette publicité a été retoquée. Le chanteur dénonce donc dans un texte une atteinte à la "liberté de l'art et (à) la liberté d'expression", s'étonnant que les "publicistes" porte le "drapeau de la nature féminine".
Expliquant qu'il a "honte pour ces gens, honte pour (son) pays, honte pour ce qu'il est devenu, honte pour cette auto-censure que la société s'inflige à chaque fois qu'elle ouvre sa bouche", il parle d'une décision prise par des "petits capos". "Mais quelle est cette douleur qui fait si mal dans les p’tits slips des p’tits capitalistes d’arrêt de bus? Les miroirs feraient-ils donc si peur à ceux qui n’aiment pas leur visage?", s'interroge-t-il enfin dans ce long courrier. Interrogé sur France inter vendredi matin sur cette "affaire", Damien Saez a expliqué qu'elle se règlerait devant les tribunaux.
La régie de la RATP, Métrobus, avait déjà fait parler d'elle en effaçant la pipe de Tati, les volutes de tabac de Gainsbourg et la cigarette de Coco Chanel sur différentes affiches. En novembre dernier, elle avait également refusé une publicité reprenant la une du Courrier international sur lequel était visible le titre "Vu de Madrid: Sarkozy, ce grand malade". Métrobus avait dit respecter la stricte neutralité à laquelle elle est tenue.