Soirée résolument alternative hier soir sur la Place de l'Hôtel de Ville. Arrivés au compte-goutte, les Francofous ont finalement fait honneur à la musique délurée de Starving, du Peuple de l'Herbe, de Taga et de Saez.

La première fois que Damien Saez a foulé la scène du village Francolou, c'était en 2000, le Français venait présenter « Jours Etranges », premier album dont la plage d'ouverture est toujours dans les mémoires. « Jeune et con », hymne de toute une génération provoqua d'ailleurs l'émeute du côté des Francofous (et surtout des Francofolles). On voyait alors en Saez un avatar de Noir Désir, destiné à une durée de vie artistique d'un album, peut-être deux au maximum. Seulement voilà, aujourd'hui, le beau Damien, en est à son troisième album, « Debbie ». Et même s'il faut admettre que Saez a perdu l'engouement de la masse, les fans persistent. Le sudiste représente toujours ce gamin triste, déçu par une société qui part en sucette et dont personne ne se préoccupe. Dans ses chansons («Je veux qu'on baise sur ma tombe », « Dans le bleu de l'absinthe »,...), c'est une jeunesse entière qui respire, qui renaît. Cette jeunesse, celle-là même qui précède celle qui écoute aujourd'hui Kyo. Ces jeunes qui voudraient qu'on les écoute, qu'on les comprenne et qu'on les accepte. Car les paroles de Saez ne sont pas dures ni compliquées, mais bourrées d'espoir et de réconfort. Sûrement moins alternatif (et sans doute moins inventif) qu'un Manu Chao, ou que Noir Désir, Damien Saez reste toutefois assez proche de ces deux références dans l'engouement qu'il arrive à soulever. Ses histoires singulières valent visiblement pour beaucoup, et c'est là que leur impact sur une jeunesse à la dérive devient important.

M.F.