Damien Saez est musicalement associé à deux adjectifs qui composent son plus grand succès : Jeune et con. Avec son nouvel album Paris, un artiste nature et mature se révèle. Au fil de dix morceaux acoustiques, il redonne ses lettres de noblesse à la poésie
La beauté se dégage de chaque arrangement, baignant dans une simplicité acoustique sans compromis
Huit ans après son tube Jeune et con, carton à l’époque auprès d’une jeunesse rebelle qui trouvait là un hymne à son image, Damien Saez est de retour, métamorphosé. Deux autres albums (God blesse, 2002, et Debbie, 2004) s’étaient faits plus discrets. Et c’est encore avec cette discrétion qui le caractérise tant, sans grand bruit dans les médias, pour ne pas dire sans promotion, qu’il revient avec un triple album : Varsovie, L’Alhambra et, surtout, Paris. Ils sont présentés ensemble dans un coffret, mais Paris, distribué aussi séparément, se détache du lot.
Si ses frères sont plus épurés, voire bruts dans leur composition, Paris est une véritable pépite. Car il brille par la beauté qui se dégage de chaque arrangement, baignant dans une simplicité acoustique sans compromis. Mais quand la simplicité est synonyme d’authenticité, de pureté et d’une certaine profondeur, cela donne dix morceaux qui s’inscrivent dans les corps et dans les cœurs dès la première écoute.
Autoportrait musical
Huit ans ont donc passé depuis le succès de son tube, mais Damien, loin d’être "jeune et con", a mûri son art. Il n’est pas non plus devenu "vieux et fou" comme il le chantait, il s’est posé, avec sa guitare, a dompté sa rage, mis de côté une certaine forme d’aigreur qui en agaçait plus d’un, pour composer, tout simplement. Caractéristique trop rare aujourd’hui : textes et musique sont entièrement de lui. C’est pourquoi un portrait du jeune homme plus vrai que nature se dessine à l’écoute de Paris : ses colères réfléchies (Jeunesse lève toi), ses peines (Toi tu dis que t’es bien sans moi), ses doutes (Des marées d’écume), ses espoirs (On a pas la thune)…
Ici chaque note fait mouche, chaque corde pincée rythme à la perfection des paroles emplies d’une émotion à fleur de peau. Mais point de mièvrerie, non. Cet album est l’occasion pour l’artiste de se livrer totalement, de se mettre à nu comme s’il se confiait à un ami, en toute sincérité, aux détours de paroles dans lesquelles chacun peut reconnaître un épisode de sa propre vie. Ainsi on se laisse prendre la main dans ce Paris là, et happer par tant de beauté qui fait un bien fou.
Nicolas MANGIN
Source : www.lepetitjournal.com