Le forum SaezLive est définitivement fermé, les archives restent accessibles en lecture seulement.
[quote="Ame Mélancolique"]
Pour ma part je pense qu'il faudrait rendre honneur à un autre philosophe qui tombe un peu trop dans l'oubli, ce qui est dommage, lui à qui Saez rend un si bel hommage, je parle bien sûr de Antonin Artaud le mômo, l'écorché vif, l'incompris, qu'on prenait pour un fou mais qui pourtant était un Humain avec un grand "H".
https://youtu.be/uKvfUJniFOs?t=1893
*****************************
https://www.youtube.com/watch?v=xeGWEfmkgow[/quote]
Allons-y pour l'hommage! J'ai commencé à le lire :), par quoi j'ai commencé? Le recueil: "L'art et la mort", parce-qu'héloise et Abélard bien sûr!
5 textes ( dans l'ordre chronologique du recueil) hallucinants, un théâtre magique :) : 1 "héloise et Abélard", 2 "le clair Abélard" , 3 "l'enclume des forces", 4 "l'automate personnel", 5 "la vitre d'amour"
citations:
1: " Dans sa pensée, je suis l'aiguille qui court et c'est son âme qui accepte l'aiguille et l'admet, et je suis mieux moi, dans mon aiguille que tous les autres dans leur lit, car dans mon lit je roule la pensée et l'aiguille dans les sinuosités de son cocon endormi. Car c'est à elle toujours que j'en reviens à travers le fil de cet amour sans limites, de cet amour universellement répandu. Et il pousse dans mes mains des cratères, il y pousse des dédales de seins, il y pousse des amours explosives que ma vie gagne sur mon sommeil."
2: "Il faut qu'il cède. il ne se tiendra plus. Il cède. Ce bouillonnement mélodique le presse. Son sexe bat: un vent tourmentant murmure, dont le bruit est plus haut que le ciel. Le fleuve roule des cadavres de femmes. Sont-ce Ophélie, Béatrice, Laure? Non, encre, non, vent, non, roseaux, berges, rives, écumes, flocons. Il n'y a plus d'écluse. De son désir Abélard s'est fait une écluse. Au confluent de l'atroce et mélodique poussée. C'est héloise roulée, emportée, à lui _ et qui le veut bien." (…)
"Laisse jaillir cette écume aux profondes et radieuses parois. Les arbres. La végétation d'Attila. Il l'a. Elle l'étouffe. Et chaque page ouvre son archet et s'avance. Ce livre, où l'on retourne la page des cerveaux. Abélard s'est coupé les mains. à cet atroce baiser de papier, quelle symphonie est désormais égale. Héloïse mange du feu. Ouvre une porte. Monte un escalier. On sonne. (…) Le baiser ouvre ses cavernes où vient mourir la mer. Le voilà ce spasme où concourt le ciel, vers lequel une coalition spirituelle déferle."
3. " Cette ville de cavernes et de murs qui projette sur l'abîme absolu des arches pleines et des caves comme des ponts. Que l'on voudrait dans le creux de ces arches, dans l'arcature de ces ponts insérer le creux d'une épaule démesurément grande, d'une épaule où diverge le sang. Et placer son corps en repos et sa tête où fourmillent les rêves, sur le rebord de ces corniches géantes où s'étage le firmament. (…) Moi aussi j'espère le gravier céleste et la plage qui n'a plus de bord. Il faut que ce feu commence à moi. Ce feu et ces langues, et les cavernes de ma gestation."
4. " Elle se déploie comme une sorte d'oiseau sauvage dans des ténèbres qu'elle ramasse autour d'elle, et dont elle se fait une sorte d'épais manteau. L'ondoiement même du manteau est un signe si fort que sa simple palpitation suffit à signifier la sorcière et la nuit où elle se déploie. Cette nuit est en relief et en profondeur, et sur la perspective même qui part de l'œil, s'éparpille un merveilleux jeu de cartes qui est comme en suspension sur une eau. La lumière des profondeurs accroche aux coins des cartes. Et des trèfles en profusion anormale flottent comme des ailes d'insectes noirs. Les bas-fonds ne sont pas assez fixes qu'ils interdisent toute idée de chute. Ils sont comme le premier palier d'une chute idéale dont le tableau lui-même dissimule le fond. il y a un vertige dont le tournoiement a peine à sa dégager des ténèbres, une descente vorace qui s' absorbe dans une sorte de nuit.(…)Cette peinture comme un monde à vif, un monde nu, plein de filaments et de lanières, où la force irritante d'un feu lacère le firmament intérieur, le déchirement de l'intelligence, où l'expansion des forces originelles, où les états qu'on ne peut pas nommer apparaissent dans leur expression la plus pure, la moins suspecte d'alliages réels. C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Le corps de la femme est là. (…) Elle est là comme une muraille de nuit compacte, attirant, déployant la flamme des cartes soufrées."
5. "Il me fallait trouver simplement le moyen de l'atteindre directement, c'est -à-dire avant tout de lui parler. Tout d'un coup la fenêtre s'ouvrit. Je vis dans ma chambre un immense jeu de dames sur lequel tombaient les reflets d'une multitudes de lampes invisibles. Des têtes sans corps faisaient des rondes, se heurtaient, tombaient comme des quilles. Il y avait un immense cheval de bois, une reine de morphine, une tour d'amour , un siècle à venir. Les mains d'Hoffman poussaient les pions, et chaque pion disait: ne la cherche pas là. (…) Hoffman me dit:
venons-en au fait.
Et moi: -je ne sais pas comment m'aboucher avec elle, je n'ose pas.
-Mais tu n'as même pas à oser, rétorqua Lewis. Tu l'obtiendras transversalement.
- Transversalement, mais à quoi? répliquai-je. Car pour l' instant c'est elle qui me traverse.
Mais puisqu'on te dit que l'amour est oblique, que la vie est oblique, que la pensée est oblique, et que tout est oblique.
(…) Et ce fut le pont de la grande nuit. La lune remonta dans le ciel, hoffman se terra dans sa cave, tous les restaurateurs recouvrèrent leur place, il n'y eut plus que l'amour: héloise au manteau, Abélard à la tiare, Cléopâtre à l'aspic, toutes les langues de l'ombre, toutes les étoiles de la folie. Ce fut l'amour comme une mer, comme le péché, comme la vie, comme la mort. L'amour sous les arcades, l'amour au bassin, l'amour dans un lit, l'amour comme le lierre, l'amour comme un mascaret. L'amour aussi grand que les contes."
Pour ma part je pense qu'il faudrait rendre honneur à un autre philosophe qui tombe un peu trop dans l'oubli, ce qui est dommage, lui à qui Saez rend un si bel hommage, je parle bien sûr de Antonin Artaud le mômo, l'écorché vif, l'incompris, qu'on prenait pour un fou mais qui pourtant était un Humain avec un grand "H".
https://youtu.be/uKvfUJniFOs?t=1893
*****************************
https://www.youtube.com/watch?v=xeGWEfmkgow
Allons-y pour l'hommage! J'ai commencé à le lire , par quoi j'ai commencé? Le recueil: "L'art et la mort", parce-qu'héloise et Abélard bien sûr!
5 textes ( dans l'ordre chronologique du recueil) hallucinants, un théâtre magique : 1 "héloise et Abélard", 2 "le clair Abélard" , 3 "l'enclume des forces", 4 "l'automate personnel", 5 "la vitre d'amour"
citations:
1: " Dans sa pensée, je suis l'aiguille qui court et c'est son âme qui accepte l'aiguille et l'admet, et je suis mieux moi, dans mon aiguille que tous les autres dans leur lit, car dans mon lit je roule la pensée et l'aiguille dans les sinuosités de son cocon endormi. Car c'est à elle toujours que j'en reviens à travers le fil de cet amour sans limites, de cet amour universellement répandu. Et il pousse dans mes mains des cratères, il y pousse des dédales de seins, il y pousse des amours explosives que ma vie gagne sur mon sommeil."
2: "Il faut qu'il cède. il ne se tiendra plus. Il cède. Ce bouillonnement mélodique le presse. Son sexe bat: un vent tourmentant murmure, dont le bruit est plus haut que le ciel. Le fleuve roule des cadavres de femmes. Sont-ce Ophélie, Béatrice, Laure? Non, encre, non, vent, non, roseaux, berges, rives, écumes, flocons. Il n'y a plus d'écluse. De son désir Abélard s'est fait une écluse. Au confluent de l'atroce et mélodique poussée. C'est héloise roulée, emportée, à lui _ et qui le veut bien." (…)
"Laisse jaillir cette écume aux profondes et radieuses parois. Les arbres. La végétation d'Attila. Il l'a. Elle l'étouffe. Et chaque page ouvre son archet et s'avance. Ce livre, où l'on retourne la page des cerveaux. Abélard s'est coupé les mains. à cet atroce baiser de papier, quelle symphonie est désormais égale. Héloïse mange du feu. Ouvre une porte. Monte un escalier. On sonne. (…) Le baiser ouvre ses cavernes où vient mourir la mer. Le voilà ce spasme où concourt le ciel, vers lequel une coalition spirituelle déferle."
3. " Cette ville de cavernes et de murs qui projette sur l'abîme absolu des arches pleines et des caves comme des ponts. Que l'on voudrait dans le creux de ces arches, dans l'arcature de ces ponts insérer le creux d'une épaule démesurément grande, d'une épaule où diverge le sang. Et placer son corps en repos et sa tête où fourmillent les rêves, sur le rebord de ces corniches géantes où s'étage le firmament. (…) Moi aussi j'espère le gravier céleste et la plage qui n'a plus de bord. Il faut que ce feu commence à moi. Ce feu et ces langues, et les cavernes de ma gestation."
4. " Elle se déploie comme une sorte d'oiseau sauvage dans des ténèbres qu'elle ramasse autour d'elle, et dont elle se fait une sorte d'épais manteau. L'ondoiement même du manteau est un signe si fort que sa simple palpitation suffit à signifier la sorcière et la nuit où elle se déploie. Cette nuit est en relief et en profondeur, et sur la perspective même qui part de l'œil, s'éparpille un merveilleux jeu de cartes qui est comme en suspension sur une eau. La lumière des profondeurs accroche aux coins des cartes. Et des trèfles en profusion anormale flottent comme des ailes d'insectes noirs. Les bas-fonds ne sont pas assez fixes qu'ils interdisent toute idée de chute. Ils sont comme le premier palier d'une chute idéale dont le tableau lui-même dissimule le fond. il y a un vertige dont le tournoiement a peine à sa dégager des ténèbres, une descente vorace qui s' absorbe dans une sorte de nuit.(…)Cette peinture comme un monde à vif, un monde nu, plein de filaments et de lanières, où la force irritante d'un feu lacère le firmament intérieur, le déchirement de l'intelligence, où l'expansion des forces originelles, où les états qu'on ne peut pas nommer apparaissent dans leur expression la plus pure, la moins suspecte d'alliages réels. C'est la vie soufrée de la conscience qui remonte au jour avec ses lumignons et ses étoiles, ses tanières, son firmament, avec la vivacité d'un pur désir, avec son appel à une mort constante avoisinant la membrane de la résurrection. Le corps de la femme est là. (…) Elle est là comme une muraille de nuit compacte, attirant, déployant la flamme des cartes soufrées."
5. "Il me fallait trouver simplement le moyen de l'atteindre directement, c'est -à-dire avant tout de lui parler. Tout d'un coup la fenêtre s'ouvrit. Je vis dans ma chambre un immense jeu de dames sur lequel tombaient les reflets d'une multitudes de lampes invisibles. Des têtes sans corps faisaient des rondes, se heurtaient, tombaient comme des quilles. Il y avait un immense cheval de bois, une reine de morphine, une tour d'amour , un siècle à venir. Les mains d'Hoffman poussaient les pions, et chaque pion disait: ne la cherche pas là. (…) Hoffman me dit:
venons-en au fait.
Et moi: -je ne sais pas comment m'aboucher avec elle, je n'ose pas.
-Mais tu n'as même pas à oser, rétorqua Lewis. Tu l'obtiendras transversalement.
- Transversalement, mais à quoi? répliquai-je. Car pour l' instant c'est elle qui me traverse.
Mais puisqu'on te dit que l'amour est oblique, que la vie est oblique, que la pensée est oblique, et que tout est oblique.
(…) Et ce fut le pont de la grande nuit. La lune remonta dans le ciel, hoffman se terra dans sa cave, tous les restaurateurs recouvrèrent leur place, il n'y eut plus que l'amour: héloise au manteau, Abélard à la tiare, Cléopâtre à l'aspic, toutes les langues de l'ombre, toutes les étoiles de la folie. Ce fut l'amour comme une mer, comme le péché, comme la vie, comme la mort. L'amour sous les arcades, l'amour au bassin, l'amour dans un lit, l'amour comme le lierre, l'amour comme un mascaret. L'amour aussi grand que les contes."
Message déplacé depuis la discussion : Votre compil en 15 titres.
Dans cette conférence de 1947 écrite par Artaud, on apprend aussi pas mal de choses sur lui, son histoire, son internement et sa vision du monde et de la société.
https://www.youtube.com/watch?v=OO-pI6LxSqM
https://www.youtube.com/watch?v=OO-pI6LxSqM
Message déplacé depuis la discussion : Votre compil en 15 titres.
https://www.youtube.com/watch?v=D5zYTcq5kcM
Message déplacé depuis la discussion : Votre compil en 15 titres.
Dans ce long entretien, ils ont même passé "Les Fils d'Artaud" de Saez, c'est juste dommage qu'il n'y ait pas eu de commentaire sur la chanson et sur le texte ça aurait été intéressant, surtout venant d'une spécialiste d'Artaud.
https://youtu.be/ha78YKOVzas?t=7071
"Il se sera perdu le navire archaïque
Aux mers où baigneront mes rêves éperdus,
Et ses immenses mâts se seront confondus
Dans les brouillards d’un ciel de Bible et de Cantiques.
Et ce ne sera pas la Grecque bucolique
Qui doucement jouera parmi les arbres nus ;
Et le Navire Saint n’aura jamais vendu
La très rare denrée aux pays exotiques.
Il ne sait pas les feux des havres de la terre,
Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire
Il sépare les flots glorieux de l’Infini.
Le bout de son beaupré plonge dans le mystère ;
Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
L’Argent mystique et pur de l’étoile polaire."
Le Navire Mystique
"Ces narines d’os et de peau
par où commencent les ténèbres
de l’absolu, et la peinture de ces lèvres
que tu fermes comme un rideau
Et cet or que te glisse en rêve
la vie qui te dépouille d’os,
et les fleurs de ce regard faux
par où tu rejoins la lumière
Momie, et ces mains de fuseaux
pour te retourner les entrailles,
ces mains où l’ombre épouvantable
prend la figure d’un oiseau
Tout cela dont s’orne la mort
comme d’un rite aléatoire,
ce papotage d’ombres, et l’or
où nagent tes entrailles noires
C’est par là que je te rejoins,
par la route calcinée des veines,
et ton or est comme ma peine
le pire et le plus sûr témoin."
Invocation à la Momie (1926)
"J’ai parlé tout à l’heure de danger. Or ce qui me paraît devoir le mieux réaliser à la scène cette idée de danger est l’imprévu objectif, l’imprévu non dans les situations mais dans les choses, le passage intempestif, brusque, d’une image pensée à une image vraie ; et par exemple qu’un homme qui blasphème voie se matérialiser brusquement devant lui en traits réels l’image de son blasphème (à condition toutefois, ajouterai-je, que cette image ne soit pas entièrement gratuite, qu’elle donne naissance à son tour à d’autres images de la même veine spirituelle, etc.).
Un autre exemple serait l’apparition d’un Être inventé, fait de bois et d’étoffe, créé de toutes pièces, ne répondant à rien, et cependant inquiétant par nature, capable de réintroduire sur la scène un petit souffle de cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien.
Les Balinais avec leur dragon inventé, comme tous les Orientaux, n’ont pas perdu le sens de cette peur mystérieuse dont ils savent qu’elle est un des éléments les plus agissants (et d’ailleurs essentiel) du théâtre, quand on le remet à son véritable plan.
C’est que la vraie poésie, qu’on la veuille ou non, est métaphysique et c’est même, dirai-je, sa portée métaphysique, son degré d’efficacité métaphysique qui en fait tout le véritable prix."
Extrait du théâtre et son double
[quote="Sémiramis"]"J’ai parlé tout à l’heure de danger. Or ce qui me paraît devoir le mieux réaliser à la scène cette idée de danger est l’imprévu objectif, l’imprévu non dans les situations mais dans les choses, le passage intempestif, brusque, d’une image pensée à une image vraie ; et par exemple qu’un homme qui blasphème voie se matérialiser brusquement devant lui en traits réels l’image de son blasphème (à condition toutefois, ajouterai-je, que cette image ne soit pas entièrement gratuite, qu’elle donne naissance à son tour à d’autres images de la même veine spirituelle, etc.).
Un autre exemple serait l’apparition d’un Être inventé, fait de bois et d’étoffe, créé de toutes pièces, ne répondant à rien, et cependant inquiétant par nature, capable de réintroduire sur la scène un petit souffle de cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien.
Les Balinais avec leur dragon inventé, comme tous les Orientaux, n’ont pas perdu le sens de cette peur mystérieuse dont ils savent qu’elle est un des éléments les plus agissants (et d’ailleurs essentiel) du théâtre, quand on le remet à son véritable plan.
C’est que la vraie poésie, qu’on la veuille ou non, est métaphysique et c’est même, dirai-je, sa portée métaphysique, son degré d’efficacité métaphysique qui en fait tout le véritable prix."
Extrait du théâtre et son double[/quote] lo
Merci pour l'extrait ça donne envie d'approfondir son œuvre.
"J’ai parlé tout à l’heure de danger. Or ce qui me paraît devoir le mieux réaliser à la scène cette idée de danger est l’imprévu objectif, l’imprévu non dans les situations mais dans les choses, le passage intempestif, brusque, d’une image pensée à une image vraie ; et par exemple qu’un homme qui blasphème voie se matérialiser brusquement devant lui en traits réels l’image de son blasphème (à condition toutefois, ajouterai-je, que cette image ne soit pas entièrement gratuite, qu’elle donne naissance à son tour à d’autres images de la même veine spirituelle, etc.).lo
Un autre exemple serait l’apparition d’un Être inventé, fait de bois et d’étoffe, créé de toutes pièces, ne répondant à rien, et cependant inquiétant par nature, capable de réintroduire sur la scène un petit souffle de cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien.
Les Balinais avec leur dragon inventé, comme tous les Orientaux, n’ont pas perdu le sens de cette peur mystérieuse dont ils savent qu’elle est un des éléments les plus agissants (et d’ailleurs essentiel) du théâtre, quand on le remet à son véritable plan.
C’est que la vraie poésie, qu’on la veuille ou non, est métaphysique et c’est même, dirai-je, sa portée métaphysique, son degré d’efficacité métaphysique qui en fait tout le véritable prix."
Extrait du théâtre et son double
Merci pour l'extrait ça donne envie d'approfondir son œuvre.
Mais de rien ;)
Une de ses phrases que j'aime particulièrement : "La vérité est qu'il y a dans le Monde de formidables mystères, que le Monde n'est pas ce que l'on croit, ni surtout tel que le voient ceux qui disent qu'ils ne croient qu'à ce qu'ils voient."
[quote="Sémiramis"]Mais de rien ;)
Une de ses phrases que j'aime particulièrement : "La vérité est qu'il y a dans le Monde de formidables mystères, que le Monde n'est pas ce que l'on croit, ni surtout tel que le voient ceux qui disent qu'ils ne croient qu'à ce qu'ils voient."[/quote]
Exactement.
« Est-ce que nous voyons la cent
millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le
vent, qui est la plus grande force de la nature, qui
renverse les hommes, abat les édifices, déracine les
arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit
les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le
vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, –
l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe pourtant"
pourtant. » - Maupassant, le Horla.
Mais de rien
Une de ses phrases que j'aime particulièrement : "La vérité est qu'il y a dans le Monde de formidables mystères, que le Monde n'est pas ce que l'on croit, ni surtout tel que le voient ceux qui disent qu'ils ne croient qu'à ce qu'ils voient."
Exactement.
« Est-ce que nous voyons la cent
millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le
vent, qui est la plus grande force de la nature, qui
renverse les hommes, abat les édifices, déracine les
arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit
les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le
vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, –
l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe pourtant"
pourtant. » - Maupassant, le Horla.
[quote="Ame Mélancolique"]
Exactement.
« Est-ce que nous voyons la cent
millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le
vent, qui est la plus grande force de la nature, qui
renverse les hommes, abat les édifices, déracine les
arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit
les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le
vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, –
l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe pourtant"
pourtant. » - Maupassant, le Horla.[/quote]
:) et comme le dit Proust :
"La vérité n'a pas besoin d'être dite pour être manifestée, et qu'on peut peut-être la recueillir plus sûrement, sans attendre les paroles et sans tenir même aucun compte d'elles, dans mille signes extérieurs, même dans certains phénomènes invisibles."
Tiens pour en revenir à Artaud, je n'avais jamais fait attention qu'il jouait dans l'Opéra de quat'sous de Pabst : https://youtu.be/GA5T9s0YmSI?t=2465
Exactement.
« Est-ce que nous voyons la cent
millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le
vent, qui est la plus grande force de la nature, qui
renverse les hommes, abat les édifices, déracine les
arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit
les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le
vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, –
l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe pourtant"
pourtant. » - Maupassant, le Horla.
et comme le dit Proust :
"La vérité n'a pas besoin d'être dite pour être manifestée, et qu'on peut peut-être la recueillir plus sûrement, sans attendre les paroles et sans tenir même aucun compte d'elles, dans mille signes extérieurs, même dans certains phénomènes invisibles."
Tiens pour en revenir à Artaud, je n'avais jamais fait attention qu'il jouait dans l'Opéra de quat'sous de Pabst : https://youtu.be/GA5T9s0YmSI?t=2465
[quote="Sémiramis"]
Tiens pour en revenir à Artaud, je n'avais jamais fait attention qu'il jouait dans l'Opéra de quat'sous de Pabst : https://youtu.be/GA5T9s0YmSI?t=2465[/quote]
Je ne connaissais pas du tout ce film et ce passage d'Artaud, c'est la première fois que je vois un film dans lequel il joue qui n'est pas du cinéma muet. Est-ce les voix originales ?
Même si on reconnaît quand même bien sa voix, quoique différente de celles de ces enregistrement radio (pour en finir avec le jugement de Dieu, les médecins et les malades, etc), mais il faut dire qu'il y'a eu beaucoup d'années entre deux, et le tout séparé par les années de supplice des Quatre-Mares, de Rodez etc,
Tentatives d'empoisonnement, électrochocs à gogo, manque de nourriture, maladie, pertes total de ses dents,
Au final c'était un Artaud extrêmement fragilisé qu'on retrouve en 1946.
S'il en est un qui a vraiment souffert, à un degré extrême, c'est lui.
Tiens pour en revenir à Artaud, je n'avais jamais fait attention qu'il jouait dans l'Opéra de quat'sous de Pabst : https://youtu.be/GA5T9s0YmSI?t=2465
Je ne connaissais pas du tout ce film et ce passage d'Artaud, c'est la première fois que je vois un film dans lequel il joue qui n'est pas du cinéma muet. Est-ce les voix originales ?
Même si on reconnaît quand même bien sa voix, quoique différente de celles de ces enregistrement radio (pour en finir avec le jugement de Dieu, les médecins et les malades, etc), mais il faut dire qu'il y'a eu beaucoup d'années entre deux, et le tout séparé par les années de supplice des Quatre-Mares, de Rodez etc,
Tentatives d'empoisonnement, électrochocs à gogo, manque de nourriture, maladie, pertes total de ses dents,
Au final c'était un Artaud extrêmement fragilisé qu'on retrouve en 1946.
S'il en est un qui a vraiment souffert, à un degré extrême, c'est lui.
Oui le film à été tourné deux fois : une version française et une allemande. Là c'est la version française, je présume donc que c'est sa voix.
C'est un classique du cinéma allemand des années 30 ;)
Je regrettes une chose, c'est qu'ils ne lui ont jamais donné un rôle principal, il a toujours eu des rôles secondaires et même très secondaires alors que c'est clairement un bon acteur.
A la rigueur y'a Napoléon de 1927 où il joue un rôle un peu plus important en incarnant le personnage de Marat.
Mais là encore son apparition est très brève, c'est plus le symbolique du personnage qu'autre chose.
Apparition à partir de 35 minute 40 sur le bateau :
[URL=https://www.casimages.com/i/190523123334431444.png.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/05/23/190523123334431444.png[/IMG][/URL]
Scène de son assasinat vers la 48ème minute :
[URL=https://www.casimages.com/i/190523123334180455.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/05/23/190523123334180455.jpg[/IMG][/URL]
Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x3sbmpb
https://www.dailymotion.com/video/x3sbmpb
[quote="Ame Mélancolique"]Je regrettes une chose, c'est qu'ils ne lui ont jamais donné un rôle principal, il a toujours eu des rôles secondaires et même très secondaires alors que c'est clairement un bon acteur.[/quote]
Peut-être que si il avait eu un premier rôle il n'aurait pas écrit les textes qu'il a écrit, trop monopolisé par sa célébrité, il n'aurait pas eu le même vécu - tout est lié. Ce n'est donc pas forcément regrettable.
Je regrettes une chose, c'est qu'ils ne lui ont jamais donné un rôle principal, il a toujours eu des rôles secondaires et même très secondaires alors que c'est clairement un bon acteur.
Peut-être que si il avait eu un premier rôle il n'aurait pas écrit les textes qu'il a écrit, trop monopolisé par sa célébrité, il n'aurait pas eu le même vécu - tout est lié. Ce n'est donc pas forcément regrettable.
[quote="Sémiramis"]
Peut-être que si il avait eu un premier rôle il n'aurait pas écrit les textes qu'il a écrit, trop monopolisé par sa célébrité, il n'aurait pas eu le même vécu - tout est lié. Ce n'est donc pas forcément regrettable.[/quote]
Oui c'est vrai aussi, finalement s'il n'avait, pas eu le même vécu son oeuvre aurait été différente.
Je pense qu'il n'aurait jamais accepté d'être une célébrité de cinéma, mais ça aurait quand même influencé sa carrière indirectement, car il n'aurait plu eu le temps de se consacrer à l'écriture.
Peut-être que si il avait eu un premier rôle il n'aurait pas écrit les textes qu'il a écrit, trop monopolisé par sa célébrité, il n'aurait pas eu le même vécu - tout est lié. Ce n'est donc pas forcément regrettable.
Oui c'est vrai aussi, finalement s'il n'avait, pas eu le même vécu son oeuvre aurait été différente.
Je pense qu'il n'aurait jamais accepté d'être une célébrité de cinéma, mais ça aurait quand même influencé sa carrière indirectement, car il n'aurait plu eu le temps de se consacrer à l'écriture.
[quote="Ame Mélancolique"]
Oui c'est vrai aussi, finalement s'il n'avait, pas eu le même vécu son oeuvre aurait été différente.
Je pense qu'il n'aurait jamais accepté d'être une célébrité de cinéma, mais ça aurait quand même influencé sa carrière indirectement, car il n'aurait plu eu le temps de se consacrer à l'écriture.[/quote]
Tout à fait :)
Un autre extrait du théâtre et son double :
"Il arrive que dans le grésillement d’un feu d’artifice, à travers le bombardement nocturne des étoiles, des fusées, des bombes solaires, nous voyions tout à coup se révéler à nos yeux dans une lumière d’hallucination, venus en relief sur la nuit, certains détails du paysage : arbres, tours, montagnes, maisons, dont l’éclairage et dont l’apparition demeureront définitivement liés dans notre esprit avec l’idée de ce déchirement sonore ; il n’est pas possible de mieux exprimer cette soumission des aspects divers du paysage au feu manifesté dans le ciel, qu’en disant que bien qu’ils possèdent leur lumière propre, ils demeurent malgré tout en relation avec lui, comme des sortes d’échos ralentis, comme de vivants points de repère nés de lui et placés là pour lui permettre d’exercer toute sa force de destruction."
Oui c'est vrai aussi, finalement s'il n'avait, pas eu le même vécu son oeuvre aurait été différente.
Je pense qu'il n'aurait jamais accepté d'être une célébrité de cinéma, mais ça aurait quand même influencé sa carrière indirectement, car il n'aurait plu eu le temps de se consacrer à l'écriture.
Tout à fait
Un autre extrait du théâtre et son double :
"Il arrive que dans le grésillement d’un feu d’artifice, à travers le bombardement nocturne des étoiles, des fusées, des bombes solaires, nous voyions tout à coup se révéler à nos yeux dans une lumière d’hallucination, venus en relief sur la nuit, certains détails du paysage : arbres, tours, montagnes, maisons, dont l’éclairage et dont l’apparition demeureront définitivement liés dans notre esprit avec l’idée de ce déchirement sonore ; il n’est pas possible de mieux exprimer cette soumission des aspects divers du paysage au feu manifesté dans le ciel, qu’en disant que bien qu’ils possèdent leur lumière propre, ils demeurent malgré tout en relation avec lui, comme des sortes d’échos ralentis, comme de vivants points de repère nés de lui et placés là pour lui permettre d’exercer toute sa force de destruction."
Exemple de représentation d'un théâtre balinais, théâtre dont a beaucoup parlé Artaud dans son ouvrage "Le théâtre et son double".
https://www.youtube.com/watch?v=HWUoZ6OvfCQ
En voyant cette séquence on peut penser à ce passage de son livre :
"Un autre exemple serait l’apparition d’un Être inventé, fait de bois et d’étoffe, créé de toutes pièces, ne répondant à rien, et cependant inquiétant par nature, capable de réintroduire sur la scène un petit souffle de cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien."
https://www.youtube.com/watch?v=dMAtWEK2wIU
https://www.youtube.com/watch?v=HWUoZ6OvfCQ
En voyant cette séquence on peut penser à ce passage de son livre :
"Un autre exemple serait l’apparition d’un Être inventé, fait de bois et d’étoffe, créé de toutes pièces, ne répondant à rien, et cependant inquiétant par nature, capable de réintroduire sur la scène un petit souffle de cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien."
https://www.youtube.com/watch?v=dMAtWEK2wIU
[quote="Ame Mélancolique"]Un film sur Artaud
https://www.youtube.com/watch?v=fPtpHw1gJ_Y[/quote]
Merci, je ne connaissais pas
Un film sur Artaud
https://www.youtube.com/watch?v=fPtpHw1gJ_Y
Merci, je ne connaissais pas
J'avais vu récemment que Onfray avait écrit un livre sur Artaud et les Tarahumaras en se rendant lui aussi dans ce lieu si reculé et si particulier.
https://www.facebook.com/michelonfray/videos/doucumentaire-michel-onfray-au-mexique-2/2066780203539897/
https://michelonfray.com/conferences/voyage-au-mexique-dans-les-pas-d-antonin-artaud-?autoplay=true&mode=video
[URL=https://www.casimages.com/i/190616014134246890.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/06/16/190616014134246890.jpg[/IMG][/URL]
[quote="Ame Mélancolique"]J'avais vu récemment que Onfray avait écrit un livre sur Artaud et les Tarahumaras en se rendant lui aussi dans ce lieu si reculé et si particulier.
https://www.facebook.com/michelonfray/videos/doucumentaire-michel-onfray-au-mexique-2/2066780203539897/
https://michelonfray.com/conferences/voyage-au-mexique-dans-les-pas-d-antonin-artaud-?autoplay=true&mode=video
[URL=https://www.casimages.com/i/190616014134246890.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/06/16/190616014134246890.jpg[/IMG][/URL][/quote]
<3
Excellent. A quoi onfray ne s'est t-il pas intéressé?! Mettons le résumé du livre de " la pensée qui prend feu":
"Comme il l'avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises, Michel Onfray a suivi les traces d'Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, « ethnologue halluciné », Artaud cherche au Mexique - et dans le peyotl - un remède à l'inéluctable décadence de l'Occident et de l'Orient civilisés (en même temps qu'à ses propres souffrances). Mais en vérité c'est en poète et non en scientifique qu'il voit le monde et transporte son corps, supplicié par une syphilis congénitale dont son père était frappé lui aussi. On sait assez peu de choses sur les conditions concrètes du voyage d'Artaud, devenu légendaire. Ce qui intéresse Michel Onfray, c'est de comprendre pourquoi cet esprit libre et souffrant s'intéresse au Popol-Vuh à une époque où seul Le Capital et Freud captivent l'intelligentsia. Artaud, en 1936, veut dépasser le marxisme et le surréalisme : « Je suis venu au Mexique chercher une nouvelle idée de l'homme ». Artaud qui rêvait de trouver dans les rites précolombiens un moyen de rédemption, est rentré chez lui les mains vides et le coeur brûlé au spectacle d'une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité. Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et l'électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition - comme tant d'autres peuples « premiers » décimés par les conquêtes coloniales et religieuses. On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice : marcher sur les pas des grands réfractaires (Nietzsche, Segalen, Gauguin, Artaud - artistes, poètes, écrivains, philosophes), dans les lieux de leurs visions fondamentales et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations. L'Occident chrétien, dit-il, a commencé par détruire les autres civilisations avant de s'auto-consumer. Nous pouvons contempler les traces de ses crimes, et nous sommes en train d'assister à sa propre fin."
Les tambours indiens montrent le chemin! :)
Pour sûr les tahamuras d'Artaud a constitué la trame lexicale de certaines chansons saeziennes, nul doute que les tahamuras d'Artaud fait partie de ses livres de chevets! Citation :) : « La culture rationaliste de l’Europe a fait faillite et je suis venu sur la terre du Mexique chercher les bases d’une culture magique qui peut encore jaillir des forces du sol indien ».
http://zone-critique.com/2015/07/28/artaud-voyage-au-pays-des-tarahumaras/
J'avais vu récemment que Onfray avait écrit un livre sur Artaud et les Tarahumaras en se rendant lui aussi dans ce lieu si reculé et si particulier.
https://www.facebook.com/michelonfray/videos/doucumentaire-michel-onfray-au-mexique-2/2066780203539897/
https://michelonfray.com/conferences/voyage-au-mexique-dans-les-pas-d-antonin-artaud-?autoplay=true&mode=video
<3
Excellent. A quoi onfray ne s'est t-il pas intéressé?! Mettons le résumé du livre de " la pensée qui prend feu":
"Comme il l'avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises, Michel Onfray a suivi les traces d'Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, « ethnologue halluciné », Artaud cherche au Mexique - et dans le peyotl - un remède à l'inéluctable décadence de l'Occident et de l'Orient civilisés (en même temps qu'à ses propres souffrances). Mais en vérité c'est en poète et non en scientifique qu'il voit le monde et transporte son corps, supplicié par une syphilis congénitale dont son père était frappé lui aussi. On sait assez peu de choses sur les conditions concrètes du voyage d'Artaud, devenu légendaire. Ce qui intéresse Michel Onfray, c'est de comprendre pourquoi cet esprit libre et souffrant s'intéresse au Popol-Vuh à une époque où seul Le Capital et Freud captivent l'intelligentsia. Artaud, en 1936, veut dépasser le marxisme et le surréalisme : « Je suis venu au Mexique chercher une nouvelle idée de l'homme ». Artaud qui rêvait de trouver dans les rites précolombiens un moyen de rédemption, est rentré chez lui les mains vides et le coeur brûlé au spectacle d'une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité. Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et l'électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition - comme tant d'autres peuples « premiers » décimés par les conquêtes coloniales et religieuses. On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice : marcher sur les pas des grands réfractaires (Nietzsche, Segalen, Gauguin, Artaud - artistes, poètes, écrivains, philosophes), dans les lieux de leurs visions fondamentales et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations. L'Occident chrétien, dit-il, a commencé par détruire les autres civilisations avant de s'auto-consumer. Nous pouvons contempler les traces de ses crimes, et nous sommes en train d'assister à sa propre fin."
Les tambours indiens montrent le chemin!
Pour sûr les tahamuras d'Artaud a constitué la trame lexicale de certaines chansons saeziennes, nul doute que les tahamuras d'Artaud fait partie de ses livres de chevets! Citation : « La culture rationaliste de l’Europe a fait faillite et je suis venu sur la terre du Mexique chercher les bases d’une culture magique qui peut encore jaillir des forces du sol indien ».
http://zone-critique.com/2015/07/28/artaud-voyage-au-pays-des-tarahumaras/
ça me fait penser à Voici la mort : Voir : https://www.saezlive.net/topics/view/5306/votre-interpretation-voici-la-mort
Pour le coup, si l'on considère que le fait de sucer des cactus fait référence au voyage d'Artaud au mexique.
SAEZ arrive bien avant Onfray en termes de timing, d'autant que le bouquin date de l'année dernière.
En tout cas, cela peut être un ouvrage pour creuser le sujet je pense.
ah cool, de lien en lien on creuse toujours un peu plus les textes de Saez :)
prochaine lecture, les Tarahumaras de Artaud (le livre d'Onfray peut-être pas parce que ma liste est déjà trop longue)
Un magnifique poème-hommage à Antonin Artaud écrit et interprété par Henri Pichette
On y retrouve la "boulacrie" cette façon de faire sortir la voix des entrailles, des profondeur de l'être
dont parlait Artaud
Et à travers cette nouvelle vision du souffle
Il pensait que l'on pouvait changer la structure du corps de l'être humain
Petit à petit, dans les siècles à venir
C'est aussi ce qu'on peut appeler communément parler avec les tripes / cracher ses tripes :
https://youtu.be/4HYo5SmxkiU?t=10