Le mal-être en bandoulière, le chanteur Damien Saez frimait gentiment à l’Octogone, mercredi.
Suivre un concert de Damien Saez, c'est assister à un rituel (post)adolescent. Mercredi à l'Octogone de Pully, tous les ingrédients - set acoustique, proximité de l'artiste - étaient réunis pour augmenter encore la ferveur d'une jeunesse qui occupait toutes les places de la salle dans une ambiance de fin de colo. Quand le chanteur de 28 ans débarque sur scène, c'est un jeune homme décontracté, mains dans les poches, qui reçoit avec à peine un sourire en coin les cris de ses fidèles.
Mais cette attitude ne doit pas faire oublier au néophyte que Saez est un artiste tourmenté. Très tourmenté. Pour le prouver, entre deux blagues et quelques cigarettes, il enchaîne des titres aux paroles sans grande cohérence mais où surnagent à chaque fois de grands soucis existentiels, une révolte exacerbée qui, lorsqu'elle ne se dissipe pas dans des amours (forcément) compliquées, s'en prend à la noirceur indélébile d'un monde (forcément) cruel.
Geignard et criard
Au niveau chant, Saez réussit l'exploit d'affecter un ton à la fois geignard et criard. On se situe entre Cantat et Bruel, mais dans un mauvais mélange, même si c'est l'influence Noir Désir qui souffre le plus de la comparaison (sans survaloriser pour autant le groupe bordelais). Pour varier les plaisirs, Damien, qui a l'air toujours plus sympa et bien dans sa peau au fil du concert (même après avoir accepté à regret de tirer sur un joint tendu par l'un de ses admirateurs), ânonne le Famous Blues Raincoat de Leonard Cohen. On se dit que ce «fils de France» ferait bien d'en rester à son Jeune et con.